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JE PARS À LA DÉCOUVERTE

Morbihan, Île de Groix : des trésors en Bretagne

Nombreux sont celles ou ceux qui se contentent de quelques clichés, comme le Mont Saint-Michel et sa voisine Saint-Malo, la pointe du Raz, les alignements de Carnac ou encore la presqu’île de Quiberon. Il est vrai qu’en général, ce ne sont que ces destinations qu’on retrouve dans les brochures suisses de voyages.
Et, pourtant, que de trésors ailleurs en Bretagne!

La ligne aérienne Genève-Nantes permet aujourd’hui de goûter à la Bretagne différemment, plus individuellement. En une heure et demie de transport, vous êtes déjà dans la Bretagne du Sud. La location d’une  voiture fait le reste. A vous la Bretagne méconnue, celle des îles ou des villages de l’intérieur des terres, là où les us et les légendes n’ont pas encore été submergés par les fast-foods. A lui seul, le Morbihan dispose déjà d’une variété infinie de lieux passionnants. Choisissons deux thèmes qualifiés de «caractère»: les villages de Malestroit et Lizio et l’île de Groix.

Maison de pierre à LizioPetites cités de caractère
Comparativement à bien des régions françaises, la Bretagne a su préserver l’authenticité de ses paysages et de son habitat. Même les villas des lotissements doivent suivre le style du pays et tenir compte de la tradition, comme, par exemple, les cheminées à ras du pignon. Ajoutez à cela les anciennes fermes, dont on fait sauter le crépi pour mettre en valeur le granit, et vous avez de véritables tableaux de Pont-Aven en y ajoutant le ressac, la petite crique, des ajoncs ou encore une barque de pêche échouée. Dans les agglomérations classées «petites cités de caractère» (environ une vingtaine labellisées), on trouve de vrais bijoux d’authenticité et ce plus volontiers à l’intérieur des terres que sur le littoral.
A Malestroit, la poésie est à chaque pas, que ce soit au bord de l’Oust et sa chute, du bucolique canal de Nantes  à Brest et son écluse, ou enfin dans les rues piétonnières bordées de maisons bourgeoises de granit sculpté, de maisons gothiques ou Renaissance à colombages, la plupart de guingois, ce qui leur donne un charme infini. La première originalité est aussi et surtout dans son église à deux nefs et sa chaire qu’on dirait prise à la poupe d’un vieux galion. La seconde originalité est celle des enseignes. D’un commun accord, la presque totalité des commerçants a été fidèle à l’image médiévale, chacune avec son enseigne, ancienne ou moderne, certaines d’entre elles faisant preuve d’humour, comme ce magasin de vêtements affichant une paire de jeans et un chapeau. Mais c’est le fil de l’eau qui donne toute la saveur de Malestroit avec les pêcheurs dans le canal et le passage des bateaux habitables, sous le regard des Augustines, dont le couvent hospitalier a eu ses heures d’intense activité lors de l’occupation allemande.
Lizio, la petite soeur de Malestroit qui se trouve à une dizaine de kilomètres un peu plus à l’ouest est d’un saisissant contraste. Ici, l’habitat du 17e siècle est uniformément du traditionnel breton en pur granit, parfois recouvert de lierre, certaines maisons ayant encore leur four à pain. C’est une image d’Epinal qui rappelle celle de Locronan en pays Bigouden. Ce village serait «joli, mais mort», s’il n’était devenu la coqueluche de visiteurs venus de centaines de kilomètres à la ronde, notamment pour assister à des festivals de théâtre ou de musique, des fêtes folkloriques ou, mieux encore, le désormais traditionnel Festival des Peintres. Mais Lizio doit surtout son attrait au musée de cet être atypique qu’on appelle le «Poète ferrailleur».

