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DES TRUCS ET DES PLANS / CROISIÈRES

Une croisière côtière en Norvège, de la lumière plein les yeux

Qu’évoque pour vous la Norvège? Les fjords, les saumons, la neige? C’est bien plus encore. En premier lieu, il est un phénomène indescriptible tant qu’il n’a pas été vécu: la lumière 24 heures sur 24 du printemps nordique, le sentiment de ne jamais pouvoir s’endormir, à moins d’avoir tiré les rideaux de sa chambre pour faire le noir complet.

Il est une bien plus grande émotion encore qui attend la néophyte que je suis en matière de découvertes norvégiennes: le Hurtigruten.

Il s’agit d’une ligne maritime de cabotage qui, en six jours, relie quotidiennement Kirkenes à Bergen (du nord au sud) ou l’inverse. Au cours de ce périple, ce navire fait escale dans 35 ports et passe 28 phares. Les marins norvégiens aguerris louvoient avec art entre de multiples écueils. Il faut savoir que certains des ports desservis n’ont pas d’autre moyen de communication avec le reste de la Norvège.

En croisière
Sur un concert de cris de mouettes, le bateau s’ébranle et longe le fjord pour gagner le large. L’arrivée en pleine mer est un peu mouvementée, mais le calme revient vite. C’est de la lumière plein les yeux, c’est le repos de l’âme. Inlassablement défilent des tableaux impressionnistes illustrant des falaises escarpées, des sommets enneigés dans le lointain, et, partout, des nuées d’oiseaux de mer. Les fjords et les îles se succèdent à un rythme qui désoriente. Sur les côtes, des fermes isolées en bois colorent le paysage de taches rouge foncé. L’origine de cette couleur vient du sang de poisson utilisé jadis pour traiter le bois des maisons. A chaque escale un temps suffisant est alloué à une courte visite de la ville si l’en est ou d’un site culturel. Dans certains cas, il est même possible de suivre un circuit guidé en autocar, lequel rejoint le bateau à l’escale suivante. Au fur et à mesure de la progression vers le sud, la végétation change et les plaques d’ardoise et de granit cèdent la place à des buissons d’airelles par milliers. Le climat se réchauffe sous l’influence du Gulf Stream. Selon la direction du vent, les lainages qui se seraient imposés à Kirkenes semblent superflus à voir la jeunesse locale se prélasser en tenues d’été, mais n’oublions pas qu’ils sont habitués au climat.

L’escale de Tromsø laisse le souvenir inoubliable d’un concert de minuit dans la cathédrale arctique à la lueur de chandelles, et, parallèlement, des rayons du soleil qui pointent dans cet édifice aux lignes insolites.

Crabes Royaux

Paniers de crabes
La Russie n’est pas bien loin de Kirkenes. En longeant la frontière pendant une vingtaine de kilomètres, on entre dans l’Artic Adventure Resort, d’où partent des zodiacs pour la pêche aux crabes royaux. Ces crustacés originaires de l’Alaska via la Russie suscitent un intérêt particulier. Pouvant atteindre de 14 à 15 kg et produire un demi-million d’œufs à maturité, certains les considèrent néanmoins comme un désastre écologique. La crainte est de les voir se propager tout au long des côtes avec leur appétit vorace pour d’autres crustacés, mais aussi pour des larves marines dont d’autres espèces font leur subsistance. Mais dans l’immédiat, un crabe royal fraîchement pêché et grillé, accompagné d’un morceau de pain et d’un verre de vin blanc est un repas … royal, bien sûr.

A Harstad, la visite du «Point House» apprend que cet édifice avait été construit pour obtenir le monopole du vin dans la ville. Non loin de là, l’église de Trondenes, dont l’origine se situe vers 1250, est une petite merveille d’architecture et de décoration intérieure. On y aurait baptisé les premiers chrétiens contre leur gré dans le lac avoisinant, et le pasteur, qui avait traduit la Bible afin de convertir les Inuits, s’y serait accordé quelques libertés de traduction, l’agneau de Dieu devenant un phoque, et l’enfer ne pouvant être présenté comme un endroit chaud pour un peuple vivant sur la banquise.

