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JE PARS EN WEEK-END

Varsovie-Cracovie, la fierté d’un peuple

La Pologne est l’un des pays d’Europe à avoir été le plus meurtri par l’Histoire. On en prend conscience quand, le temps d’un long week-end, on se consacre à la visite des cités de Varsovie et de Cracovie.

…et de rage, Hitler fit raser Varsovie:
Impossible d’apprécier la capitale polonaise à sa mesure sans prendre conscience de la tragédie que fut l’insurrection de Varsovie qui débuta le 1er août 1944. Ce soulèvement contre l’envahisseur nazi, sans armes autres que celles prises à l’ennemi et avec des batailles de barricades, mit Hitler en rage. Par pure réaction hystérique, il ordonna de raser la ville au canon, au lance-flammes et à l’explosif pour qu’il n’en reste rien.

Ce fait historique permet à tout nouveau venu un autre regard sur la capitale polonaise. Il peut ainsi apprécier ce phénomène ahurissant d’une ville entièrement reconstruite, mais au goût soviétique, c’est-à-dire en excluant toute reconstruction de ce qui pourrait donner une impression aristocrate. Pourtant, Moscou n’alla pas jusqu’à s’attaquer à la sève de la vie polonaise qu’est l’église catholique romaine. La plupart des églises ont donc été reconstruites.

La Voie Royale
On l’appelle aussi les Champs-Elysées de Varsovie pour son amplitude et les commerces de luxe qui la jalonnent, dont un chocolatier suisse et un pâtissier français, mais aussi des boutiques de mode, un faux palmier géant, une statue du Général de Gaulle, une statue de Frédéric Chopin sous un saule pleureur, une autre d’un autre grand héros que fut l’astronome Nicolas Copernic, plusieurs églises, dont celle des Visitandines, là où Chopin allait tenir l’orgue le dimanche, et, surtout, le palais présidentiel que beaucoup ont pu voir à la télévision lors des obsèques du président Lech Kaczynski après le crash de Smolensk.

La Voie Royale aboutit à la place du Marché avec, côté Vistule, le château (reconstruit) et de l’autre, les premières maisons de la vieille ville qui se comparerait à Montmartre pour son animation, ses ruelles de boutiques artisanales et ses terrasses de café, sous le regard de la statue de la Sirène brandissant une épée dont la légende donna son nom à Varsovie.

L’un des plus fastueux parcs urbains d’Europe est sans conteste celui de la résidence d’été du dernier roi de Pologne, Stanislas Poniatowski. La rigueur avec laquelle les règles de protection de la nature sont appliquées a pour effet que les oiseaux (dont une colonie de paons) et les écureuils s’y promènent en toute liberté et sans crainte du promeneur. On y admirera le palais du 17e siècle, tout comme l’orangerie et bien d’autres bâtiments historiques qui lui confèrent une grande noblesse.

Comme toute ville moderne, Varsovie connaît un développement artistique. On voit notamment fleurir dans le quartier de Praga des initiatives alternatives, telles que l’ancienne usine de vodka Koneser. Dès le passage du portail, on entre dans une cour où figurent des sculptures à base de matériaux de récupération et un échiquier géant. A l’étage d’un des bâtiments, la galerie d’art Dorum expose des oeuvres de styles Tiffany et Art nouveau avec, en prime, un bustier arborant une vieille photo de Marilyn Monroe.

Un quartier monument
Si le ghetto de Varsovie a été rasé par les nazis et n’a pas été reconstruit, en revanche, le quartier juif de Cracovie, appelé Kazimierz, qui fut habité par la communauté juive pendant quelque 500 ans, est resté debout malgré les brimades allemandes et les déportations. Il demeure aujourd’hui le point de mire privilégié des jeunes israélites venus de tous les coins du monde (beaucoup des Etats-Unis) et guidés par leurs pairs dans un pèlerinage de l’holocauste. Contrairement à Varsovie, les six synagogues d’origine sont toujours debout. Ce quartier a notamment été rendu célèbre par Steven Spielberg dans son film «La liste de Schindler». On peut aussi visiter la fameuse usine de vaisselle émaillée de Zablocie, non loin de là.

