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JE PARS À LA DÉCOUVERTE

Les Hittites, ancêtres des Turcs qui peuplèrent l’Anatolie

Selon les experts, il existerait quelques trois mille sites archéologiques en Anatolie (Turquie asiatique) et moins du dixième aurait été découvert ou fait l’objet de fouilles. C’est seulement depuis l’avènement de Must afa Kemal-Atatürk qu’on a commencé à s’intéresser de près aux civilisations qui ont forgé le peuple turc d’aujourd’hui. La bonne volonté et les efforts n’ont pas manqué, mais il faut aussi que les finances suivent, or c’est là où le bât blesse. Même si les sites archéologiques hittites du nord de l’Anatolie n’atteindront jamais la popularité de ceux de l’Egypte ancienne et sont, pour l’instant, que faiblement visités par les amateurs francophones, mais par contre davantage par les Allemands. Le mérite en revient à l’archéologue Hugo Winckler qui sut transmettre son enthousiasme à l’Allemagne entière.

Ankara
La capitale administrative de la Turquie possède l’alpha et l’omega de l’histoire turque avec, d’un côté, le passionnant musée des civilisations anciennes, un excellent moyen d’entamer une étude des premiers hommes de l’Anatolie, et, de l’autre, le mausolée d’Atatürk, doublé d’un intéressant musée à la gloire du grand homme. Dans le premier, on pourrait passer des heures à y découvrir les années qui ont précédé l’ère chrétienne, du néolithique à la période romaine avec l’âge de bronze, les Hittites, les Phrygiens, les Ourartéens et les Héllènes. Les clous de cette visite sont les symboles religieux des civilisations de l’âge de bronze ayant précédé les Hittites (2500 à 2250 avant J.C.), tels des sculptures en terre ou en cuivre représentant la déesse de la fertilité humaine et agricole aux formes généreuses, gardée par deux léopards, le cercle solaire ou encore le canard à deux têtes.

Ankara - mausolee Ataturk

Le culte à un grand homme
L’autre priorité consiste à la visite du mausolée de Mustafa Kemal, dit Atatürk (1888-1938). On prend alors conscience, en côtoyant les visiteurs, turcs en majorité, de la dévotion qu’inspire encore aujourd’hui ce faiseur de miracles. On découvre dans le musée attenant au tombeau l’immensité de ses actions en faveur de la population turque qu’il réalisa, telles que l’obligation d’avoir un nom de famille, le vote des femmes, la laïcité, l’adoption de l’écriture en latin, l’obligation d’un mariage civil, la formation des instituteurs, l’instauration d’un code civil et criminel sur le modèle des codes européens, et bien d’autres encore. Si Ankara est une grande ville administrative (capitale de la Turquie), elle mérite, outre le musée précité, la visite de l’ancienne forteresse appelée Hisar. Majestueuse, elle domine la ville de ses remparts flanqués de tours massives carrées (celles des 20 tours d’origine qui sont encore debout) et son enceinte intérieure que l’on doit à Heraclius en 620. Le village qui entoure cet édifice historique offre le charme de la vieille mosquée Aladin et des pittoresques maisons bourgeoises datant du 18e siècle faites de bois et de torchis.

Hattousa

Hattusha
Partons pour Hattusha, celle qui fut la capitale hittite, ce peuple ayant vécu entre 1780 et 1180 avant J.C. On doit les premières fouilles du site à l’archéologue Charles Félix Marie Texier, dont les travaux furent ensuite repris par l’Allemand Hugo Winckler, devenu un peu l’enfant du pays. La connaissance de ces civilisations anciennes a été rendue possible grâce à une des traductions d’un nombre infini de tablettes d’écriture cunéiforme et de hiéroglyphes découverts sur le site. Il faut se représenter un site immense en pleine nature, avec les emplacements marqués d’au moins quarante temples à perte de vue. Rien de commun avec les Vallées des rois et des reines de Louxor, mais la découverte d’ Hattusha faisant partie du patrimoine mondial de l’UNESCO, est aussi plus récente, et il reste encore beaucoup à découvrir. Bien des merveilles seront mises à jour d’ici les 20 prochaines années, si toutefois les finances sont au rendez-vous. Il faut se représenter un site à perte de vue avec près de quarante temples dominés par un dispositif défensif sur la colline de Yerkapi avec des remparts de 6.5 km de long, des poternes et des escaliers rappelant les temples mayas. Il faut admirer la porte des Lions (les sculptures originales se trouvent au musée d’Ankara). On apprend que cette peuplade, principale origine des Turcs d’aujourd’hui, croyait en un nombre infini de dieux, d’où plusieurs représentations, principalement en bas-relief. A deux kilomètres d’Hattusha, à Yazilikaya, dans des gorges creusées naturellement dans une colline, on peut admirer un bas-relief représentant les douze dieux du monde souterrain et, proche de là, la représentation du roi Tudhaliya IV (1230 avant JC), protégé par Sharruma, dieu de l’orage.

Une Turquie pleine de vie
En ville ou en campagne, on se trouve indubitablement confronté à la vie courante turque, qu’elle soit citadine ou rurale, et représente un point d’orgue donnant la touche vivante à un voyage axé sur le passé. C’est ici un marché de fruits et légumes où les étalagistes se prêtent volontiers à la photo pour autant que s’établisse un dialogue amical. C’est aussi l’observation de la vie citadine le long des quais d’Amasya. Un passage obligé à la pâtisserie de baklavas et autres douceurs permet bien des cadeaux à rapporter. C’est, en apothéose, une visite à la boutique du marchand de loukoums et autres produits locaux qui vous fera aussi une démonstration de sa vieille machine à griller les pois-chiches.

Amasya
Amasya, ville natale du grand historien grec Strabon, doit son nom à Amasis, reine des Amazones, où pas moins de 19 royaumes se sont succédés. Elle possède un charme fou par les effets conjugués de sa situation coincée entre deux montagnes et avec ses anciennes maisons bourgeoises bordant le fleuve Yesilirmak et datant de l’époque ottomane. L’autre image particulièrement pittoresque est celle des tombes troglodytes des rois du Pont (période hellénistique), qui ont été creusées à flanc de montagne. Les bords ombragés du fleuve, sur lequel tournent de vieilles roues à eau, appellent à la promenade nonchalante, passe-temps favori des habitants de tous âges, qui aiment prendre le frais et palabrer sur les bancs proches des sculptures représentant des personnalités ayant marqué l’histoire de la ville. On visite aussi les bâtiments d’époque seljukite, et, pour couronner le tout, une vue panoramique s’offre depuis l’hôtel Appel Palace sur le fort Harsena perché au sommet d’une falaise surplombant la ville.

Amasya

Amasya

Samsun
Cette ville au bord de la mer Noire est historique à plus d’un titre. C’est là où Atatürk débarqua en provenance de Salonique pour établir une nouvelle ère de la Turquie moderne. Elle fut surtout le centre stratégique des célèbres Amazones, ces farouches guerrières qui se seraient fait couper un sein pour être plus à l’aise pour tirer à l’arc, et qui ne gardaient que les filles qu’elles avaient enfantées. Elles tuaient ou rendaient informes les garçons sortis de leur sein pour en faire leurs serviteurs. Cette légende fut contestée par Strabon. A quelques kilomètres à l’ouest de la ville, un parc d’attraction héberge un musée de cire un peu kitsch, mais qui explique assez bien la légende. Au centre de cette ville plutôt industrielle, la place centrale en cours de rénovation offre une tour de l’horloge, un vieux caravanséraïl et une grande mosquée.

Texte et photos Gérard Blanc

 

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