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JE PARS TRÈS LOIN

Saigon et Hanoï, deux sœurs, deux cultures

L’arrivée au Vietnam en provenance de l’Europe se fait immanquablement dans l’une des deux grandes métropoles que sont Hanoï, la capitale administrative et Ho Chi Minh-Ville (ou plutôt Saigon, comme l’appelle toujours une partie de ses habitants), celle des affaires.

Il y aura toujours une dualité entre Saigon et son goût prononcé pour le commerce, et Hanoï et sa rigueur avec son culte peut-être plus évident à l’«Oncle Ho» (Ho Chi Minh). Serait-ce une vieille rivalité datant de l’époque des deux Vietnam? Difficile à dire, mais la distance d’environ 2000 kilomètres qui sépare les deux villes (1800 km par la route) joue certainement un rôle, d’autant que le climat s’en mêle, les moussons n’étant pas les mêmes au nord et au sud. Un élément significatif quand on sait que dans le delta du Mékong, dans la région de Saigon, on récolte le riz trois fois par an contre deux fois proche de Hanoï.

Un peu comme on ferait une comparaison entre Paris et Marseille, les habitants du sud rigolent plus volontiers queHanoi ceux du nord et savent peut-être prendre un peu plus de bon temps, mais n’en déduisez surtout pas que les habitants d’Hanoï ne soient pas sympathiques, bien au contraire: tout juste un peu plus réservés.

Les deux grandes villes ont d’autres points communs. Outre la circulation effrénée des deux roues, c’est la vie sur le trottoir qui leur confère un caractère ressemblant. Ce sont de petites gargotes installées avec leurs tablettes basses et leurs sièges bas en plastic coloré. Le Vietnamien lambda s’y assied pour y manger une soupe, boire du thé ou de la bière et, surtout, papoter. Ce sont aussi de petites échoppes alignées le long des rues, où tout se vend. On trouve des rues corporatives, comme par exemple, des commerces vendant des arrangements floraux pour enterrements. On croise quelques rares cyclo-pousses. Beaucoup de femmes portent le traditionnel chapeau conique qui les protège aussi bien de la pluie que du soleil. Certaines femmes, davantage que des hommes, utilisent toujours le balancier, utile pour porter des poids lourds, tels une batterie ou même un mini-restaurant ambulant.

L’effervescence de Cholon

Marché de Cholon, Saigon

L’un des clous de Saigon est Cholon, le marché tenu par des Chinois qui font honneur à leur réputation de bons commerçants. Selon les méandres de l’histoire, les Vietnamiens ont eu souvent des démêlés avec leurs voisins chinois, voire des guerres, des dominations et des invasions. Il restera toujours ce léger contentieux qui fera dire aux Vietnamiens que si les Chinois sont les champions du commerce, les Vietnamiens sont ceux de l’inventivité et de la culture. A Cholon, le premier chapitre se confirme avec une incroyable variété de denrées de toutes sortes vendues dans les étalages. On y trouve beaucoup de produits séchés: champignons, poissons, hippocampes, végétaux en tous genres (dont des asperges, des artichauts (foins), beaucoup servant à mitonner des soupes ou des remèdes et tisanes), mais aussi des «œufs des cents jours» (il s’agit en fait d’œufs auxquels on a injectés du sel afin de les conserver trois jours – dont le goût est, on peut s’y attendre – assez salé). Une intense vie active y règne en permanence. Les ruelles sont étroites et les nombreux livreurs (en mobylette, mais surtout à dos d’homme ou en charrette), lestés de lourdes charges qui se fraient le passage avec des cris gutturaux ou stridents, auxquels tout le monde se plie de bon cœur. Tous s’écartent pour les laisser passer.

Ho Chi-Minh-Ville, dite Saigon
Si le voyage depuis la Suisse ou la France vous fait atterrir dans l’après-midi, il n’est pas rare que la sortie de l’aéroport se fasse sous une pluie battante. Pas d’angoisse: la plupart du temps, votre visite de Saigon le lendemain matin se fera sous un soleil radieux. Vous serez paré pour parcourir les artères de cette mégapole de 7 millions d’habitants dont un million de Chinois et quelques expatriés Coréens et Japonais employés dans l’industrie automobile, électronique et mécanique. Elle fut la capitale de l’Indochine qui, jadis, regroupait le Vietnam, le Laos et le Cambodge.

Si la cathédrale catholique Notre-Dame, construite à la fin du XIXe siècle par les Français avec des briques rouges importées de Toulouse n’est pas la principale attraction, ce sont d’abord le marché central et celui de Cholon qui satisferont votre soif de hautes couleurs asiatiques. Un autre site à inclure est le temple de la Dame céleste (sorte de Bouddha féminin), site religieux bâti par les Cantonnais en 1760, qui nous plonge dans l’atmosphère bouddhiste avec ses spirales d’encens pendues au plafond et ses alignements d’ex-voto tapissant un mur.

A Saigon

Le fief de Norodom: au fond d’une large avenue boisée trône le palais présidentiel ou palais Norodom (en souvenir de Norodom Sihanouk), qui, au temps de la colonisation française, était le président de l’Indochine. On y découvre les différentes salles qui servirent, et servent encore, aux réceptions officielles, mais aussi deux rappels de la guerre du Vietnam qui sont les bunkers du sous-sol, pour un repli en cas d’attaque ou de bombardement, équipés de moyens de communication et d’un poste de commandement. Sur le toit reste encore l’espace réservé à une plate-forme d’atterrissage d’hélicoptères, qui servit aux autorités gouvernementales de l’époque de fuir les troupes nord-vietnamiennes.