La martyrologie
Pour commémorer les 6 millions de Polonais et de juifs qui ont péri pendant la Seconde Guerre mondiale, sans omettre les autres massacres organisés par les tsars et l’URSS, un bon nombre de monuments ont été érigés ici et là aux alentours de la vieille ville et de la Voie Royale. On citera en premier celui des héros du ghetto et, ensuite, celui en mémoire du soulèvement de Varsovie en 1944, mais le plus insolite reste celui du «petit cordonnier», l’artisan symbole de la résistance polonaise.

Cracovie, la royale
Pour le visiteur de la première heure, Cracovie, l’ancienne capitale, se scinde en deux pôles: la vieille ville ou Stare Miasto, et Kazimierz, le quartier juif. Mais en premier lieu, c’est le château de Wawel qui, contrairement au château de Varsovie, est authentique avec son mélange de styles gothique, Renaissance et baroque. A cet édifice est accolée la cathédrale et ses trois tours dont l’une d’elle arbore la plus grande cloche d’Europe. Elle connut les couronnements des rois de Pologne. Au bord de la Vistule est érigée la statue d’un dragon, symbole de Cracovie qui, selon la légende, demandait une jeune vierge pour chacun de ses repas.

On notera la plus petite et très authentique synagogue de Remuh et, en particulier, son cimetière adjacent et son «Mur des lamentations» fabriqué avec les pierres tombales des cimetières juifs, après qu’elles aient été déterrées par les Allemands pour en faire les trottoirs de Cracovie.

Stare Miasto est le centre de gravité de Cracovie et la priorité du visiteur. Ses maisons de style baroque et ses ruelles sont pleines de charme et remplie d’une ambiance bon enfant. La place Rynek, ou place du Marché principal, est un monument en soi avec, comme point de mire, la cathédrale dont on admirera le retable, la plus grande réalisation en bois de style gothique tardif et, au centre, on visitera le Subiennice, sorte de marché couvert aux vêtements datant du 14e siècle. A noter enfin que des marchands de fleurs colorent en permanence l’illustre place pour perpétrer la tradition.

Librairie Chopin

Le héros national
Chopin représente pour les Polonais le symbole de l’artiste accompli, mais aussi celui de l’exilé qui, suite à l’entrée de l’armée du tsar en Pologne, a pris refuge en France. Le compositeur a vu le jour à Zelazowa Wola, proche de Varasovie, le 22 février 1810, pour l’état civil, et le 1er mars pour le compositeur lui-même. Alors, faute de certitude, les Polonais commémorent les deux dates.
Pour le bicentenaire de la naissance de Chopin, une grande partie des concerts a déjà eu lieu pendant le premier trimestre, mais il reste encore des manifestations pendant presque tout le mois d’août sur le thème du festival «Chopin et son Europe», et une autre série de concerts et récitals avec des musiciens de renom est prévue du 1er au 16 octobre.
Une fois sur place, il est recommandé de visiter l’exposition dédiée à Chopin dans l’Institut National de Varsovie. Vous y apprécierez la présentation interactive des différentes phases de la vie du compositeur, y compris ces relations féminines, dont George Sand, qui, semblerait- il, était l’exception platonique, et qui l’accueillit dans son château de Nohant. On y découvre aussi son état souffreteux décrit par un abondant courrier, notamment lors de ses passages à Palma de Majorque. Une autre manière de découvrir la vie du compositeur est de suivre un itinéraire «Sur les traces de Chopin», ponctué d’oeuvres du compositeur à écouter à chaque étape sur des bancs de pierre, et notamment dans le «Faubourg de Cracovie» là où la famille de l’artiste habitait. Enfin, l’insolite est de découvrir, dans l’église de la Sainte-Croix, l’emplacement où a été muré le coeur de Chopin.

Texte Erika Blanc
Photos Gérard Blanc

 

Infos pratiques

Vol

Genève-Varsovie quotidien avec LOT et Wizzair.

Renseignements

www.poland.travel/fr

Agences spécialisées

AIT (voyages musicaux), 022 799 39 58; Kira Voyages, 056 200 19 00.

Restaurants coups de coeur

A Varsovie: Le Kamanda Lwowska.
A Cracovie: Le Percheron (hôtel Kossak); le Sempre, le Jarema.

Hôtels

Dans la catégorie 5 étoiles les mieux placés, à Varsovie comme à Cracovie sont les Sheraton. On trouve toutefois plus typique et aussi plus authentique comme le Castel Inn à Varsovie et l’Ostoya Palace (vieille ville) à Cracovie.

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