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Santorin, fleuron de l’archipel des Cyclades grecques a été formée par une éruption volcanique il y a environ 1600 ans avant Jésus-Christ. Cela lui confère une configuration géologie atypique qui en fait la coqueluche de son archipel. Ces derniers temps, elle accumule les infortunes dont, en premier, des tremblements de terre à répétition et l’envahissement de croisiéristes avec la pollution qu’il déclenche et qui l’oblige à prendre des mesures.

Séismes et climat : Plusieurs scientifiques s’accordent pour dire qu’il y a un lien direct entre le dérèglement climatique et les tremblements de terre qui se perpétuent actuellement à Santorin. Les scientifiques Christophe Laroque, chercheur à l’université de Reims-Champagne, Marco Bohnhorf, professeur en sismologie de la Freie Universität de Berlin ou encore Cece Hurtado, chercheuse au département de géoscience de l’université d’Etat du Colorado, sont arrivés à la même conclusion :  les zones tectoniques actives connaissent des mouvements de failles et des tremblements de terre plus fréquents en raison De la fonte rapide des glaciers de l’Alaska, de l’Himalaya et des Alpes, qui accentuent les mouvements des plaques tectoniques et favorisent l’émergence de conditions plus favorables à des séismes. La montée du niveau de la mer et les changements de températures modifient la masse des mers et les forces qui s’exercent sur les plaques tectoniques mondiales à cause de la montée des eaux, de même que les éléments météorologiques extrêmes, comme les tempêtes, les phénomènes de pluies intenses ou les inondations. Si le réchauffement climatique n’est pas la seule parmi les causes des séismes, la crise climatique pourrait contribuer à multiplier les risques, notamment dans les zones déjà sensibles.

Villes flottantes à répétition: L’attraction mondiale de Santorin réside dans l’enfilade de maisons et chapelles blanchies à la chaux, parfois coiffées de coupoles bleues, s’alignant au bord d’une majestueuse falaise. C’est un tableau qui atteint son paroxysme pictural au moment du coucher du soleil sur la pointe ouest du  nom d’Oia.

Le spectacle attire une armada de 800 grands bateaux de croisières par an et leurs flots de passagers qui ont atteint le chiffre approchant les 8’000 croisiéristes par jour soit un total de  1,3 millions en 2023 pour des milliards de selfies. Le show fini, ils se bousculent dans les ruelles de la ville et retournent à leurs bateaux, parfois sans avoir dépensé le moindre centime (à bord, les boissons et les repas sont compris dans le forfait).

La limite du supportable a, depuis longtemps, été dépassée et les 15.000 habitants de Santorin le font sentir, tout comme l’ont exprimé ceux de Majorque, de Barcelone, d’Amsterdam, de Florence, de Venise, de Dubrovnik et d’autres encore. A Santorin, ce sont en moyenne 8 à 9 bateaux qui s’alignent au port et polluent allègrement.

Nikos Zorzos, maire de Santorin, vient de prendre des mesures pour freiner le tourisme de masse et, en particulier, de fixer des limites aux grands navires de croisière, ce en quoi, il a reçu l’approbation du Premier Ministre grec Kyriakos Mitsotakis, qui, malgré la manne financière du tourisme qui permettrait de  relancer l’économie de la Grèce, a reconnu que les îles de Santorin et de Mykonos, joyaux du patrimoine grec, devaient être protégées.

La ministre du Tourisme, Olga Kefaloyanni, a emboîté le pas en décidant qu’un maximum de cinq bateaux de croisière pourrait désormais aborder en même temps chaque jour au port de Santorin et d’autres îles grecques.

Réaction : Sans garantie de pouvoir aborder à Santorin comme par le passé, la compagnie de croisière allemande, Aida, dont le siège est à Rostok, vient de décider de renoncer aux sept escales qu’elle avait programmées en mer Egée et de choisir d’autres escales, comme Rhodes, Kos ou dans les ports de Turquie.

Si d’autres compagnies suivent cet exemple, on peut imaginer que le problème sera simplement reporté ailleurs, et d’autres ports subiront probablement le même sort.

Gérard Blanc

Sources : Libération/20 Minutes/Oceania.de, Meinshifberater.