Touristes, si vous saviez...
DES TRUCS ET DES PLANS / TOURISME FLUVIAL

Au fil du canal de Bourgogne

A 8 km à l’heure maximale autorisée, les personnes impatientes devront s’abstenir. La vitesse en question s’applique à celle qu’on appelle, selon le cas, pénichette ou bateau habitable. Cette mode de tourisme venue des Iles britanniques, à mi-chemin entre le camping et la croisière fluviale à bord d’une embarcation que l’on peut conduire sans permis est née en France au cours des années soixante et a pris une folle ampleur. Ce réseau géré par les VNF (Voies Navigables de France) a pour tâche d’entretenir les berges, purger les algues et draguer les fonds, mais aussi, et surtout, de gérer les écluses sur l’ensemble du patrimoine navigable.

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Carnet de route
Accueil chaleureux. Une réceptionniste nous fait remplir les formulaires officiels et nous donne les premières instructions de base. Un technicien nous présente notre bateau et nous affranchit sur les moindres détails à connaître tant sur le pilotage que des aménagements intérieurs, le fonctionnement des réservoirs d’eau potable, du poste de commandement,  la vidange des toilettes et des douches, du maniement des amarres, et tout et tout… Un petit test de navigation (on ne conduit pas un bateau comme on conduit une voiture), apprendre à utiliser la marche arrière pour freiner,  à aborder par l’arrière, à ne pas braver les interdits, comme, par exemple, ne passer que sous les arcs d’un pont affichés comme autorisés. Règle absolue : ne jamais précipiter les choses, toujours démarrer et aborder en douceur, ne jamais forcer quand on est coincé ou embourbé. Allons-nous mémoriser tout cela ? On verra bien, marin d’eau douce !

Une écluse se remplit d'eau
Un petit tour au supermarché pour faire les provisions d’usage et le lendemain matin : c’est parti ! Départ tranquille, puis, au milieu de l’Yonne, on accélère. L’Yonne est large. Il n’en sera pas de même sur le canal de Bourgogne. Première écluse. Va—t-on arriver à la franchir sans bobo ? Finalement oui, grâce à la bienveillance de l’éclusier. Deux autres écluses et nous voilà perplexes. Sommes-nous bien à l’endroit où nous serions censés bifurquer sur la gauche pour entrer dans le canal de Bourgogne ? Rien ne l’indique. Alea jacta est. Ouf, c’était bien là. Une écluse se présente à quelques centaines de mètres. « Bienvenue sur le canal de Bourgogne ! », nous déclare l’éclusier. Nous voilà donc sur cette voie d’eau bien rectiligne. Attention aux algues et aux bancs de vase. Mieux vaut naviguer au milieu. Nous passons au large de Migennes et sa tonitruante gare de triage. Le bruit ne sera que de courte durée pour céder la place à la sérénité d’une nature paisible qui nous enchantera jusqu’à Tanlay. Un héron cendré nous accompagne presque tout du long, attendant qu’on arrive à son niveau pour s’envoler et nous attendre 200 mètres plus loin et repartir encore. C’est aussi une cane suivie de ses sept petits canetons qui croise le bateau. Doucement ! Ne pas les effrayer, mais attendre que le caneton retardataire ait rejoint la portée. Un couple de cygnes immaculés escorte ses petits aux ailes encore grises. Dans les champs, des vaches charolaises paissent paisiblement. Un vieux lavoir pittoresque borde un étang. Sur le chemin de halage, des cyclistes saluent gaiement. Au loin, on aperçoit les lignes de pêcheurs : ne pas effrayer les poissons en contournant les lignes à petite vitesse. Les pêcheurs en sont reconnaissants et saluent joyeusement. « La pêche est-elle bonne ? » « Pas trop, mais c’est pas grave, juste quelques poissons-chats, mais peu importe, on est dans la nature ! » Rien de très exceptionnel dans tout cela, direz-vous, mais c’est l’occasion de jouir d’un paysage calme et bucolique et d’oublier le stress du quotidien.

