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JE PARS TRÈS LOIN

Saint-Barthélemy: La discrète des Caraïbes

Saline ST-BARTH

J’étais parti avec cette idée que Saint-Barthélemy était le Saint-Tropez des Caraïbes, mi-bling-bling, mi-frimeuse, un peu vaine. En fait, il n’en est rien.

Dans l’arc des Caraïbes, à proximité de l’île de Saint–Martin, Saint-Barthélemy faisait partie entre 1878 et 2007 du département français d’outre-mer (DOM) de la Guadeloupe. A cette dernière date, elle devint une collectivité d’outre-mer. Le principal avantage de ce statut est une indépendance douanière et fiscale qui lui permet de vendre librement des produits hors-taxe (de marques de luxe de préférence), source de revenu non négligeable et, avec le tourisme, plus rentable que la récolte du sel, la petite agriculture familiale, la pêche ou le tressage de la paille qui étaient ses activités d’origine.

On y accède à bord d’un petit avion. Il est difficile d’imaginer qu’il puisse en être autrement. Un fou a eu l’idée de planter la piste d’atterrissage juste derrière une colline au sommet de laquelle trône le seul rond-point de l’île. L’avion doit éviter l’obstacle et piquer pour attraper la piste qui, pour comble de l’acrobatie, aboutit dans la mer et oblige le pilote à virer au dernier moment.

Mais cela n’empêche nullement quelques 4000 touristes par an d’utiliser ce moyen de transport pour y accéder.

Une fois cet épisode de suspense passé, j’ai découvert une île de rêve, où les buildings étaient totalement absents du paysage. Cela s’explique par l’interdiction de construire plus haut que le sommet des palmiers. Autre surprise: bien que l’île compte beaucoup de propriétés privées, les plages privées y sont interdites et sont donc accessibles à tous.

Dans les décorations externes comme internes de ces maisons privées cossues, on sent un soin particulier à la décoration intime, une tradition héritée des Suédois qui occupèrent l’île entre 1784 et 1878.

Nature exemplaire

L’iguane, animal légendaire, est à son aise à Saint-Barthélemy. On en rencontre même dans les rues de Gustavia. Bien que poussant dans une île avec peu de végétation, deux arbres font également l’objet d’une protection: le gaïac et le latanier. Mais plus que tout encore, l’île est le paradis des plongeurs dans des réserves aux alentours de l’île Frégate, l’île Fourchue, le Pain de sucre, l’anse des Flamands, etc. Cette protection a un effet radical sur la faune et la flore sous-marine. Les tortues marines viennent pondre sur les plages. Les coraux sont presque tous intacts et on ne compte pas moins de 51 espèces appartenant à 31 genres différents. 183 espèces de poissons y ont été recensées. Dans les zones protégées, la pêche y est interdite et, a fortiori, la chasse sous-marine.

Une île haut de gamme?
Oui, certes, et c’est d’ailleurs David Rockefeller qui y acheta une villa en 1957 et donna rapidement le ton un peu exclusif du tourisme de cette île. Aujourd’hui, bien que les propriétaires de villas privées de luxe y soient nombreux, je n’ai pas eu l’impression de me trouver à Saint-Tropez avec le monde de jetset faisant étalage de leur richesse. La raison vient certainement des règles strictes de circulation qui limitent la vitesse sur route à 45 km/h et empêche toute frime en grosse cylindrée. Résultat: une ambiance simple et tranquille.

Gustavia
La capitale, nommée ainsi en l’honneur de l’ancien roi de Suède Gustave III, veut se donner des airs d’un petit coin bon enfant de la France. Les rues sont un mélange d’authenticité antillaise, avec ses petites cases typiques en pierre et en bois peint, des maisons traditionnelles toutes un peu conçues selon le même principe: des maisons blanchies à la chaux qui vont par paires: la maison principale, où se trouvent deux pièces, la chambre et le séjour, et la dépendance servant de cuisine et disposant de l’indispensable citerne.

