Touristes, si vous saviez...
JE PARS TRÈS LOIN

Contrastes du Yucatán

La vaste péninsule mexicaine du Yucatán (91’000 km2) attire les visiteurs venus de partout, et pour cause: elle possède pratiquement tous les atouts (culture, festivités, baignades, gastronomie) recherchés par toutes les sortes de vacanciers.

Des colonies de flamands roses de Celestún aux villes coloniales de Mérida ou Campeche, en passant par les stations balnéaires universellement réputées telles que Cancún ou Playa del Carmen, on croise tous les genres de touristes : ceux venus du Nord de l’Amérique pour une fiesta débridée à Cancún pendant la période du «Spring break», les amateurs de flore et de faune errant sur les routes poussiéreuses au milieux des champs de sisal, ou encore les amoureux d’histoire sillonnant les sites mayas ou parcourant les rues des villes coloniale à la recherche de la mémoire des conquistadores, chaque ville ayant eu le sien ou presque.

Cancún, station balnéaire format XL
On a peine à s’imaginer qu’on est au Mexique lorsqu’on longe cette bande de terre bordée d’un côté par une lagune et de l’autre par la mer des Caraïbes et totalement dédiée à un centre balnéaire de grande envergure. On se croirait un peu comme sur le «Strip» de Las Vegas avec sa profusion de néons qui flashent dès la nuit tombée et ses devantures rutilantes des palaces, des boîtes de nuit, des centres commerciaux et des centres d’amusements destinés à recevoir les vacanciers du monde entier, mais, dont la plus grande partie arrive en ligne droite des Etats-Unis et du Canada. Jadis, un petit village mexicain sans histoire situé à la pointe nord-est du Yucatán, est aujourd’hui l’un des plus grands centres de vacances du monde.

Sur les traces des Mayas
Des sanctuaires mayas pointent un peu partout sur la péninsule du Yucatán, les plus réputés d’entre eux étant, à n’en point douter, ceux d’Uxmal ou de Chichén Itzá. Ce sont en tous cas les plus visités, mais il en est une multitude d’autres, plus ou moins connus et qui demandent parfois de s’engager dans des chemins de terre peu carrossables. Mais que ne ferait-on pas quand on est amateur de vestiges mayas? A défaut d’un descriptif détaillé, dont se chargeront avantageusement les bons guides locaux, voici quelques impressions: Uxmal appartient à la catégorie des « puuc» (situés dans les collines du centre du Yucatán), au même titre que Kabah, Mayapán ou Akanké. On l’appelle aussi le «Versailles» maya, certainement en raison de la splendeur architecturale de celui qu’on appelle le palais du gouverneur. Chichén Itzá offre l’originalité d’une appartenance à deux civilisations: les Mayas et les Toltèques. L’une de ses particularités est le temple des guerriers, un des rares vestiges mayas où la colonne est un élément majeur. Proche de Campeche se trouve la cité d’Edzná. Considérée à tort comme site de second ordre, elle est un exemple impressionnant apparenté au peuple Chene et diffère des autres cités mayas par son architecture dépouillée, mais toute aussi imposante, surtout en ce qui concerne le grand temple et ses nombreuses marches menant au sommet. Autre particularité d’Edzná: les figures en pierre sculptée de personnages au strabisme convergeant, signe de beauté chez les Mayas. A une heure de voiture au sud de Cancún se trouvent les ruines de Tulum avec le grand palais, le temple consacré aux descendants des dieux, le château, etc. Si Tulum n’atteint pas le prestige d’autres sites, son succès est dû à sa situation en bordure de la mer des Caraïbes, un paysage incomparable avec ses petites plages de rêve.

Tulum

Hard rock café CancunDes gigantesques enseignes vantent une palette de loisirs allant du restaurant avec une ambiance de jungle à la Disneyland au café Hard Rock, bordant une longue plage bercée par une mer d’une couleur émeraude éclatante, tandis que, de l’autre côté de la bande de terre, un lagon fait le bonheur des amateurs de jet-ski et de ski nautique. Ne reste-t-il plus rien d’authentique et de personnel dans cette région ?

