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JE PARS FAIRE LA FÊTE

Petit-grand carnaval à Santa-Cruz de Tenerife

Intimiste et populaire, le carnaval de Santa-Cruz de Tenerife est indubitablement espagnol.

Depuis l’élection de la Reine de carnaval, qui inaugure la partie officielle, jusqu’à l’Enterrement de la Sardine, qui la clôture, c’est une liesse sans fin pour les 15 000 figurants et 200 000 spectateurs qui rassemble tous les âges et toutes les tranches de la société santa-creuzienne. Parfois de condition modeste, les acteurs du carnaval de Santa-Cruz ont été de tout temps habitués à se débrouiller avec les moyens du bord.
Il faut fouiner aux alentours de la calle Noria, dans les vieilles maisons de pêcheurs multicolores, pour surprendre les groupes de carnaval, appelés murgas, en pleine agitation. Dans des pièces enfumées qui, en temps normal, servent de tavernes, on s’entre-maquille, on recoud en hâte un bouton manquant, on donne un dernier coup de peinture à un chapeau en carton ou à un faux plastron. La curiosité pousse le visiteur privilégié à gravir des escaliers étroits jusqu’à une petite salle, où une chorale d’une cinquantaine d’adolescents répète indéfiniment une chanson aux paroles satiriques, à deux voix, sur un air de variété connu. L’enjeu n’est pas seulement de participer aux cortèges, mais, surtout, après des éliminatoires dignes de celles d’une élection de Miss Monde, de figurer au palmarès des meilleurs déguisements et productions. Plus que de gagner un prix offert par la mairie, c’est le sentiment d’avoir battu les groupes adverses qui prime, un peu comme lors d’une sélection d’équipe de football.

Reine de Carnaval Tenerife
Que la fête commence! L’ouverture officielle du carnaval de Santa-Cruz a lieu sur la plaza de España. Elle n’est accessible qu’à un millier de personnes triées sur le volet, lesquelles prennent place dans une tribune hiérarchisée, avec un espace réservé aux V. I. P., parmi lesquelles figurent des sosies de personnalités. Tout autour de la place, les badauds se tordent le cou pour glaner quelques bribes du spectacle qui se déroule sur le podium géant, retransmis sur grand écran, tels les grands concerts de rock.
Accompagné d’une musique forte en décibels, un présentateur apparaît et harangue la foule. Le jury entre en scène en grande pompe pour se placer derrière une longue table et élire la Reine du carnaval. Le spectacle d’ouverture durera plus de deux heures, au cours desquelles des murgas, des comparsas et des candellas se produiront, mais le plus palpitant est encore l’élection de la Reine de carnaval. En fait, elles sont au nombre de trois: la Grande Reine, la Reine enfantine et la Reine mère ou Reine du troisième âge. Le défilé des postulantes au titre de Grande Reine est le plus spectaculaire. Les costumes de ces demoiselles de 15 à 22 ans sont de véritables échafaudages qu’elles portent sur leur tête et leurs épaules. Imaginez seulement des harnachements d’environ quatre mètres de large et autant de haut qui pèsent jusqu’à plus de cinquante kilos et sont faits de plumes, de ballons et de cartonnages décorés! Les candidates doivent supporter stoïquement devant le jury et le public tout en gardant le sourire: une épreuve de force! Le carnaval terminé, ces chefs d’œuvre d’une année de travail seront jetés.
Derrière la scène, un espace sous toile est réservé aux vestiaires des groupes qui viennent se produire. J’y ai découvert une armée de costumières (mères, tantes et grands-mères) qui recousent en hâte un corset déchiré ou une plume qui se détache. Une fois élues, les Reines et leurs dauphines occuperont les meilleures places dans les deux principaux cortèges.

