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Des palais bien cachés : Riads marocains

Riad marocain

Après un gymkhana de course au trésor jusqu’à une ruelle étroite sombre et déserte, cloturée de murs d’environ trois mètres de hauteur, le guide s’arrête brusquement devant une grande porte cloutée en bois massif.
Il frappe trois coups de heurtoir en forme d’anneau.
Sésame s’ouvre devant un palais des mille et une nuits.

Sans un guide désigné pour vous conduire à bon port par les méandres des médinas de Rabat, Meknès, Fès ou Marrakech, bien malin est celui qui arrive jusqu’au riad qui lui aura été recommandé.
Pis encore, sans un guide, il aura quelques difficultés à retrouver le chemin de retour.
On a beau repérer, ici, une boutique de babouches, là un bijoutier, les idées ont vite fait de se brouiller après le festin qui vous aura été servi. Mais pas de soucis, les hôtes ont compris la chose et vous reconduisent, parfois même avec une lanterne à la main, quand il se fait tard.
Revenons à la lourde porte d’entrée qui s’ouvre. Avec des chuchotements dignes d’un couvent, nous sommes introduits dans un patio au centre duquel les gargouillis d’une fontaine accentuent la fraîcheur du lieu, un contraste saisissant avec la chaleur accablante du dehors. La décoration des lieux est somptueuse: mosaïques multicolores, plafonds et balcons en bois finement sculpté, lanternes et lustres en cuivre ciselé et, comme notes finales, ici un coffre géant sorti de la caverne d’Ali Baba servant de bar, ou là un narguilé géant.
Par un escalier en colimaçon, nous accédons à une terrasse aménagée sur le toit où nous attend l’apéritif et, en prime, une vue panoramique fascinante des toits de la médina (minarets, cours d’autres riads, etc.) et tous les sons distinctifs des artisans, des enfants ou de musique arabe échappée de la boutique d’un marchand de CD.
On nous invite à retourner au rez-de-chaussée, dans l’une des alcôves donnant sur le patio, où une table (une seule pour nous) a été dressée. Nous nous asseyons sur des sofas profonds finement brodés d’argent.
C’est la vraie vie de pacha!
Pour faire honneur à un festin servi dans le riad, mieux vaut avoir un solide appétit. Un serviteur en djellaba et babouches s’empresse. On nous apporte une symphonie de salades variées, concombres, purée de tomates sucrées, courgettes et carottes aux herbes, caviar d’aubergines, le tout accompagné de briouates (beignets feuilletés fourrés à la viande ou au fromage). Puis, nous avons droit à la fameuse pastilla (plat servi traditionnellement lors des mariages), confectionnée avec des couches de pâte feuilletée intercalées de poulet ou de pigeon aux herbes, le tout saupoudré de sucre glace et de cannelle. Ensuite arrivent des plats d’argile aux couvercles coniques. Ce sont les fameux tajines aux recettes innombrables. Il s’agit de mets cuits à l’étuvée, alliant souvent le sucré et le salé (agneau aux pruneaux, poulet au citron confit, etc.).
On nous apporte triomphalement un plat de couscous garni de légumes. Aurions-nous besoin de digérer? Le repas se termine par le traditionnel thé à la menthe accompagné, comme il se doit, d’un choix de pâtisseries au miel, ou encore la sublime corne de gazelle fourrée aux amandes. Pour arroser tout ça? Le Maroc a ce grand avantage de posséder une variété respectable de crus dont les plus connus sont le Gerouane de Meknès, le Boulaouane ou la Cuvée du président, vins dont les riads sont généreusement fournis.

Un conseil

Si le programme ou les lieux le permettent, ménagez-vous une petite sieste, histoire d’affronter plus allègrement la suite du programme de votre visite du Maroc.

Quelques riads

A Rabat, le Ziryab; A Fès, le Dar El Ghalia; le Palais Mnebhi, le Riad Fès>; A Marrakech, Ksour Agafya

Pour le dormir
Certains riads ont prévu des chambres qui, dans leur majorité, se trouvent au premier étage du patio avec porte sur le bacon intérieur. Là encore, la décoration est princière et certains aménagements (salle de bains, jacuzzi, etc.) en ont fait de typiques hôtels de charme, à un rapport qualité-prix très correct (p. e. CHF 150.– la nuit pour une chambre standard). La seule chose à laquelle il faut être préparé est la pénombre. La recherche permanente de la fraîcheur fait que dans la plupart des cas, chaque pièce n’est dotée que d’une petite fenêtre laissant tout au plus passer un mince rayon de soleil.

Erika Bodmer

P. S. Le descriptif qui vient d’être fait n’est pas celui d’un riad en particulier, mais plutôt une synthèse de plusieurs riads visités.
Il est entendu que certains détails peuvent varier d’un riad à l’autre.

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