Touristes, si vous saviez...
JE PARS TRÈS LOIN

Maurice insolite

Avant de m’y rendre, j’imaginais l’Ile Maurice uniquement comme un paradis touristique avec une enfilade de plages, d’hôtels et de restaurants offrant un dépaysement tropical classique et confortable: le cliché du bonheur béat.
J’ai découvert, comme cela se vérifie souvent, qu’en fouinant un peu, on pouvait y découvrir des choses passionnantes. Je n’ai pas pour habitude de lézarder trop longtemps sur une plage. Il me faut de l’action!

Rodrigues3Rodrigues:  Une île de cœur
La plus insolite des découvertes reste une escapade à l’île de Rodrigues, la petite soeur de Maurice. Perdue au milieu de l’océan Indien, elle fait partie de ces lieux qu’on aimerait protéger du grand tourisme. Port-Mathurin, avec ses cinq rues bordées de boutiques et son port de pêche, a gardé des allures de bourg colonial  fin 19e. Ailleurs, les agglomérations de Saint-Gabriel, de Malabar ou de Citronnelle sont encore plus intimes, possédant chacune son épicerie aux murs de couleurs vives. Le reste n’est que tableaux d’une campagne paisible et insouciante. Des écoliers en uniforme batifolent en attendant le bus de ramassage scolaire, les paysans coiffés de larges chapeaux de paille retournent une terre rougeâtre à l’aide de charrues tirées par des boeufs vigoureux, un vieux canon pointe en haut d’une colline, sur un cadre de bois à l’entrée d’une ferme, des ourites (poulpes) sèchent comme des trophées. Des plages immaculées et peu fréquentées s’étirent sur un lagon de couleur turquoise comme celle de Pointe-Coton, la plus grande de toutes, ou de Trou-d’Argent entre deux falaises. Pour se trouver davantage encore au bout du monde, il faut négocier avec un pêcheur de Port-Mathurin une traversée en canot à moteur pour l’Ile-aux-Sables, réserve naturelle où le temps suspend son vol, en compagnie d’une colonie d’oiseaux migrateurs.

Je me suis alors mise en quête de trouver un taxi avec chauffeur. Entre nous, cette formule est la plus pratique et curieusement aussi la plus économique, vélo et marche à pied mis à part. De plus, elle offre comme avantage la combinaison personnalisée de l’itinéraire et l’adaptation du moyen de transport au rythme des visites, le conducteur attendant patiemment à chaque lieu que vous soyez disposé à partir plus loin. Enfin, vous avez le grand avantage de converser avec un natif qui, bien souvent, est intarissable.
Départ donc avec Jacques comme conducteur, un Créole de pure souche. Nous allons découvrir la «Maurice profonde». En route, nous croisons des colonnes de pèlerins en tunique blanche, tous arborant des fleurs et certains d’entre eux des visages maquillés.
Jacques demande dans un créole chantant: «To premié visite ici? (c’est votre première visite ici?), «mo capave aide toi, montré Lac Sacré talère» (je vais vous aider, je vais vous faire visiter le Lac Sacré tout à l’heure).

02c-Le marché de Port-Louis@Photo MTPA

En vadrouille
Les nouveaux venus à Maurice iront certainement visiter les «grands classiques» que sont le jardin botanique des Pamplemousses ou la montée au sommet du cratère du Trou-aux-Cerfs ou encore la capitale Port Louis, les jours de marché. On y découvre alors ce phénomène à la fois extraordinaire et réconfortant que de voir se côtoyer les Indiens, les Créoles, les Tamouls, les Chinois et les Européens, donnant la preuve irréfutable que les ethnies et les religions diverses peuvent se côtoyer en parfaite harmonie et tolérance. Ensuite, une bonne suggestion est d’aller jeter un regard indiscret dans les arrière-boutiques de Curepipe, là où des doigts de fées reproduisent à la perfection des modèles réduits de voiliers célèbres du 19e siècle. Le plus acheté de ces modèles réduits est, on s’en doute, le fameux Saint-Géran, navire illustre décrit par Bernardin de Saint-Pierre dans le roman un peu suranné mais tellement cher au cœur des Mauriciens, qu’est «Paul et Virginie».

05c-La terre aux sept couleurs@Photo MTPA+
04c-La cascade de MTPACette Maurice rurale sert de décor à une multitude de sites comme, par exemple, le parc des Terres de couleurs qui dévoile le phénomène curieux d’une roche volcanique érodée faisant apparaître, grâce à ses diverses couches de minerais qu’elle contient, les couleurs de l’arc-en-ciel. De là, une randonnée permet d’accéder aux majestueuses chutes de Chamarel. Certes, ce n’est ni Iguaçu ni Niagara, mais elles sont tout de même impressionnantes et donnent un tantinet de fraîcheur au randonneur essoufflé.
A la campagne
Un charme parfois méconnu de l’île Maurice est sa végétation tropicale luxuriante et des champs de cannes à sucre et d’ananas.

