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JE PARS TRÈS LOIN

Cusco : la capitale péruvienne de l’Inca Pachacutec

Point de départ ferroviaire au milieu des Andes péruviennes pour rejoindre le Machu Picchu, Cusco était la capitale du monde inca avant l’arrivée des conquistadors. Cela lui confère, encore aujourd’hui un côté mystique que n’a pu effacer la colonisation espagnole

Le grand Inca Pachacutec avait fait de Cusco un centre urbain complexe, qui, avec des fonctions administratives et religieuses distinctes, était délimité en zones conçues  pour les productions agricoles, artisanales et industrielles. A contrario, Lima qui avait été conçue dès le départ comme ville fortifiée. Les Espagnols lors de l’invasion de 1533, ont maintenu l’essentiel de la structure de Cusco tout en construisant des églises et des palais baroques sur les ruines de la cité inca.

Eglise de Belen

Eglise de Belen © Gerard Blanc

La cité reflète aujourd’hui un accord assez harmonieux des cultures inca et hispanique qui, au fil des siècles, sont parvenues à une forme d’accord architectural qu’on peut qualifier d’unique. Toutefois, on a ressenti, lors de la déclaration de l’indépendance par le général argentin San Martin en 1821, comme une frénésie de la part des habitants de Cusco et des environs de redonner, malgré les nombreuses années de colonisation, les valeurs anciennes à la cité inca.

Le mélange des valeurs urbaines réunissant les architectures inca et coloniale en a fait une ville aux rues tirées au cordeau avec les places et les rues fidèles aux plans d’avant le 15ème siècle. Malheureusement, le développement touristique récent pourrait représenter une menace pour la préservation de certains bâtiments anciens parfois modifiés selon les besoins des activités commerciales de la ville. La balle est dans le camp des autorités.

Mur de pierres Incas imbriquees

Mur de pierres Incas imbriquees © Isabelle Blanc

Vu d’avion, Cusco et sa périphérie ont été conçus par les Incas en forme de zigzag pour rappeler le dieu Eclair. D’autres symboles datant des Incas sont encore présents, comme, par exemple, la pelouse aux pieds  du monastère de Santo Domingo où sont représentés le serpent et le condor. Bordant certaines rues ou ruelles, on trouve des murs composés de blocs de pierres pouvant peser jusqu’à cinq tonnes chacun. Ils ont été apportés et ajustés sans ciment. Comment sont-ils arrivés jusque-là ? Au cours de recherches, les archéologues ont trouvé des rondins en bois, des roues en pierre et des cordes qui pourraient expliquer ce phénomène.

Femmes Incas et lamas

Femmes Incas © Gerard Blanc

Cuzco ou Cusco ?
L’écriture de la ville de Cusco fait l’objet d’une polémique sans fin. Officiellement, c’est Cusco qu’il faut adopter, même si Google, Lonely Planet ou encore Encyclopedia Britannica ou même le site Web de l’Unesco l’écrivent avec un “Z”. Pourtant, lorsqu’on se trouve sur place, c’est bien avec un « S » qu’est écrite la ville sur tous les panneaux officiels. Depuis l’indépendance du Pérou, les notables de Cusco ont toujours voulu éliminer les traces espagnoles de la ville pour les remplacer par la nature profondément inca. En 1976, “Cuzco” (avec un  Z) fut interdit et le mot quechua “Qosqo”, ayant deux signification : « Navire du monde » et « centre de l’Univers », fut officiellement adopté. Donc, au diable le « Z » reliquat de l’hégémonie espagnole, surtout quand on apprend que, dans plusieurs pays d’Amérique latine, le cuzco est un petit chien !

Tour de ville
Cusco a d’abord l’attrait de ses habitants, collant comme un gant à l’image que toute personne ayant lu les aventures de Tintin dans « Le Temple du soleil » peut avoir. Les visages burinés, les chapeaux des femmes portant leurs bébés sur le dos dans une couverture d’alpaga colorée, rouge, jaune, bleu, vert ne sont que quelques évocations. C’est au marché de San Pedro que les Quechuas des montagnes environnantes saisissent l’occasion pour se retrouver en famille ou entre copains ou collègues agriculteurs pour venir vendre les produits de leurs fermes, mais aussi pour manger ensemble de la soupe ou des grillades et boire un coup de chicha. Pour autant que vous sachiez quelques mots élémentaires d’espagnol, leur contact est facile et aimable, mais il faut toutefois rester vigilant dans les petites rues des alentours où peuvent sévir parfois les pickpockets. Le quartier que j’ai préféré était sans détour celui de San Blas, l’ancien quartier inca s’il en est, avec ses ruelles étroites du haut desquelles on bénéficie d’une vue panoramique sur les maisons accrochées aux collines environnantes, extension de la ville où ont été construites des maisons résidentielles. Il est impossible d’ignorer, en plein centre, la place d’Armes, jadis Haucoypota (place des complaintes et des rencontres), où se déroulent la plupart des grandes manifestations commémoratives historiques. Il y trône, bien entendu, la majestueuse cathédrale datant du 16ème siècle, mais, tout autant, l’église de la Compagnie de Jésus avec sa collection de toiles et, ses sculptures en bois et sa chapelle souterraine. C’est depuis la place d’Armes que partent des rues et ruelles vers tous les points cardinaux, certaines d’entre elles ayant un cachet particulier avec leurs murs blancs et leurs réverbères.