Bateaux de pêcheurs, soleil couchant

Groix ou le caractère des îles
Le fait que sa visite soit conditionnée par les navettes de ferries et par un nombre de véhicules limité fait que  l’invasion massive de l’île de Groix ne soit pas encore pour demain, même si sa population, proche de 2000 habitants, se gonfle, en période estivale de quelques 15 000 visiteurs supplémentaires. L’important trafic des cargos, la présence de l’Arsenal militaire et les chantiers navals de Lorient ne laisse heureusement gère de place pour la construction d’un pont comme à Oléron ou Noirmoutier. Une grande partie des insulaires occasionnels de Groix ne lui consacrent qu’une journée de visite des bars et des restaurants ou pour le pique-nique dominical sur les plages proches du port.
Mais Groix est surtout le paradis des cyclistes pour le grand bonheur de deux loueurs. Groix fait aussi preuve d’humour en remplaçant le traditionnel coq du clocher de l’église par un thon, symbole de l’époque où l’île était le premier centre breton des thoniers à voile. Aujourd’hui, la pêche s’est beaucoup réduite depuis Port Tudy, Port Mélite ou Port Lay, d’où quelques derniers irréductibles pêcheurs professionnels partent le long des côtes à bord de petits chalutiers. Les autres, des «occasionnels», pratiquent toujours la pêche au filet et ramènent parfois à la famille enchantée des soles, des lieux, des maquereaux ou des araignées de mer.
Groix pourrait être une île gentillette, se prêtant comme modèle aux aquarellistes (ce qui est d’ailleurs le cas) et dont on aurait fait rapidement le tour, mais une visite de son écomusée en apprend bien davantage. Elle donne une image de l’île cent fois héroïque pour son réputé centrede sauvetage en mer grâce à ses marins dévoués de père en fils. Tout cela enrichit un patrimoine de récits et de légendes, volontiers évoqués par quelques îliens, pour autant que vous ayez la délicatesse de rester discret et respectueux et que les conteurs arrivent à surmonter leur timidité.
Cote escarpe de l'ile de GroixQuoi d’autre? L’aventure est au rendez-vous le long des chemins de terre, de la lande à ras des falaises battues par les flots où festoient des hordes de lapins, des petites plages au fond de criques, refuges favoris des croisiéristes à la voile, ou enfin sur la plage des Grands Sables, la seule plage convexe d’Europe. Ce sont surtout les amateurs de géologie qui seront comblés. Ils y découvriront de splendides spécimens de glaucophanes, des grenats et du schiste vert retrouvés ça et là dans les pierres des maisons, des fontaines, des lavoirs et des  chapelles. Les amateurs d’ornithologie trouveront leur bonheur dans les falaises abruptes, habitées par des nichées de goélands argentés, marins ou brun, de pétrels, de fulmars boréals ou de cormorans huppés. Enfin viendront les amateurs de mégalithes qui découvriront aux croisées des chemins six dolmens et deux menhirs. Mais il n’est pas nécessairement besoin d’être un spécialiste pour apprécier ce microcosme où, hors saison, les petites habitudes, les amitiés et les inimitiés reprennent le dessus comme dans toutes les petites communes de Bretagne et d’ailleurs. Une mouette attrape un morceau de poisson au volC’est là où les «îliens» (tout le monde ne peut pas se targuer d’en être) se retrouvent dans la petite halle du marché à vendre leurs poissons, leurs légumes, leur fromage de chèvre ou leurs aquarelles, puis se retrouvent le soir au bar du Triskell à danser l’andro les soirs de fête. Mais s’il est un endroit où îliens et touristes oublient leurs différents devant un flot de bière, de chouchen ou de cidre, c’est au pub du jovial et provocateur «Ti Beudeff», dont la renommée a franchi les frontières.

Texte et Photos Gérard Blanc

Informations pratiques

Vol

Sans escale Genève-Nantes avec easyJet, Genève-Brest avec Etihad-Regional

Renseignements

Office du tourisme de Malestroit, +332 97 75 14 57; Office tu tourisme de l’île de Groix, +33 2 97 86 53 08.

L’écomusée de Groix

+33 2 97 86 84 60.

Accès à Groix

L’Ile est accessible au départ de Lorient grâce à une navette de la Société Morbihannaise de Navigation. Attention, s’y prendre toujours assez tôt pour passer un véhicule (+33 2 97 35 02 00).

Logements

S’il est des petites cités de caractère, il est aussi des «chambres d’hôte de caractère», une formule riche en qualité, en prix, en charme et en contacts. Il s’agit de chambres amoureusement meublées et décorées dans des maisons bretonnes authentiques, le plus souvent en pleine campagne avec en prime des petits déjeuners copieux. Un coup de coeur: Proche de Malestroit, chez Mme Courtecuisse à Saint-Congard (+33 2 97 43 50 91).

 

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