C’est de Harstad que nous partons en excursion sur les iles Vesterälen. Si vous prenez le bac à Flesnes, il ne faut pas manquer de goûter à la spécialité qu’est le fromage brun de chèvre, accompagné de gaufres.

Chaque petit port et village a son charme particulier. Ici on cultive des moules, là un élevage de poissons, et on trouve même des fraises mûries au soleil de minuit. Et partout s’affichent des grands râteliers où des tonnes de poissons sèchent en plein air.

Quittant les iles Vesterälen, le bateau se dirige vers les iles Lofoten et croise l’impressionnant Trollfjord. La majesté des lieux pourrait rendre crédibles les légendes qui y sont attachées. Le transfert en mer sur un petit bateau permet d’approcher les falaises, forêt de pics dentelés ponctués de petites criques aux plages de sable blanc qui, avec le  Turquoise de la mer donneraient presque l’illusion d’un paysage tropical. C’est alors le spectacle des aigles de mer qui plongent avec une rapidité fulgurante pour attraper un poisson.
L’arrivé du bateau à Bodo nous ramène au terminus nord du chemin de fer. Depuis cette gare, les trains partent tous vers le sud (environ 20 heures jusqu’à Oslo). Avec un certain pincement au coeur, nous retrouvons le bruit des transports que nous avions oublié pendant quelques jours. Mais avant de quitter cette région, des petits frissons nous attendent sur un bateau pneumatique sautant sur les vagues à la découverte du Saltstraumen. Des marées montantes et descendantes brassent d’énormes masses d’eau qui s’engouffrent dans un étroit goulet et refluent, créant ainsi de violents tourbillons. Mon expérience du Hurtigruten s’arrête là.

Après avoir goûté à l’attrait du grand nord je suis bien tentée d’y retourner et pourquoi pas en hiver, dans l’espoir d’assister à la féérie d’une aurore boréale.

Chez les Lapons
Le début, la fin, ou le milieu d’une croisière côtière du Hurtiguten est l’occasion de découvertes hors-circuit. Proche de Kirkenes se situe le Finnmark, territoire incontesté des Lapons (ou Sami) qui ne connaissent pas les frontières politiques et se répartissent à la fois entre la Norvège, la Suède, la Finlande et même un peu la Russie, sur la péninsule de Kola. L’occasion est donc rêvée de rendre visite à un campement sami pour faire connaissance avec ce peuple fascinant et de partager un repas traditionnel dans leur lavvu (tente). Le campement se compose de cabanes en bois, mais la tente en peaux de renne n’a pas complètement disparu. Un feu de bois trône au centre, posé sur un tas de pierres. Il sert à la fois au chauffage et à la cuisine. Saucisses de renne, poisson fumé et légumes sont au menu, le tout cuisiné devant les invités et arrosé d’une bière locale: un vrai délice. Avec un peu de chance, votre hôte se lancera dans un joik (chanson en lapon).

Texte Mary Kehrli-Smyth,
Photos Thierry Porchet



Infos pratiques

 

Vol

Genève-Oslo avec Norwegian Airlines et SAS, Genève-Bergen ou Genève-Kirkenes  via Copenhague avec SAS.

En mer

La flotte du Hurtigruten dispose de 11 navires, tous équipés de cabines confortables, de la grande suite avec salon de 37 m2 à la cabine intérieure de 7 m2. Les prix dépendent évidemment de la saison, de la cabine choisie et de son emplacement à bord. Le milieu de gamme est une mini-suite de 18 m2 et une cabine extérieure de 13 m2. Les arrangements sont multiples, selon les parcours choisis, et peuvent être organisés à la carte. Les repas peuvent être ou non prévus à l’avance mais ne sont pas obligatoirement compris dans les forfaits.

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