Dans certaines villes du monde, on visite des mausolées, des cathédrales et des châteaux. A Saigon, on visite la Poste principale! Il faut admettre que c’est un bel exemple de la colonisation française. Il est majestueux, avec l’inévitable portrait bienveillant de l’«Oncle Ho» accroché à la paroi principale.

Les marionnettes aquatiques
Il est un spectacle ancré dans la tradition d’Hanoï: le théâtre de marionnettes sur l’eau. Chapeau à cette troupe qui, au rythme de plusieurs séances par jour, les pieds dans l’eau en permanence donne un spectacle de figurines animées en bois peint, au son d’instruments traditionnels. Les thèmes sont ceux des vieilles légendes de la mythologie vietnamienne et des coutumes paysannes des peuplades hmongs du nord, et, parmi d’autres, celle de la création du Vietnam et des rituels du mariage.

Hanoï, l’âme du Vietnam
Pour prendre le pouls de la capitale, il faut commencer par le quartier des corporations, le centre même de Hanoï. Les rues y sont classées par thème: rue de la soie, un paradis du vêtement sur mesure, quartier des apothicaires, des bambous, de la laque, des écrous ou des ventilateurs. Et puis, il y a les marchés, un régal pour les yeux et le nez, avec des fruits inconnus en Europe, comme les ramboutans, sorte de litchis poilus, ou les fruits du dragon, de gros fruits à l’écorce rose assez dure, mais l’intérieur à une chair blanche piquée de noir, qui est très rafraîchissante. Pas de viande au soleil, comme cela peut se voire en Afrique, mais beaucoup de poissons, souvent retenus vivants dans des bassines grâce à d’ingénieux systèmes d’oxygénation.

Hanoi, Temple de la littérature

Le marché est l’endroit idéal pour un plat sur le pouce cuisiné devant vous. Des plats authentiques et savoureux servis dans les petits stands de rues, ou, au Ca Phé Kem, des restaurants sur le trottoir avec mini-tables et chaises où vous mangez accroupi des brochettes de porc ou de poulet, de la soupe aux vermicelles, des banh chung (gâteau de riz gluant dans une feuille de bananier). L’ancienne ville coloniale a gardé par endroits son esprit des années 30, parsemée de 40 lacs, dont le Ca Phé Kem (rendez-vous des amoureux), ce qui fait de Hanoï une ville très verte malgré une expansion urbaine galopante.

Le mausolée d’Ho Chi Minh, impressionnante construction, avec ses relèves de la garde qui donnent leur climat de solennité. Mais le must est le temple de la Littérature, une université fondée en 1070 et vouée au culte de Confucius. La Pagode au pilier unique, étonnante construction sur pilotis. La maison de l’Oncle Ho constitue un lieu de pèlerinage en l’honneur du fondateur de la république vietnamienne, héros de l’indépendance.

Au royaume des deux-roues

Saigon

A Saigon comme à Hanoï, les mobylettes sont reines, même si les voitures sont de plus en plus nombreuses, provoquant des embouteillages monstres. Malgré tout, la mobylette est LE moyen de transport par excellence. Toutes agglutinées aux feux rouges, elles démarrent en trombe au signal donné. On y monte parfois dessus à 3 ou 4, un exercice d’équilibriste, et on file à grands coups de klaxons et de freins. Un départ de deux roues au feu rouge ressemble fort à un départ de course d’automobiles ou à une charge de la brigade légère, mais tout cela se déroule dans une ambiance bon enfant. Pour les visiteurs, quelques cyclo-pousse existent encore, qui fournissent du travail aux plus démunis et permettent de circuler dans la ville en totale proximité avec les habitants. Les mototaxis rodent aux abords des hôtels et s’arrêtent à la demande pour vous charger. En cas de pluie, pas de problème, les plastiques sortent des coffres. Ne cherchez pas à traverser la rue à pied à un passage pour piétons. Vous risquez d’attendre longtemps avant qu’un véhicule vous laisse passer. La bonne méthode consiste à vous engager (passage piéton ou non) en traversant lentement mais résolument et en regardant la circulation arriver sans vous affoler. Les véhicules vous éviteront et tout se passera bien.

 

Texte Erika Bodmer,
photos Gérard Blanc

Infos pratiques

Vols

Genève-Paris-Ho Chi Minh-Ville avec Air France; Genève-Doha-Hanoï avec Qatar Airways et Saigon-Hanoï avec Vietnam Airlines.

Restaurant

Le Lion à Saigon face au Continental.

Hôtels

Le Continental à Saigon, face à l’opéra; à Hanoï, l’hôtel Mercure.

A voir encore

A Saigon: le grand temple, Tay-Minh, centre religieux du caodaïsme, le musée de l’histoire, le musée des vestiges de la guerre, la pagode de la Tour au pinceau. A Hanoï: Le musée de l’ethnologie, réalisé en partenariat avec le musée de l’Homme à Paris: une vision complète des 54 ethnies qui vivent au Vietnam; la citadelle de Co Loa (à moins de 20 km de Hanoï).

 

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