JE PARS TOUT PRÈSAoste, la reine des vallées alpines
Incursion dans l’Italie du Nord
Entourée de hautes montagnes allant du Grand Saint-Bernard au Grand Combin au Mont Emilius en passant par la Becca di Nona, Aoste, chef-lieu de la région autonome du val éponyme sort indubitablement du moule typique de la plupart des villes touristiques italiennes. Son passé de garnison prétorienne romaine et de l’évangélisation des premiers chrétiens en fait une attraction irrésistible.
Ave Aoste
C’est en 25 ans avant Jésus-Christ que les Romains fondèrent cette garnison prétorienne du nom d’Augusta Praetoria en l’honneur de l’empereur Octave Auguste, et en firent la Rome des Alpes.
Aujourd’hui, Aoste a su conserver la plus grande part de son enceinte fortifiée. dont le fleuron est la Porte prétorienne. Il faut aussi admirer le théâtre romain et sa monumentale façade. En période estivale, il s’y tiennent des spectacles en plein air. A ne pas oublier enfin l’édifice souterrain du cryptoportique du forum romain.
Flânerie
Déambuler dans les rues du quartier historique d’Aoste est un vrai bonheur par temps ensoleillé, ce qui est souvent le cas. La spacieuse place rectangulaire Emile-Chanoux est un bon point de départ grâce à sa situation centrale. Elle doit son nom à un martyr de la Résistance valdotaine contre le nazisme.
Un bijou rural
Certes, on peut imaginer que les villages ruraux de la région sont légion, mais j’ai eu un coup de cœur en découvrant celui d’Excenex dont j’ai fait la connaissance en logeant à la chambre d’hôte, la maison Du Noyer. Aucun superlatif. Simplement un petit village sans immeuble moderne, avec sa petite église et sa fresque sur son fronton et ses maisons aux toits de bardeaux et des paysans aux champs avec les Alpes en arrière-plan et un calme infini. En y allant, le bon sens est de rester discret.
La façade principale du majestueux hôtel de ville est ornée d’un fronton et de deux statues représentant les deux rivières qui traversent la ville, à savoir la Dora Baltea et le Buthier.
En levant la tête vers le toit, on découvre un cadran solaire. On peut aussi visiter les intérieurs, dont la salle ducale avec ses fresques et des incrustations.
À côté de l’hôtel de ville se trouve l’hôtel des États, un bâtiment du XVIIIe siècle qui abritait l’assemblée législative locale sous la couronne de Savoie. De cette place partent les artères piétonnières telle que la rue Jean-Baptiste de Tillier, la rue Porte Prætoria, la rue de l’hôtel des États, la rue Xavier de Maistre ou enfin celle du Conseil des Commis. Si le shopping reste le maître mot pour toutes les boutiques qui les bordent, les dégustations ont aussi leur place avec les spécialités locales. L’apothéose de la visite sera de prendre la télécabine pour une vue panoramique sur le fond de la vallée.

Art religieux
Parmi les édifices religieux d’Aoste, on retiendra la collégiale de Saints-Pierre et Ours et son cloitre riche en histoire du début de la chrétienté. Dans cette église on peut admirer des fresques datant des premiers chrétiens ainsi qu’une superbe mosaïque en forme de carré. Il faut aussi visiter les combles pour y découvrir des fresques datant de l’époque ottonienne (entre 950 et 1050).
Moyen-Age
A l’angle nord-est de l’enceinte murale se trouve une tour carrée qui date de l’époque romaine. Par la suite, elle fut au fil du temps aménagée en tour du baillage et devint la résidence des baillis De Palatio, représentants du Dûché de Savoie, pour enfin être transformée en prison entre 1430 et 1984. Après travaux, elle sera consacrée l’Institut musical régional.
Château de Fénis
Dans la campagne environnante d’Aoste se dresse le château majestueux de Fénis, juché sur une colline au pied des Alpes. Cet édifice imposant fut construit sur l’ordre du vicomte d’Aoste Aymon de Challant au 13ème siècle.
Ce château est équipé d’un apparat défensif imposant, avec tous les effets classiques d’un château médiéval : ses tours, ses remparts crénelés, ses mâchicoulis, ses meurtrières, son chemin de ronde, etc. Il se visite aussi pour sa chapelle, ses cheminées dont l’évacuation de celle des cuisines servait à chauffer les étages, et son mobilier d’époque, mais surtout pour ses fresques. Celle de la cour, par exemple, représente saint Georges terrassant le dragon, tandis que celles du balcon représentent des sages de l’Antiquité.
Les Vaudois d’Italie
Il est fréquent de trouver des enseignes de boutiques ou des noms d’entreprise rédigés en langue française. Vous serez peut-être intéressé d’apprendre que dans les écoles de la vallée d’Aoste, le français est la première langue étrangère enseignée à l’école. Dans celles qu’on appelle les « Les Vallées vaudoise » et qui n’ont rien à voir avec le canton de Vaud, un réformateur avant la lettre du nom de Pierre Valdo, Vaudès ou Valdès, riche marchand de Lyon qui, frappé par la lecture de l’Évangile, vendit tous ses biens pour prêcher en vivant dans la pauvreté. Il fit réaliser une traduction de textes bibliques dans la langue du peuple, l’occitan. Les Vaudois sont immédiatement excommuniés par la papauté et persécutés. Plus tard, ils adoptèrent les idées des réformateurs et de Farel en particulier. Après la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV, la persécution des protestants français poussent ceux-ci à l’exil et, entre autres dans les Vallées vaudoises.
Texte Gérard Blanc
Photos (1 et 4) Catherine Blanc, (2) Enrico Romanzi/OT Valle d’Aosta, (3) Gérard Blanc, (5) OT Valle d’Aosta, (6) Erika Bodmer







