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JE PARS À LA DÉCOUVERTE

Le Puy en Velay, lieu de pélerinage et ancienne capitale arverne

Pèlerinages, dentelles et lentilles
Avec ses promontoires où perchent des édifices religieux, le Puy-en- Velay est l’un des plus célèbres points de départ des pèlerinages à Saint-Jacques-de-Compostelle. Dans le prolongement de la chaîne des Puys d’Auvergne, son histoire tant géologique que médiévale lui donne bien des atouts touristiques dans sa manche.
Au début du Tertiaire, le site où naquit le Puy-en-Velay, était sous l’eau. Le magma remonta à la surface et érigea un volcan de type péléen composé d’une sorte de béton de cendres mêlées au gravier, de basalte, lequel fut ensuite disloqué par les chocs des plaques tectoniques. Ceci donne au Puy-en-Velay une configuration composée de deux principales éminences que sont le rocher de Corneille sur lequel s’appuient le centre historique, la cathédrale et la statue de Notre-Dame-du-Rocher, et le rocher de l’Aiguille de 82 mètres de haut au sommet duquel trône la chapelle Saint-Michel.

D’une ruelle à l’autre
Le Puy veut dire « podium » en hauteur.  On peut le décrire comme un labyrinthe de ruelles avec 600 mètres de dénivelé à flanc de colline. Certaines d’entre elles sont pavées de poudingues, sortes de galets d’origine volcanique. L’une des rues les plus pittoresques est celle de Rochetaille et ses demeures datant du 16ème siècle dont celle du Loup, aménagée en chambres d’hôte. Si la rue de la Courrerie est remarquable pour son hôtel particulier des Arcis de Chazourne de style Renaissance, c’est aussi là que vous pourrez acheter la célèbre lentille verte du Puy  à la boutique Sabartot, spécialiste de cette légumineuse. A noter que celle-ci bénéficie d’une AOP ainsi que d’une confrérie qui veille à son application. L’intérêt majeur de la rue Chênebouterie est une maison datant de 1592 dans laquelle naquit le maréchal Fayolle auquel on doit en partie l’offensive décisive de 1918.

Rocher Saint-Michel d’Aiguilhe
Au nord de la ville du Puy-en-Velay
, au sommet d’une ancienne cheminée volcanique trône une magnifique église romane, dédiée à saint Michel depuis le 10ème siècle. La visite commence par l’ascension de quelques marches; à l’arrivée, l’effort est largement récompensé : la vue sur le Puy en Velay est vertigineuse, et la chapelle un petit bijou de l’art roman, toute de simplicité et de fraîcheur, agrémentée de vitraux magnifiques. Un hâvre de paix !

Des places animées
Elles agrémentent cet entrelacs avec leurs terrasses accueillantes. Un bon point de départ est la place du Breuil. Jadis « faire le Breuil » consistait à s’y faire remarquer et, d’un regard, rencontrer l’âme sœur. Aujourd’hui, cette place est le lieu favori des fêtes foraines. Il faut aussi découvrir la place du Martouret où trônait la guillotine de 1793 à 1795. C’est sur cette place qu’à la même époque fut allumé un grand feu de joie d’objets religieux dont la statue de la Vierge Noire d’origine. Sur la place du Clauzel (petit enclos en occitan), où étaient inhumés les pauvres de l’Hôtel-Dieu, se tient régulièrement une foire à la brocante. Sur la place pavée du Plot (pléonasme, car cela voulait simplement dire «place») était installé le pilori où les ivrognes et les voleurs subissaient les moqueries des passants. Elle est le point de départ du chemin de Compostelle. Il s’y tient chaque samedi un marché de produits fermiers régionaux, et on y assiste parfois à du théâtre de rue. C’est enfin depuis la colorée place des Tables et sa fontaine historique qu’on part à l’ascension de la cathédrale par la rue éponyme.

En hauteur de sainteté
Parmi les cathédrales romanes de France, celle de Notre-Dame-de-l’Annonciation, adossée à la falaise de Corneille,  est la plus célèbre. Les 134 marches qui y mènent portent le nom de « petit escalier du ventre »,  jadis creusées dans les remparts romains.

En levant les yeux, on admirera déjà la façade en polychrome, dont une partie a été décorée avec des pierres volcaniques de la région. Un demi-tour sur soi permet de bénéficier d’une vision panoramique sur la rue des Tables et les toits rouges du Puy. Mais finissons de monter les dernières marches pour avoir une surprise de taille : Nous nous trouvons alors au centre de la nef, directement face à l’autel, donc une entrée par le sol.  Cet accès inhabituel a été aménagé au 12ème siècle pour faire face à l’afflux de pèlerins, au même titre que l’ajout de deux nouvelles travées.  La cathédrale a connu trois influences qui furent italienne, espagnole et byzantine. La dernière se confirme dans la statue de la Vierge Noire avec l’enfant Jésus qu’elle présente devant elle, contrairement à l’art religieux occidental où le Christ est sur les genoux de sa mère. Autre témoignage byzantin : des calligraphies de style arabe sur les murs.  Dominant la cathédrale, la statue de Notre-Dame-de-France présentant l’enfant Jésus au monde est une structure en métal couleur minium. A l’instar de la statue de la Liberté de New York. On peut grimper à l’intérieur jusqu’à sa tête.

Le cloître
Construit en même temps que la cathédrale (11e et 12e siècle), le pittoresque cloître roman, très coloré avec ses arcades surmontées d’une mosaïque de losanges blancs, rouges et noirs. Il ne faut pas manquer de visiter, outre la salle capitulaire et ses fresques de la crucifixion, la salle Trésor de la cathédrale où sont exposées des œuvres d’art religieux comme de l’orfèvrerie, des tableaux, des sculptures sur bois, etc.

L’Hôtel-Dieu
Jouxtant la cathédrale, il occupe une place prépondérante parmi les monuments historiques du Puy construits, à l’origine, pour accueillir en priorité les pèlerins les plus démunis. Dans les années 2000, la ville et la Communauté d’agglomération du Puy-en-Velay décidèrent de rénover l’ancien bâtiment. Aujourd’hui, il abrite un musée détaillant l’histoire et le patrimoine du Puy.

L’art de la dentelle
Si les origines de la dentelle du Puy sont floues, certains prétendent qu’elle aurait été importée par des marchands et des colporteurs dès les premiers pèlerinages, et  qui auraient enseigné les premiers rudiments. Au fil du temps, elle connaît un tel essor qu’on la trouve partout, sur les vêtements, les meubles, les carrosses, etc. Après une baisse de production suite à des édits restrictifs de Louis XIII, elle reprend peu à peu. Après la guerre de 1914-1918, la dentelle à la main connaît un déclin et se fait remplacer par la dentelle industrielle. En 1974 s’ouvre le Nouveau conservatoire de la dentelle du Puy pour sauvegarder le patrimoine dentelier. Aujourd’hui, les dentelières à la main sont de retour, mais il y a aussi un dentelier (probablement le seul au monde) que vous trouverez parfois assis au bord de la rue des Tables en train de manier ses fuseaux.

Texte Gérard Blanc
Photos © Isabelle Blanc sauf dentelier © Gérard Blanc

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