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Naples : la magie de la Campanie colorée

Avec son Vésuve omniprésent, son golfe, ses îles aux roches calcaires, son patrimoine historique et ses rues pleines de vie, Naples est un petit bonheur, loin des clichés qu’on lui attribue, parfois de façon injuste.

Quand on parle de «Voir Naples et mourir», je dirais, à contrario, «Voir Naples et revivre», tant cette ville est vivifiante avec la mer qui vient baigner son superbe golfe, ses rues animées et ses maisons colorées. Pour justifier l’expression traditionnelle, les Napolitains disent que «leur ville est d’une telle beauté, que le reste n’a plus aucune importance et qu’on peut mourir en paix».

Les habitants de cette cité étaient en tout temps fascinés par «Signor Vesuvio», un volcan qui a fait son entrée dans l’histoire des hommes en 79 après J.-C., quand l’empire romain était prospère et le golfe de Naples l’une des plus riches provinces de l’empire. Des villes comme Pompéi et Herculanum étaient installées au pied du volcan, dans un site enchanteur. Mais un 24 août, 79 ans apr. J.C, après un long sommeil de plusieurs siècles, le Vésuve s’est réveillé et, en quelques heures, a recouvert Pompéi d’un linceul de pierres ponces avant d’enrober Herculanum de coulées de boue. Le récit de cette éruption nous est parvenu avec la description de Pline le Jeune (lettres à Tacite), qui se trouvait dans le village de Baccoli, en face du volcan, et a pu observer le déroulement de la catastrophe.

Il faut vraiment sauver Pompéi
Impossible d’aller à Naples sans visiter Pompéi et Herculanum. Ces deux sites ont connu une fin tragique en l’an 79 après J.-C. avec l’éruption du Vésuve. Ils appartiennent avec juste raison au Patrimoine de l’humanité. Il suffit de se référer aux maintes reconstitutions, sans oublier le péplum «Les derniers jours de Pompéi» pour se remémorer le drame. Pour voler au secours d’un des plus grands sites archéologiques au monde, l’Union Européenne vient de débloquer 105 millions d’euros. Il y a urgence. Plusieurs édifices se sont effondrés. Deux chantiers ont déjà commencé et d’autres opérations de grande envergure sont programmées. Pour une fois, on ne se contentera pas d’étayer un édifice, mais on va consolider plusieurs structures, drainer les eaux souterraines et s’attaquer aux causes réelles de la dégradation du site. Dix quartiers fermés par des éboulis précédents seront rouverts. Des lieux importants, comme la Maison aux murs jaunes, celles du Sirico et du Marin, seront réhabilités.

Fier et toujours dangereux
Aujourd’hui, le Vésuve reste tout aussi explosif et dangereux, sa dernière éruption remontant à 1944. Du haut de ses 1281 mètres et avec son cratère de 500 mètres de diamètre pour une profondeur de 230 mètres, il apparaît presque tout le temps dans le champ de vision depuis Naples. Parfois, il se coiffe d’un petit chapeau blanc au sortir de l’hiver. Omniprésent, le volcan est décliné en multiples facettes au gré du soleil.

Vesuve depuis Herculanum

Il est aussi représenté dans la décoration de bons petits plats du terroir régional, comme c’est le cas au restaurant Président, à Pompéi, chez le chef Paolo Gramaglia, qui décore ses spécialités locales de ses miniatures. C’est l’occasion de dire qu’à Naples et dans la région de Campanie, la cuisine fait bien entendu aussi le bonheur des visiteurs, avec une cuisine qui sent bon la mer, la vraie pizza, les spaghettis alle vongole et les fritures de poissons, de gambas ou de calamars.