Dans la rue
Pour tout Santa-Creuziens qui se respecte, participer au carnaval signifie ne pas fermer l’oeil pendant dix jours. Acteurs et spectateurs vivent déguisés et se regroupent en famille ou en coterie pour se retrouver au milieu de plusieurs milliers de danseurs sur les places de la ville. Imaginez la place d’Espagne avec une forêt de bras agités au rythme d’une salsa endiablée. Entre deux bals de plein air, des groupes d’hommes déguisés grossièrement en femmes prennent à partie les automobilistes et perturbent la circulation: on accepte tout pendant le carnaval! Vers 19 h, les bars à tapas des ruelles avoisinant le théâtre Guimerá sont pris d’assaut. Se frayer un passage pour accéder au comptoir et passer sa commande relève de l’acrobatie. La bière et le vin coulent à flot, et la machine à découper le jambon Serrano turbine sans discontinuer. Puis, d’un coup, les bars se vident et la foule migre vers la calle de Robayna pour ne rien manquer d’un cortège qui est somme toute très classique.

La moins balnéaire
Sans pour autant nier qu’elle dispose de centres touristiques tels que Playa de Las Americas ou Puerto de la Cruz, l’île de Tenerife déçoit en bien par ses paysages variés et ses villes de type colonial. Le plus spectaculaire est d’abord le parc volcanique du Teide et le Caldera de las Cañadas au centre duquel pointe le Teide, volcan en sommeil dont le sommet est le plus souvent enneigé et pointe au-dessus d’une corolle de nuages, à l’instar du Fuji Yama. Autour, ce ne sont que d’insolites sculptures naturelles de lave pétrifiée prenant des formes que les habitants se sont empressés d’affubler de noms de stars du show business. Pour ce qui est des villes coloniales, les plus belles sont d’abord celle de La Laguna accolée à Santa-Cruz, et, celles de Puerto de la Cruz (bien que très touristique), et, surtout, La Orotava et Icod de los Vinos, très caractéristiques par les balcons boisés des maisons bourgeoises.

C’est à minuit que s’animent les places Santo-Domingo, Principe de Asturias ou encore les abords du parc Garcia Sanabria, où l’on danse à perdre haleine jusqu’au lever du jour. Pour couronner le tout, des camiones, véhicules servant de chars décorés pour les cortèges, sont pris d’assaut par des danseuses et danseurs qui se hissent dessus et se déhanchent au son d’une salsa ou d’une samba diffusée à tue-tête. La circulation de ces camiones tous les quarts d’heure réduit à néant toute tentative de sommeil aux couche-tôt. A huit heures du matin, quand les haut-parleurs de la place d’Espagne se sont tus, les cafés et boulangeries sont envahis par les fêtards qui avalent des churros (pâtisserie) accompagnés d’un chocolat chaud et d’un verre de gnôle. Puis, les plus intrépides se dirigent vers les boîtes pour prolonger la danse jusqu’à midi. Après quelques heures d’un petit somme, on rafraîchi un peu les déguisements froissés, et c’est reparti pour un tour.

Epilogue
De tous les cortèges du carnaval de Santa-Cruz, il en est un qui sort du lot: l’Enterrement de la Sardine. Imaginez une sardine géante argentée juchée sur un char et suivie d’un régiment de faux prêtres exhibant des numéros de Playboy, de bagnards et d’hommes déguisés en fausses veuves éplorées, avançant dans un balancement silencieux avec quelques sanglots étouffés, depuis la place de la République dominicaine jusqu’au port. Au fur et à mesure de sa progression, le cortège funèbre grossit à chaque mètre. Sur le port, un grand bûcher attend qu’on y hisse la sardine pour la brûler. Après une oraison funèbre prononcée par un faux cardinal, une bacchanale, pas catholique du tout, est déclenchée qui ne s’achèvera qu’au petit matin.

Gérard Blanc

Renseignements

Vol : Genève-Madrid-Tenerife avec Iberia

Le prochain carnaval de Santa-Cruz de Tenerife se tiendra du 31 janvier au 9 mars 2025

 

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