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JE PARS EN WEEK-END

Le vieux Bordeaux «new look»

Un quartier historique remis en valeur

Si vous avez visité Bordeaux il y a environ une vingtaine d’années, vous n’allez pas la reconnaître. C’est surtout le vieux Bordeaux qui sera votre grande surprise, grâce aux efforts de rénovation dus à l’association «Renaissance du vieux Bordeaux», conjugués à ceux des autorités depuis près de vingt ans dont, notamment, l’aménagement de nombreuses zones piétonnières.

Ce nouvel aspect est l’aboutissement d’un travail entamé en 1996 comprenant le ravalement des façades, l’aménagement des quais en bord de la Garonne et la requalification des espaces urbains.

S’il est, à Bordeaux comme ailleurs, des sites touristiques incontournables, le Vieux Bordeaux, composé de quartiers tels celui des Grands Hommes et ceux de Sainte-Croix, de Saint-Michel ou de Saint-Pierre, m’ont  offert le privilège d’une promenade pedibus, le nez en l’air. Je me suis plongé dans une ambiance quasi villageoise.

Les momies

La flèche Saint-Michel, haute de 114 mètres, possède un attrait narratif assez particulier quand on apprend qu’en 1791, lorsque le Directoire du département ordonne la destruction de l’ancien cimetière paroissial de l’église de Saint-Michel, les morts sont excavés et transportés dans une fosse commune, et, oh surprise, on découvre que plusieurs corps sont bien conservés. Il est alors décidé de les placer adosser aux murs de la crypte de la flèche de Saint-Michel jusqu’en 1979, date à laquelle ils seront à nouveau ensevelis dans une fosse commune. Cette exposition de momies fut décrite par Victor Hugo et Théophile Gauthier. Chaque corps avait sa personnalité: la famille ayant été empoisonnée par des champignons, l’assassiné au couteau, l’éventré, etc.

Comme presque partout à Bordeaux, l’architecture du 18e siècle prédomine avec ses spécificités, comme les mascarons: ces visages en bas-relief trônant au-dessus des fenêtres des premiers étages. Certains sont illustres, comme ceux de la rue Camille Sauvageot, représentant les visages de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Les ferronneries des balcons, elles aussi, sont particulières. Elles furent l’objet de compétitions entre artisans, ce qui a comme résultat qu’aucune ou presque n’est semblable à ses voisines.

Les rues des Métiers

De nombreux noms de rues gravés dans la pierre ont été bien conservés. Ils datent de la première Révolution française et sont souvent de couleur rouge car peintes avec du sang de bœuf. On découvre d’autres influences de la Révolution comme, par exemple, la place Royale, qui a été rebaptisée place du Parlement. Bien des rues du vieux Bordeaux portent des noms évoquant différentes corporations, comme la rue des Bahutiers (les ébénistes), ou la rue des Argentiers (bijoutiers). Certains noms évoquent des anecdotes pittoresques, comme la rue Mocudina (en gascon, «la rue mal cuisinée») pour les tripiers, ou la rue Bouquière (les vendeurs de bétails).

Nom de rue

Bistrots, épiceries et brocante

Un vrai flâneur n’hésitera pas à s’arrêter ici et là pour humer, déguster, fouiner. La dégustation est un grand moment dans la flânerie bordelaise. Parmi les nombreux bars à vin où se dégustent des crus au verre, il vous faut d’abord rendre visite au «Bar à Vin» mis en place par le Comité international des vins de Bordeaux (CIVB), situé sur le cours du XXX juillet. C’est peut-être là qu’on trouve l’éventail le plus complet du vignoble bordelais. Mais on peut aussi quitter les coussins moelleux de cet établissement pour trouver d’autres sympathiques bars à vin au gré des ruelles et des places du quartier historique, tels le Petit-Bouchon de la place Saint-Pierre, le Wine Bar de la rue des Bahutiers (vins italiens, mais Bordeaux aussi), la terrasse du Chabrot de la rue du Chai des Farines ou encore le bar-cave de la Monnaie formant le coin entre le quai et la petite rue Porte de la Monnaie. J’ai été de découverte en découverte en entrant dans le restaurant de poissons «Le petit Commerce», où des tables sont installées face à l’étal d’un poissonnier; devant une charmante fromagère-épicière qui m’a présenté, chose inconnue pour moi, une grande meule de miel; dans le café Marhaba, grand artiste en matière de tagines; et pour couronner le tout, je me suis perdu dans les dédales de la brocante du Hangar, rue des Amandiers et son inventaire à la Jacques Prévert.Brocante

Des portes et des places

Il ne reste guère de remparts à Bordeaux. Par contre, plusieurs portes sont encore debout, telle la porte de Bourgogne, qui se donne des airs d’arc de triomphe, bien différente d’autres portes de style Renaissance, plus spectaculaires, comme la porte Cailhau (fin du 15e siècle) ou encore la célèbre Grosse Cloche de la même époque.

Porte de Cailhau

Il faut se laisser envoûter par le charme de toutes ces petites places du vieux Bordeaux qui revivent depuis le ravalement des édifices et voient fleurir des terrasses de cafés, atouts d’animation pour les nouveaux Bordelais qui reviennent habiter au centre-ville et, bien sûr, pour les visiteurs. Sans les citer toutes, j’en évoquerai trois qui m’ont marqué.

On aurait tendance à laisser de côté la place Vinet. Avec son environnement contemporain (2005), elle a pour attrait un mur végétal de 400 m2 et un vieil escalier extérieur mis en valeur, alors qu’à Bordeaux, ce genre d’architecture figure plutôt à l’intérieur des cours d’hôtels particuliers.

Ce n’est pas par hasard que la place Fernand Lafargue a été choisie comme rendez-vous de musiciens, pour une simple aubade ou pour un petit concert. Ses terrasses de café, sa petite taille, ses enfants jouant au ballon lui donnent un air bon enfant et convivial.

Plus grande et d’aspect royal est la place du Parlement avec ses bâtiments style Louis XV qui la bordent, bien que la plus grande part de ces édifices datent, eux aussi, du 18e siècle et qui, malgré tout, constituent un décor homogène. Au milieu trône la fontaine dessinée par Michel Louis Garros (rien à voir avec le Roland du stade…).

Texte et photos Gérard Blanc

Ce voyage a pu être réalisé grâce à la contribution d’ Air France assurant plusieurs correspondances quotidiennes Genève-Paris-Bordeaux (www.airfrance.com) et grâce à l’Office du tourisme de Bordeaux (www.bordeaux-tourisme.com). Il existe aussi des vols sans escale.

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