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A Séville, Colomb, Don Juan, Carmen et les autres

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Plus que toute autre ville ibérique, Séville est synonyme de passion. On n’y fait rien mollement. Pour exemples ses illustres habitants tels Don Juan, les rois catholiques, Christophe Colomb, Velasquez et, bien entendu, les Gitans.

Jusqu’alors, Séville ne figurait pas parmi les destinations directes au départ de la Suisse en général et de Genève en particulier. C’est chose faite avec une ligne aérienne régulière. Voilà donc Séville à deux heures et demie d’avion avec la possibilité d’y faire plusieurs sauts de puce, le temps d’en visiter une partie à chaque fois, car cette cité mythique mérite d’y revenir, tant son patrimoine culturel est riche.

Un bon point de départ est la tour qui intrigue tout nouveau visiteur, peut-être parce qu’elle domine toute la ville de ses 94 mètres. Elle est le symbole même de la cité andalouse et porte le nom de Giralda pour sa grande girouette perchée sur son clocher. Avec le patio des orangers qui la côtoie, c’est l’un des rares vestiges de la mosquée des Almohades qui est partie intégrante de la cathédrale, dont la nef abrite, notamment, le tombeau de Christophe Colomb. Le superbe palais Arzobispal ou palais des Archevêques donne sur la place de la Giralda. C’est là même où sont conservées les archives générales de Indes occidentales depuis le XVe siècle jusqu’à la période de l’indépendance des pays d’Amérique latine.

Au nom des rois
Egalement connu sous le nom d’Alcazar, le palais royal est encore habité de temps à autre par la famille royale (impossible d’y accéder quand Juan Carlos et sa suite sont présents). Il faut savoir que le terme d’Alcazar ne s’applique pas qu’à Séville. Le mot vient de l’arabe et signifie forteresse. Il en existe plusieurs en Espagne, mais c’est celui de Séville qui est le plus connu. La marque définitive de style mudéjar (du terme musulman muddayin) fut donnée par le roi Pedro I. C’est un mélange de styles gothique, almohade et baroque. Les styles évoluent quand on passe du patio des Poupées (où étaient exposés des automates pour le plaisir des enfants de la noblesse), à celui des Demoiselles et à celui des Drapeaux (Banderas). Le patio de Las Doncellas (cour des demoiselles d’honneur) est une merveille avec son jardin central, son bassin et ses murs décorés de faïences arabes et d’azulejos.

Jardins Alcazar

On trouve à l’Alcazar de nombreuses références aux aventuriers-navigateurs du XVe siècle, dont Christophe Colomb, bien sûr, mais aussi le Magellan qui partit de Séville pour un tour du monde avec cent marins et n’en revint qu’avec une vingtaine. C’est dans la salle de l’Amirauté que, à la suite de la découverte du Nouveau-Monde, une carte fut établie permettant aux navigateurs de s’orienter pour faire le tour du monde.

Si les salles de l’Alcazar sont richement ornées, le musée dédié aux faïences datant du XVIe siècle est l’un des clous de cette visite. On y trouve des œuvres récoltées ici et là dans les divers palais et maisons de maître de la ville.

On ne peut quitter l’Alcazar sans avoir visité les jardins qui montrent avec quelle élégance les Arabes savaient marier l’eau apportée par aqueduc datant du XIe siècle depuis 25 kilomètres et la végétation luxuriante. A eux seuls, ces jardins occupent 80% de la surface du domaine. C’est un enchantement de palmiers, de fontaines, d’agrumes et de jasmin. Ils portent les noms de Jardin des Dames, Jardin à l’anglaise et Jardin à la française (inspiré par celui de Le Nôtre à Versailles).

Sur un air d’opéra
Le poète disait que pour bien apprécier une ville, il fallait s’y perdre. C’est ce qui pourra vous arriver si vous vous enfilez dans les ruelles du quartier juif sans avoir un bon guide. Mais c’est là où vous respirerez à pleins poumons l’atmosphère qui fut celui qui inspira bien des auteurs et compositeurs, comme Bizet, Rossini, Beaumarchais, Molière ou Mozart, les oeuvres célèbres telles que Carmen, Don Giovanni, le Barbier de Séville, etc. C’est en ces lieux qu’étaient censées se dérouler les scènes des célèbres opéras, y compris une taverne où se serait désaltéré Don Juan. Ce quartier regorge de sympathiques petites gargotes décorées d’impressionnants jambons et où les Sévillans s’adonnent au rituel des tapas à toute heure de la journée, voire de la soirée. Ces rues sont bordées de coquettes petites maisons anciennes avec des charmants patios fleuris et ombragés ayant appartenu parfois à des personnages illustres, comme, par exemple, la maison natale de Velasquez, occupée aujourd’hui par un atelier de design.