Rue CancunSi Cancún pueblo (le centre-ville) est un mélange de village mexicain et de cité-dortoir pour tous les employés travaillant à «l’Avenida des los Hoteles», cette cité tentaculaire a deux visages: l’un, attachant, des quartiers où se déroule la vie quotidienne avec des petits marchés artisanaux bien sympathiques, tel le Mercado municipal et, l’autre, représenté par l’Avenida Tulum, entre le carrefour des coquillages et celui des héros de l’histoire mexicaine, où l’on trouve, notamment, un bas-relief du rebelle Emiliano Zapata. C’est le rendez-vous favori des vacanciers, qui, las de la vie de la zone hôtelière, recherchent un peu de l’ambiance mexicaine sans pour autant se sentir trop dépaysés. Mais derrière cette avenue-décor, ce sont des habitations avec des maisons souvent peintes de couleurs gaies et des petits commerces, où les marchands d’eau, de gaz ou de journaux approvisionnent les résidents.
Dans les environs: A environ 50 kilomètres au sud, la station de Playa del Carmen attire davantage les Européens pour sa dimension plus humaine. Isla Mujeres est la première excursion en mer proposée à ceux qui désirent changer de plage, mais surtout aux amateurs de plongée, qui trouveront de splendides fonds sousmarins, avec une faune et une flore abondantes, oú évoluent des mérous, des carangues ou des barracudas. Les personnes bien avisées éviteront de tomber dans le piège des traversées organisées depuis la zone hôtelière, qui sont non seulement à des prix prohibitifs, mais empêchent la découverte, à 10 km au nord de Cancún, du charmant petit port de pêche de Puerto Juarez, d’où partent les navettes maritimes.

Mérida, la ville-carrefour
Plus encore que sa petite soeur Campeche, Mérida est indubitablement yucatèque et le carrefour naturel des échanges commerciaux entre le sud et l’ouest, et est au centre des grandes plantations de sisal. Les touristes de masse s’y font peu remarquer, davantage massés à Cancún et environs. Et, pourtant, c’est peut-être celle que l’on devrait choisir avant tout lorsqu’on décide de rayonner vers les grands  sites mayas tels qu’Uxmal ou Chichén Itzá.

Couvent franciscain
Il existe près d’une vingtaine de couvents et de monastères dans les alentours de Mérida. Un circuit complet de ceux-ci prendrait du temps et il faudrait être particulièrement féru de ce genre d’architecture coloniale pour les visiter tous. Par contre, un peu en retrait de la route reliant Mérida à Cancún, se trouve la petite ville très typée d’Izamal où vous trouverez l’un des plus grands monastères franciscains datant du 16ème siècle situé au milieu d’une ville peinte de jaune ocre, où circulent des calèches d’un autre temps, et qui possède un fabuleux zocalo entouré d’arcades.JEP9-Yucatan4

Mais Mérida mérite à elle seule de lui consacrer quelques jours pour goûter à la vie quotidienne de ses habitants et des visiteurs venus de la campagne pour le marché central, dans la chaleur, la poussière et la bousculade. Vivre Mérida, c’est, par exemple, assister à une manifestation paysanne sur le zocalo, face aux balcons du Palacio Gobierno, où les notables hésitent à se montrer; assister à la sortie de la messe à la cathédrale avec les robes colorées des femmes; assister à des répétitions de danses folkloriques dans le patio du Palais municipal; ou encore, assister aux défilés de carnaval où les enfants sont parfois plus délurés que les adultes. Mais rien que de loger au premier étage d’un des petits hôtels donnant sur les lauriers géants du parc Hidalgo permet d’observer la vie quotidienne, y compris ce phénomène fascinant que sont les sièges «conversaciones» construits tête-bêche pour que le flâneur puisse palabrer en toute quiétude avec son vis-à-vis, sans avoir à lui faire face directement.