Les rencontres sont faciles et sympathiques autour d’une bière partagée et des invitations à participer à une partie de pétanque jusqu’à tard dans la nuit, un moment magique avec les bruits du ressac et les échos de la ville.

Le principal centre d’intérêt est le port et ses yachts qui laissent imaginer les moyens financiers de la majorité des habitants de l’île.

On y trouve aussi beaucoup d’entrepôts de l’époque suédoise, ancienne présence également rappelée par les noms de plusieurs rues, comme Droninggatan, Kongsgatan ou Westra Strandgatan. Les meilleurs exemples de bâtiments datant de l’époque suédoise sont l’ancienne mairie, le Brigantin (maison de maître ayant appartenu à un Monsieur Dinzey), le clocher ou encore Wall House.

Tous à la plage

L’aspect surprenant d’ailleurs pour une île aux nombreuses villas privées est que toutes les plages sont publiques. Au nombre d’environ une vingtaine, beaucoup d’entre elles sont intimistes. On chasse des trésors de coquillages à la Shell-Beach; celle de Corossol est peu fréquentée, car on n’y accède que par bateau; les surfeurs se retrouvent à la plage des Cayes; les petits bassins de la plage de Lorient la rendent idéale pour la baignade en famille; la plage de Marigot se distingue par son abondante cocoteraie. Ma préférée est la plage de la Saline, lieu favori des oiseaux marins.

L’île sèche

Les colons suédois et français d’avant Louis XVI ne se sont guère préoccupés de la forêt qui a été quasiment détruite. Cela donne aux générations actuelles du fil à retordre pour revenir à une situation écologique acceptable, d’autant que l’île n’a aucune ressource en eau douce, si ce n’est la récupération de l’eau de pluie sur des toits en dessous desquels ont été aménagées des citernes pour recueillir le précieux liquide. Une usine de dessalement de l’eau de mer a été construite en 1972, mais ce processus est coûteux, car il ne suffit pas de séparer le sel de l’eau. L’eau doit encore être reminéralisée. Il est naturel qu’elle soit un bien précieux, que les habitants tiennent à ne pas gaspiller.

Que faire à Saint-Barthélemy?

Se laisser vivre, prendre du repos, se baigner dans une mer d’émeraude translucide et à une température idéale (rarement en-dessous de 27°), pratiquer les sports nautiques, bien manger (les restaurants et hôtels cuisinent divinement), et dévorer des romans.

Contrairement à Basse-Terre ou Grande-Terre en Guadeloupe, l’expression orale authentiquement antillaise y est plus discrète. Une grande partie de la population est descendante des Bretons, Poitevins, Normands, Saintongeais et Angevins et la langue qu’on y parle est le patois datant du 17e siècle qui, à son écoute, ferait penser au québécois.

Texte et photos Thierry Porchet

Infos pratiques

Vols

Genève-Paris-Pointe-à-Pitre-Saint-Barthélemy avec Air France; Genève-Paris-Orly avec easyJet et Paris-Pointe-à-Pitre-Saint-Barthélemy avec Air Caraïbes.

Hôtels

Les Ilets de la plage, www.lesilets.com; Le Toiny, www.letoiny.com.

Restaurants de cuisine créole:
Chez Yvon; Chez Rolande; Le Grain de Sel, Au Régal.

Les fêtes

En janvier, le festival de la musique; en février, le carnaval; en avril, le festival du film des Caraïbes; en août, le Boubou’s festival (avec des têtes d’affiche comme MC Solaar et Manu Djbango); en novembre, le marathon Gustavialoppet.

Gastronomie

La clientèle internationale de Saint-Barthélemy n’a pas pour autant fait chuter l’engouement pour la cuisine créole (acra, boudins, lambis, etc.). La bonne cuisine française y est aussi omniprésente, mais ce sont avant tout les poissons et les crustacés qui excellent.

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