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JE PARS À LA DÉCOUVERTE

Les villages de l’arrière-pays basque

Le Labourd, moins couru que le littoral, offre une authenticité qu’il défend farouchement.

Le Pays basque en territoire français se divise en trois anciennes provinces : le Labourd (capitale Bayonne), la Basse-Navarre (capitale Saint-Jean-Pied-de-Port) et La Soule (capitale Mauléon). Bien que n’étant pas reconnues officiellement par l’administration hexagonale, elles sont couramment mentionnées par les habitants encore aujourd’hui. Plus peut-être que dans d’autres régions françaises, dont les idiomes d’origine disparaissent peu à peu, la langue basque est particulièrement utilisée dans les provinces du Labourd et de la Soule. On se perd en conjectures pour définir son origine pouvant être, selon les versions, finno-ougrienne, sibérienne ou indo-européenne (on lui a même trouvé une origine africaine), mais une chose est sûre : nul peuple au monde, hormis les Basques, ne la parlent.

Le nectar des montagnes
(Photographie en Une © Pierre Carton)
La vigne avait quasiment disparu du Pays basque à la suite de l’épidémie de phylloxera qui avait, d’ailleurs, décimé la plus grande partie du vignoble français. Les vignes plantées au 11ème siècle par les moines de Roncevaux ne firent pas exception. Il fallut attendre 1952 pour que les vignobles d’Irouleguy à environ 40km de Bayonne, proche du village de Saint-Etienne-de-Baïgorry, furent plantés par une coopérative déterminée à exploiter à long terme les terrasses aménagées à flanc de montagne. Pour la petite histoire, il semblerait que les exploitants firent appel à la technologie de vignerons valaisans. Sur 230 hectares, les vignes séculaires propres au nord du Pays basque ont dès lors repris leur place d’origine avec leur cru vedette qu’est le madiran et bien d’autres assemblages de cépages,  tels le tannat, le courbu ou le manseng.

Par monts et par vaux
Au détour des lacets des petites routes campagnardes ou montagnardes, un chapelet de villages bucoliques portant les noms d’Ascain, Ainhoa, Osses, Saint-Pée-sur-Nivelle, Cambo-les-Bains ou Espelette (là où les piments rouges sont accrochés aux murs blancs, comme disait Jacques Prévert) sont d’excellents exemples du patrimoine local qui, au fil des ans, ont su résister aux appétits immobiliers. Les maisons sont des merveilles d’encorbellements (peints au sang de bœuf), de rosaces et d’entrelacs. Sur les balcons en fer forgé on trouve fréquemment le motif de la croix basque appelée lauburu. L’église en pierre de taille d’Ainhoa est remarquable par son monumental portail en plein cintre et les magnifiques boiseries intérieures. Dans le quartier de Dancheria, les jardins dotés de bananiers donnent un air antillais. Espelette est dotée d’un petit château merveilleusement restauré avec sa tour massive au milieu d’un champ. Plus ancien, le château de l’Etchauz à Saint-Etienne-de-Baïgorry date du XIIème siècle et fut la demeure de Jeanne d’Albret, mère d’Henri IV. Près de Cambo-les-Bains se trouve la villa Arnaga où vécut Edmond Rostand. Elle héberge un musée à la mémoire de l’écrivain. On y trouve tout ce qui a touché à son oeuvre, y compris des évocations des représentations de Cyrano de Bergerac jouées par Gérard Depardieu et Jean-Paul Belmondo. Mais plus remarquable encore est l’attachement des habitants à leurs traditions ancestrales, que ce soit, outre la langue, dans le sport, la gastronomie ou le chant. Pour exemple, j’ai un dimanche poussé la porte de l’église d’un petit village et vécu un moment fort en émotion en écoutant la messe en langue basque avec le chœur des hommes dans les balcons, répondant à celui des femmes dans la nef.

Saint-Jean-Pied-de-Port

pont neuf et pelerin st jean pied de port photo Pierre carton+
Là-haut sur la montagne (bon, à 175 mètres au-dessus du niveau de la mer), la capitale du Labourd fait partie des plus beaux villages de France, appellation bien méritée grâce à des espaces abondamment fleuris et ses ponts sur la Nive qui le traverse pour se jeter dans l’Atlantique à Bayonne. Elle doit son nom à son patron Saint-Jean-Baptiste et à sa position géographique au pied du col (port) de Roncevaux, celui de la Chanson de Roland. Sa position quasi frontalière a alimenté certes la contrebande, mais on retiendra surtout son rôle d’avant-poste fortifié contre les invasions espagnoles, voire arabes. Si Saint-Jean-Pied-de-Port bénéficie d’une renommée européenne, voire mondiale, c’est surtout parce qu’elle est la dernière étape française sur le Chemin des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Arcangues

Arcangues+
Le nom de Luis Mariano vous dit-il quelque chose ? Ce chanteur d’opérette des années 50 rappelle des souvenirs émus à ses anciennes fans pour son bel canto du temps de la Belle de Cadix ou du Chanteur de Mexico (sans oublier L’amour est un bouquet de violettes) qui viendront se recueillir sur sa tombe au cimetière de ce village de poupée qui offre bien d’autres attraits, comme l’expression du véritable petit village traditionnel basque avec son fronton pour jouer à la pelote et sa mairie qu’on dirait tirée d’un film de Tati. De son école modèle on s’étonne presque d’y voir sortir de vrais écoliers à l’heure de la récréation.

Rhune-Photo LA BRECHE+La Rhune
Touristique, certes, le train à crémaillère, dont le point de départ se situe entre Ascain et Sare et qui mène au belvédère de la Rhune à 900 mètres d’altitude, n’en est pas moins spectaculaire. Il offre en premier lieu l’avantage certain de bénéficier d’une vue panoramique grandiose sur l’ensemble du Pays basque, et de croiser, ici et là, des pottoks (on prononce potiok), ces chevaux mi- sauvages qui se trouvent par endroits dans l’ensemble de l’arrière-pays basque. L’espèce montagnarde est timide et n’aime pas qu’on l’approche à moins de quatre mètres. La Rhune est aussi un point de départ idéal pour les randonneurs de  montagne s’intéressant notamment à la botanique ainsi qu’à la géologie pour l’étude de la roche du nom de « poudaing ».

Texte Gérard Blanc
Photos Pierre Carton

Informations pratiques

Reportage photo de Teddy Bear (instagram lezbroz)

Y aller

Vol Genève Biarritz avec Air France et Swiss (sous réserve de restrictions sanitaires) puis voiture de location.

Dormir

Hôtels Ur-Hegian à Ainhoa, Les remparts à Saint-Jean-Pied-de-Port.
Chambres d’hôte Amaiur à Saint-Pée-sur-Nivelle, Moulin de Pascale à Espelette, Iparra à Arcangues.

Manger

Cidrerie Hurrup Eta Klik à Saint-Jean-Pied-de-Port, Auberge Alzate à Ainhoa, Auberge basque à Saint-Pée-sur-Nivelle, Eukadi à Espelette.

 

Cet article a également été publié dans le Quotidien suisse La Liberté.

 

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