Séville

Un champignon parasol
A en croire certaines personnalités de Séville, la plaza de la Encarnación aurait été vétuste et devait absolument être réaménagée. C’est le projet du sculpteur berlinois Jürgen Mayer qui fut accepté. Il consistait en la construction d’un gigantesque lactaire (les Sévillans l’appellent «le champignon») de 150 mètres de long, 70 mètres de large et 26 mètres de haut nommé Metropol Parasol. Au moment où le sol fut creusé pour mettre en place les fondations, c’est toute une ville romaine qu’on découvrit dans le sous-sol et qui se visite sous le nom d’Antiquarium. Mais outre le marché couvert intégré, le clou de ce bâtiment est avant tout le mirador auquel on accède par ascenseur et un dédale d’escaliers et de rampes pour profiter d’une superbe vue panoramique sur l’ensemble de Séville.

Le temple du flamenco
Vous n’ignorez probablement pas que c’est en Andalousie que se trouvent les meilleurs témoignages de cette culture qui porte le nom de flamenco et qui puise ses origines dans le monde gitan. FlamencoSi vos connaissances s’arrêtent là, ne vous en faites pas, sinon, à quoi servirait-il d’avoir créé le musée du flamenco de Séville? Il est l’œuvre de Cristina Oios et d’Antonio Vales, deux personnes qui respirent le flamenco par tous les pores et à qui l’on doit le film récent de Carmen. Précisons: Le flamenco est un art et dépasse la simple notion du folklore, avec ses multiples ramifications, telles que les sevillanas. En visitant le musée du flamenco de Séville, vous apprendrez que cette culture est loin d’être figée et qu’elle évolue en permanence dans des domaines autres que la simple notion du trio musical et de la chorégraphie (chant, guitare et danse homme, femme ou les deux). Il y a aussi le design flamenco, la couture flamenco, la photographie flamenco, la peinture flamenco. Pour ne nommer qu’elle, la couture est un volet qui connait chaque année des défilés de mode. Dans les rues de Séville, des boutiques entières sont consacrées au seul sujet des robes de flamenco au goût du jour que les Sévillanas, voire de l’Espagne entière, portent lors de fêtes mondaines. Séville résonne au son du flamenco, vibre le flamenco, s’ébloui du flamenco. Mais revenons au musée. FlamencoIl est atypique dans le sens où il est interactif. On y entend du flamenco et on y visionne des vidéos, certes, et on y apprend ses origines, comme, par exemple, les castagnettes qui viennent de la Crète, apportées par les Phéniciens. On apprend aussi que la lointaine origine des Gitans était l’Inde, qui a notamment inspiré les mouvements des mains des danseuses. On y apprend aussi l’origine de la guitare, à savoir le oud (sorte de mandoline) nord-africain. Au musée de Séville, on peut aussi suivre des cours de flamenco, mais, cerise sur le gâteau, assister à un spectacle d’une heure, animé par des perfectionnistes de haut vol, avec une qualité difficilement égalée ailleurs en Espagne.

Carmona

 

Carmona, la petite sœur

Si la grande ville de Séville a de nombreux atouts, faire une incursion dans la campagne environnante pour découvrir les multiples villages blancs est un bonheur sans limite. Carmona est plus qu’un village, c’est une petite ville qui bénéficie d’un patrimoine historique qui, certes, n’est pas celui de la grande soeur, mais qui, elle aussi, possède son Alcazar (un château médiéval) et sa girouette au sommet de l’église de San Pedro, et ses portes, dont celles de Séville et de Cordoue. Un conseil: montez en haut du donjon de l’Alcazar de la porte de Séville et vous aurez une vue sur une mer de maisons d’un blanc éclatant coiffées de toits en tuiles rouges: un spectacle inoubliable. Le patrimoine n’est, bien entendu, pas celui de Séville, mais sait bien se tenir avec un nombre impressionnant d’édifices religieux et historiques. Parmi les monuments dignes d’intérêts, on mettra en tête le château de la porte de Séville, puis le couvent de Santa Clara et ses spécialités de pâtisseries, celui de Madre de Dios, remarquable par son chapitre ancien et sa maison Mudejar, ainsi que la pittoresque place du Marché avec ses arcades. Il faut enfin se promener dans les petites ruelles pavées, jalonnées de palais et de maisons seigneuriales aboutissant à des petites places bordées de palmiers et d’orangers.

Textes et photos Gérard Blanc

 

Infos pratiques

Vol

Genève-Séville trois fois par semaine avec easyJet.

Renseignements

Offi ce national espagnol du tourisme: www.spain.info; Turismo de Sevilla: www.visitasevilla.es

Hôtel

L’Inglaterra (sur la Plaza Nueva) et l’hostelleria del Laurel (trps typée) à Séville et le Parador à Carmona (forteresse arabe du XIVe siècle).

Restaurants

La Casa Roman (bar à tapas proche de l’Alcazar), la Taberna Gongora (rue Almirante Bonifaz).

Gastronomie

Un produit fait fureur à Séville: le jambon cru Iberico de bellotas (porcs mi-sauvages nourris aux glands). Pour le rapporter à la maison, le bon boucher vous le coupera en lamelles et l’emballera sous vide.

Shopping

La crise aidant, les prix du prêt à porter, des sacs à main, des chaussures et autres articles sont vraiment très doux ces temps-ci à Séville. Vêtements, sacs, chaussures etc. sont à des prix plus qu’abordables dans les rues convergeant sur la Plaza Nueva.

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