OMS : le combat contre le coronavirus et la fausse information
Chaque jour, une compagnie aérienne ou une compagnie maritime déclare interrompre ses liaisons avec la Chine. Si elles peuvent se comprendre, ces réactions peuvent pourtant être surfaites, car bien souvent en ordre dispersé et dénuées de tout raisonnement pratique et scientifique. Les réseaux sociaux sont aussi grandement responsables du déclenchement d’un vent de panique totalement déraisonné.
Lors de l’une des dernières conférences de presse menées par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), la brillante doctoresse Briand, directrice du département d’épidémiologie, a su faire un constat clair et détaillé dans le souci de ne laisser aucun coin d’ombre.
Des rumeurs assassines : « Outre notre souci de suivre les évolutions de l’épidémie et de mener une bataille pour l’enrayer au plus vite, l’un de nos grands soucis est ce qu’on appelle aujourd’hui de l’ « infodémie », à savoir toutes les fausses rumeurs qui circulent dans les réseaux sociaux, expliquait, le cinq février 2020, la doctoresse Briand. On entend tout un tas de mensonges, ce qui représente un sérieux obstacle à la transmission d’une information vérifiée et transparente. Ce n’est pas nouveau, mais les choses s’aggravent. Lors de la dernière épidémie de fièvre jaune en Angola, des bruits s’étaient répandus indiquant que le vaccin empêchait de boire de la bière pendant au moins une semaine. La conséquence a été catastrophique. Elle a occasionné une chute des vaccinations effrayante. Lors de l’épidémie de l’Ebola, des rumeurs indiquaient que lors des vaccinations les patients étaient tués pour que leurs organes soient vendus… La conséquence a été tout aussi désastreuse. Au lieu de s’enrayer, l’épidémie s’est développée dans les villages de la brousse. Heureusement, des équipes se sont relayées pour démentir la rumeur, mais cette énergie aurait pu être employée ailleurs. Dans le cas du coronavirus, nous ne démentons pas qu’il y ait encore plusieurs inconnues, d’où la difficulté, parfois, de transmettre des informations définitives en raison de quelques incertitudes. Mais nous transmettrons tout ce que nous avons au fur et à mesure que les renseignements nous parviendront. Nous sommes en relation avec Google et d’autres gestionnaires de réseaux sociaux pour traquer les fausses informations. »
Le coronavirus en particulier : « Une rumeur a circulé indiquant que le virus se trouvait dans l’air. C’est faux et cela a déclenché un vent de panique. D’autres personnes se sont senties « symptomatiques », alors que rien ne prouvait qu’elles soient infectées. Elles pouvaient avoir une simple grippe qui n’avait rien à voir. Il faut donc absolument s’en tenir aux diagnostiques confirmés par le corps médical. Autre fausse rumeur : un bruit a couru sur les vaccins contre le VIH ou l’Ebola qui auraient des propriétés équivalentes à celles qui pourraient traiter le coronavirus. Cette information propagée par les réseaux sociaux est dangereuse car cette efficacité n’a pas été prouvée et elle peut avoir pour effet une pénurie de médicaments pour les personnes atteintes de l’Ebola ou du Sida. Nous sommes seulement au début de l’élaboration d’un vaccin et le public sera avisé le plus rapidement possible.»
La transmission : « C’est une certitude : le virus se transmet de personne à personne par des gouttelettes (postillons, toux, crachats). Celles-ci infectent des surfaces (tables, cages d’ascenseurs, rampes d’escaliers, portes, etc.). Il est important que les personnes susceptibles d’être infectées portent des masques pour ne pas transmettre la maladie à d’autres. Tel n’est pas le cas des personnes craignant d’être infectées, car porter un masque ne leur garantira pas de ne pas attraper le virus. En effet, il leur suffira de toucher un objet quelconque ayant reçu lesdites gouttelettes pour qu’elles soient à leur tour atteinte de la maladie. Il est donc davantage à recommander aux personnes se trouvant dans les zones à risque (p.ex. la province chinoise d’Ubhei), de se laver régulièrement les mains, le port du masque se révélant pour elles une fausse sécurité. Un vent de panique a déclenché en Chine une ruée sur les masques, ce qui a eu pour effet négatif une pénurie pour les personnes infectées. »
Les cas. « 78% des cas de virus ont été enregistrés dans la province chinoise de Ubhei. La grande majorité des décès n’a concerné que des personnes âgées, tout comme cela se présente dans de simples cas de grippe. Le gouvernement chinois s’est montré très réactif avec, notamment la construction rapide de grands hôpitaux dans cette province y compris en dehors de Ubhei, afin d’enrayer toute propagation et afin d’éviter qu’un nouveau nid de virus s’installe ailleurs. La stratégie est d’anticiper en détectant immédiatement tous les cas suspects. C’est un grand défi. Fort heureusement, nous ne sommes pas encore dans la phase de pandémie. Les services de santé des pays du monde entier ont mis en place des processus pour bloquer la transmission du coronavirus. Concernant les rapatriements, nous travaillons à une harmonisation des procédés dans tous les pays membres de l’OMS en échangeant les expériences et en peaufinant les efficacités.»
La mise en place : « Nous venons de créer une cellule de crise portant le nom d’Epi – Win. Celle-ci a pour tâche d’établir des contacts permanents avec les gouvernements mais aussi avec les compagnies de transports. Si celles-ci ont pris des mesures draconiennes en annulant des vols vers et au départ de la Chine, c’est en premier lieu pour protéger leurs équipages. Nous sommes en contact avec ces entreprises pour connaître leurs intentions. Nos contacts sont également permanents avec les entreprises de tourisme, les entreprises agricoles, l’industrie de l’alimentation. Les solutions sont différentes d’une branche à l’autre. »
Gérard Blanc
Sources : OMS, conférence de presse du 5 février 2020