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Les éclusiers sont sympas
L’expérience nous a montré que partout, les responsables des écluses étaient charmantes et charmants, serviables et très compréhensifs envers les personnes comme nous qui ne sommes pas toujours très adroits au maniement des amarres. De plus, ils communiquent avec les autres éclusiers afin que les écluses soient ouvertes à notre arrivée et que nous n’ayons pas besoin d’attendre. A chaque passage d’écluse, on y va d’un petit papotage. On se renseigne sur leur emploi du temps et le travail qu’ils font hors saison. Ils se renseignent sur notre lieu d’origine et si tout allait bien. Les maisons des éclusiers sont une attraction par excellence avec, parfois, des nains de jardin et, ailleurs, des charmantes maisonnettes anciennes.

Maison de l'Eclusier
A propos du bateau :
. Essayer d’être plus que deux à bord pour assurer le passage des écluses et les amarrages. A deux,  c’est plutôt sportif. A trois, ça va beaucoup mieux.
. Pour ne pas être trop coincés à bord, choisir plus de places que prévues (p.ex. venir à quatre pour un bateau pouvant accueillir six personnes).
. Bien qu’on vous propose, par exemple, de faire le trajet entre Saint-Florentin et Tanlay d’une seule traite, ce n’est pas à conseiller. Il faut passer 18 écluses et, à la vitesse de 8km à l’heure maximum autorisée, c’est impossible d’y parvenir à moins de se lever aux aurores. Et puis il faut aussi savoir que les écluses n’ouvrent pas avant 09h00 du matin, sont fermées entre 12h00 et 13h00 et ferment le soir entre 18h00 et 19h30 selon les cas.

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Les ports fluviaux
Les ports se suivent et ne se ressemblent pas. Tous ne sont communaux et  certains sont privés. Notre préférence ira à celui de Saint-Florentin grâce à son capitaine accueillant et serviable. Tonnerre et de Brienon-sur-Armançon nous ont semblé un peu olé-olé avec des capitaines du port souvent absents quand on aurait besoin d’eux mais,  par contre, avides d’encaisser les frais de branchement d’eau et d’électricité, la palme revenant au capitaine de Brienon–sur-Armançon. Impossible de brancher l’alimentation en eau sans sa présence qui n’est pas toujours assurée. De plus, il est le seul à vous permettre d’ouvrir le robinet avec une clef spéciale qu’il a sur lui.

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Les visites
Des visites terrestres agrémenteront votre itinéraire sur le parcours Joigny-Tanlay. La ville médiévale de Joigny qui vaut, à elle seule, qu’on y consacre une demi-journée ; Brienon-sur-Armançon et son pittoresque lavoir elliptique du  XIII siècle ; Saint-Florentin avec sa tour médiévale et son église du 14ème siècle ; Tonnerre, avec, en priorité l’Hôtel-Dieu, mais aussi le musée du Chevalier d’Eon et la source karstique appelée Fosse Dione ; le nec plus ultra sera  l’étonnant château Renaissance de Tanlay ayant appartenu à la famille de Coligny.

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La gastronomie
En premier lieu, il faut mentionner le chablis, un cru blanc qui caractérise la région, mais si vous préférez le rouge, alors vous opterez pour l’irancy. La Bourgogne ne propose pas que les escargots, le bœuf bourguignon ou le jambon persillé, mais la liste des spécialités culinaires est longue et le mieux est encore  de les découvrir dans les restaurants qui se trouvent sur le parcours. Pour n’en citer que quelques-uns : La haute gastronomie de la Côte Saint-Jacques à Joigny, mais plus modestement et excellents quand même, Les Tilleuls à Saint-Florentin ou Les Promenades à Tonnerre.

Texte Gérard Blanc et Erika Bodmer
Photos © Gérard Blanc

Infos pratiques

Y aller en voiture

Depuis la Suisse, compter au minimum cinq heures de voiture (six heures en faisant des arrêts). Au port de Joigny, Locaboat vous assure un parking fermé à clef pendant votre parcours fluvial.

Renseignements et réservations

www.locaboat.com

Renseignements sur la région

www.bourgogne-tourisme.com

Agence suisse spécialisée

www.atelierduvoyage.ch

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