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Rue de Cusco © Gerard Blanc

Arte Olave
Cusco est le lieu favori d’inspiration pour les artistes en tous genres, mais d’art colonial et inca de préférence. C’est dans l’atelier de poterie-orfèvrerie-sculpture d’inspiration inca que le maestro Antonio Olave, son épouse Avelina et des enfants Francisco, Lidia, Washington, Vito Moisés et Maria Josefina s’inspirent de l’époque coloniale des 16è et 17è siècle pour produire à leur façon des œuvres en terre cuite et des bas-reliefs en métaux précieux que s’arrachent clients des pays du monde entier, mais, en priorité, d’Espagne et des pays voisins (Equateur, Argentine, Chili etc.), mais aussi de Paris. Dans l’atelier de poterie d'Antonio Olave

Si le genre premier est religieux, on trouve dans son atelier-galerie-musée une grande variété de poteries d’argile reproduisant fidèlement celles des Incas, parfois transmises oralement d’une génération à l’autre. Une des représentations est celle du diable montré comme un être plutôt gai et sympathique, selon la vision des habitants de l’Altiplano.

 

Le monastère
L’un des points forts de la visite de la ville est celle du monastère de Santo Domingo, moins pour son aspect religieux et les fresques de la vie de l’effroyable Saint-Dominique, à qui on doit, avec les Frères prêcheurs, la persécution des Cathares (loué par la fameuse « Sœur sourire »), que pour l’évocation du Temple du soleil. De remarquables maquettes retracent la vie à Cusco du temps des Incas, juste retour des choses quand on sait que le couvent a été bâti sur le plus fabuleux site inca de Cusco. Les maquettes et leurs personnages en miniature racontent d’une manière vivante la vie religieuse et administrative des Incas. On apprend ainsi comment fut construit tout un complexe de temples dédiés à d’autres dieux, tels que ceux de l’Arc en ciel, de l’Eclair, des Etoiles, de la Lune. A savoir qu’à côté de ces temples étaient également prévues les habitations des prêtres et des notables, seules personnes admises dans l’enceinte du bâtiment appelé Qoricancha. Le site possédait aussi le plus extraordinaire des jardins artificiels que pouvaient rêver les conquistadors. On y trouvait une incroyable variété en or massif et à l’échelle naturelle, de tout un échantillonnage de plantes utiles, depuis les plants de pommes de terre aux arbres fruitiers en passant par le quinoa, le sara sara (maïs), les piments et toutes autres plantes produisant des éléments comestibles ou, thérapeutiques, mais aussi des arachnides et autres insectes jusqu’aux plus grands animaux de l’empire: ours à lunettes, puma, lama et alpaga et même un couple d’humain leurs enfants.

La fête du Soleil
L’Inti Raymi était la festivité la plus importante du Tawantinsuyu, l’empire inca, dont la religion était basée sur le culte du Soleil. À l’époque, elle était célébrée sur la Plaza de Armas beaucoup plus vaste qu’aujourd’hui, englobant même la Plaza Regocijo. Les hommes suivaient une diète stricte de trois jours avant la célébration : manger que du maïs blanc cru, quelques herbes, de l’eau, et il était interdit aux hommes de dormir avec leurs femmes!
Aujourd’hui, cette fête qui se déroule au moment du solstice, fait l’objet d’une mise en scène de quelques 500 acteurs chaque année, et on estime à plus de 200’000 le nombre de spectateurs qui viennent assister à ce spectacle, à la place des Armes du centre de Cusco, mais surtout au site archéologique voisin de Sacsayhuaman, où se tient le rituel qui se déroule face au mont Qoricancha. C’est un spectacle haut en couleurs, en danses et en musique. On se croirait plongé dans l’album de Tintin « Le Temple du soleil » alors que Tintin allait être sacrifié sur un bucher.

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Soldats Incas, Fête du Soleil © Promperu

Gérard Blanc

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Infos pratiques

Y aller

Genève-Amsterdam-Lima avec KLM et Lima Cusco avec Latam ou Peruvian.

Loger

Hôtel Inkaterra La Casona (en face du Couvent Santo Domingo et proche de la place d’Armes ; Monasterio San Pedro (les deux sont de superbes édifices au cadre authentique.

Restaurant

Le Limo (proche de la place d’Armes), le café MAP (dans l’enceinte du musée d’art précolombien).

A voir encore

Le temple de la Merced, le musée d’art précolombien.

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