Musée à ciel ouvert
Dans le registre des monuments historiques, citons le Palais Royal, le théâtre San Carlo, l’église San Francesco di Paola, la galerie Umberto, le Castel Nuovo, la place du Municipio, le café Gambrinus… et bien d’autres splendeurs du Centre monumental, dans le quartier de la piazza Plebiscito. Celui de Spaccanapoli, le véritable centre historique, est un musée à ciel ouvert. Églises, palais et cloîtres se succèdent dans un enchevêtrement de ruelles. Situé sur l’emplacement de la Naples gréco-romaine, ce quartier est très animé, avec ses petites places, terrasses de cafés et de restaurants. Il faut aussi parcourir ses marchés, visiter ses boutiques et rencontrer quelques-uns de ses artisans. Parmi ceux-ci, les créateurs de crèches religieuses et laïques, dont celles de la famille Ferrigno et leurs milliers de petits personnages façonnés à la main. Le musée de la chapelle Sansevero avec son atmosphère unique est hors du temps. C’est un des joyaux du patrimoine artistique international (XVIIIe siècle), au même titre que l’église de Gesù Nuovo, le monastère de Santa Chiara, la Naples souterraine et la via Toledo, en partie piétonne et bordée de palais et de boutiques.

Une merveille archéologique
Le Musée archéologique national est une pure merveille avec ses riches collections de l’Antiquité, dont de nombreuses fresques, statues géantes et objets en provenance des cités de Pompéi et de Herculanum. Il Lungomare, agréable promenade de bord de mer, débute au niveau de Santa Lucia et se prolonge jusqu’au port de Mergellina, en passant par le Castel dell’Ovo, la villa Pignatelli et le parc de la Villa Comunale. Et pour terminer dans ce registre historique et culturel, le palais de Capo di Monte, majestueux sur sa colline est entouré d’un parc verdoyant. Il abrite des chefs-d’œuvre d’art médiéval et moderne.

A perte de vue
Pour admirer la ville en toute tranquillité, montez donc sur les collines résidentielles de Vomero et de Posillipo. Depuis le parc de Virgiliano, il y a une vue imprenable avec le Vésuve en toile de fond, ou un beau coucher de soleil sur la baie de Nisida. En contrebas, outre la Vallée des Rois, on peut aussi apercevoir les petites îles de Gaiola et l’île de Nisida, où subsistent les ruines de la villa de Brutus, lieu emblématique de la célèbre conspiration ourdie contre César…

 

La côte et les îles

La Campanie est une région d’une rare variété. Sa côte amalfitaine est peut-être l’une des plus belles de la Méditerranée, avec ses villages historiques bâtis à flanc de collines plongeant vers la mer. Les îles de Capri, Ischia et Procida sont accessibles en bateau, à partir du port de Mergellina. La première est connue pour sa végétation luxuriante, bordée d’une mer turquoise. A l’extrémité de la pointe Massullo, où fut tourné le fi lm «Le Mépris» avec Brigitte Bardot, la villa Malaparte est une œuvre architecturale moderne de 1937, construite à flanc de falaise au bord de la mer. Ischia est l’île la plus grande du golfe de Naples. Elle est réputée pour son thermalisme et ses superbes plages. Procida, la plus petite, est aussi la moins touristique par manque de structures hôtelières. C’est ce qui lui donne un charme plus authentique, avec ses maisons colorées, ses vieux cafés et ses sentiers étroits. Les Champs Phlégréens sont situés au nord-ouest de Naples (lacs, phénomènes volcaniques, sites archéologiques, plages…) avec Pozzuoli, la ville natale de Sophia Loren. Outre ses richesses archéologiques, elle a un petit port de pêche bordé de restaurants à spécialités de poissons. Enfin, et parmi bien d’autres sites parfois curieux, parfois captivants, il y a encore la grotte de Seiano et ses vestiges romains de Pausylipon, ainsi que le cratère du volcan de la Solfatara, qui est en perpétuelle ébullition avec ses fumerolles et ses émanations de gaz sulfureux.

Textes et photos Roger Juillerat

Infos pratiques

 

Logements

Hôtel Rex, www.hotel-rex.it (bord de mer, simple et pratique); le Una Hôtel, www.unahotel.fr (luxe, style XIXe siècle, proche des transports en commun).

Restaurants

La pizzeria Mattozzi, via Filangieri 16 à Naples, sert la vraie pizza napolitaine et une grande variété de pâtes; plusieurs petits restos sympas sont dans le centre historique et au bord de la mer; le Président, piazza Schettini à Pompéi est le restaurant gastronomique de Paolo Gramaglia (proche du site archéologique), www.ristorantepresident.it; à Herculanum, l’osteria Locanda sert des produits du terroir, y compris les vins, www.vivalore.it.

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