Campeche, la coloniale
Parmi les grandes agglomérations de la péninsule mexicaine du Yucatán, Campeche est l’une de celles qui a le mieux conservé son aspect colonial et l’empreinte des conquistadores, avec ses remparts, ses bastions (baluartes) et ses maisons aux hautes fenêtres garnies de fer forgé et aux façades peintes de couleurs vives. Lorsqu’on passe le portail de ces demeures, on aboutit, ici dans le cloître d’un ancien couvent, et là dans un patio avec une petite fontaine ornée de mosaïques.
Le 22 mars 1517, Françisco Fernandez de Córdoba, capitaine de la première expédition espagnole, débarquait au petit village maya de Ah Kin Pech, sur les bords du golfe du Mexique. JEP9-Yucatan1+Par la suite, la région entière fut dominée par le conquistador Francisco de Montejo, qui fut à l’origine de l’influence dominante de l’ordre franciscain. C’est en raison d’attaques fréquentes de pirates, tels que William Parker, Diego dit “El Mulato” et Lorencillo que furent érigées les fortifications, dont la majeure partie a malheureusement été détruite par plusieurs séismes.
Bien qu’au bord de la mer, Campeche ne brille pas par ses plages, en raison de la pollution due à plusieurs marées noires dans le golfe du Mexique. L’attraction majeure est surtout le quartier historique, avec ses maisons coloniales et ses monuments datant du 16ème siècle pour la plupart. Peu d’espaces verts égayent Campeche, à l’exception du Parque Principal et son kiosque à musique, sorte de zocalo sur lequel donnent la cathédrale baroque et l’immeuble du Portales del Centro aux arcades superposées. Les autres sites marquants du quartier historique sont la porte de la mer, le manoir Carjaval, l’église du «Doux nom de Jésus» et l’ex-temple de San José. Avec son immeuble en verre, le palais du gouvernement et ses fresques modernes aux thèmes mayas contrastent avec les autres édifices de la vieille ville.

Au naturel
Les excursions en minibus proposées par une multitude d’agents locaux ne sont ni les plus économiques, ni les plus confortables. En revanche, les « camiones », ces grands bus publics reliant les principales agglomérations, sont nettement plus confortables et donnent en prime la prise de conscience de la vraie vie paysanne maya, au gré de chaque arrêt, officiel ou non. Une excursion en transport public jusqu’au village de Progresso, au bord du golfe du Mexique, est une expérience inoubliable pour qui est d’accord de se risquer hors des sentiers bétonnés. Elle vous plonge dans la vie modeste des pêcheurs et des paysans, loin du flash des néons. Mais le clou d’une telle excursion reste, à quelques kilomètres en amont du village, la réserve naturelle de Celestún. Au bord d’une vaste lagune, des petites barques aux moteurs hors-bord vous mènent pour admirer des colonies de frégates dans les méandres de la mangrove et, summum, des bancs entiers de flamands roses qui s’envolent au moindre bruit suspect pour se poser deux cents mètres plus loin.

Gérard Blanc, texte et photos

 

Informations pratiques

Renseignements

Office national mexicain du tourisme à Paris, +33 1 42 86 64 04.

Agences spécialisées

À Lausanne: L’Atelier du Voyage et Tourisme pour Tous et à Genève: DAL Voyages.

Vols pour Cancún

Genève-Mexico via Paris avec Air France ou via Madrid avec Iberia puis  correspondance pour Merida ou Cancûn avec Aeromexico ou Mexicana.

Hôtels

A Cancún: Le Melia-Cancún, l’Aquamarina Beach.
A Campeche: Hotel del Mar****, l’Hacienda Uayamon (luxe).
A Mérida: La Mission de Fray Diego*****, La Casa del Balam (hôtel de charme), Hacienda Temozon (luxe).
A Tulum: Cabañas Los Lirios (ambiance familiale en bordure de mer).

Gastronomie

Pollo pibil (poulet au four), cocktail de camarones (cocktail de crevettes roses), pan de casón (pain de requin), quesadilla (tortilla fourrée et roulée), fajita (feuille de tortilla pliée et fourrée), tamales (épis de maïs farci à la polente et au poulet ou sucrée), etc.

Boissons

Cocktails à base de tequila (margarita), ou à base de rhum (piña colada); jus de fruits tropicaux; bières locales Corona et XX.

A voir encore

A Mérida, le palais du gouverneur (fresques de l’histoire du Yucatán) et les demeures art-déco.

 

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