Dansez maintenant!
Le sega, rythme traditionnel fait essentiellement pour la danse se pratique aussi bien à la Réunion qu’à l’île Maurice. N’ayez crainte, il n’est pas maintenu artificiellement pour plaire aux touristes. Cependant, il faut être bien informé et montrer patte blanche pour se trouver là au bon moment, quand un groupe de jeunes ou de moins jeunes a décidé de faire la fête sur la plage et de se lancer dans un sega endiablé autour d’un feu. L’animation d’une soirée sega estassurée dans certains hôtels. Tambourin, triangle et guitares assurent une retranscription fidèle de la tradition perpétuée.

Marine à voile
Pour rêver le temps d’un après-midi, il existe une attraction touristique peut-être, mais tellement plus originale que les excursions proposées à bord de bien classiques catamarans et autres bateaux à moteurs qu’offrent certains hôtels: l’Isla Mauricia. Sous le sifflet d’un capitaine casquetté, un équipage de jeunes marins grimpe dans les haubans pour hisser les voiles ou virer au cabestan, authentique réplique des temps de la marine à voile. Pour couronner le tout, un mousse prend la guitare, un matelot un triangle et vous avez droit à une sérénade mauritienne langoureuse ou un rythme entraînant de sega. Tout cela est très bon enfant mais bien sympathique.

JEP18Maurice16

Eau sainte, anniversaire

Au détour d’une route tortueuse de montagne, à 1800 mètres au-dessus du niveau de la mer, on débouche sur un grand parking. En s’approchant jusqu’au bord d’un grand cratère endormi, on découvre la superbe vue panoramique d’un grand plan d’eau entouré de collines en pente abrupte sur lesquelles sont accrochés des escaliers qui convergent vers les rives du lac. Sur les berges s’alignent des temples et des statues plus ou moins grands et plus ou moins esthétiques. Lord Shiva est omniprésent, mais aussi Laksmee, déesse marchant sur les eaux, Ganesh, le dieu-éléphant, Kali, la déesse noire destructrice et Ganga, esprit du Gange. Dans les temples, dans des niches et sous les auvents apparaît toute une gamme de statues. Devant les chapelles et les temples s’alignent des chaussures et sandalettes, on se sent peu à peu pris par une sorte d’envoûtement qui se dégage de la ferveur de ces pèlerins qui, descendus des collines, viennent se baigner dans les eaux purificatrices du Lac Sacré et disposent leurs offrandes sur les autels, qui sont aussitôt subtilisées par une armée de singes. De l’eau est solennellement versée sur un lingam, symbole phallique de l’univers. Tous les fidèles font acte de foi au mépris du temps, de l’heure ou de la météo.
Les regards de Shiva, de Ganesh, de Kali ou de Lacksmee sont perçants. Le pèlerin pourra-t-il les amadouer par ses ablutions dans les eaux sacrées, ses prières ou ses offrandes déposées devant les autels ? Shiva et Kali, les destructeurs, auront-ils pitié des hommes et leur accorderont-ils un jour le nirvana ?
Le pèlerinage est pour beaucoup de Mauriciens une affaire de famille. On en profite pour inculquer aux enfants les grands principes de la religion, les parents servant de modèle absolu.
Le Maha Shivaratree est la fête la plus rassembleuse au Ganga-Talao. C’est alors une véritable marée humaine d’environ 300 000 personnes qui se déverse sur les rives du Lac Sacré.
Le poète raconte aussi que par nuits de pleine lune, des nymphes paris ou asparces d’une jeunesse et d’une beauté éblouissantes, viennent se baigner dans les eaux du Ganga-Talao: à ne manquer sous aucun prétexte!

Texte Erika Bodmer
Photos MTPA (1,3,4,5) et Gérard Blanc (2,6)
 

Infos pratiques

Ce reportage a été rendu possible grâce à Stohler Voyages: www.stohler.ch ou l’office du tourisme de l’Ile Maurice: www.tourism-mauritius.mu/fr

Vol

Air Mauritius Genève-Maurice, liaison saisonnière hivernale, vol sans escale avec Air Mauritius; Sinon Genève-Paris-Maurice avec Air France et Air Mauritius ou encore Genève-Dubaï-Maurice avec Emirates.

Formalité

Passeport valable et billet d’avion pour le retour.


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