Touristes, si vous saviez...
JE PARS TRÈS LOIN

Le Kerala, une histoire d’eaux

Kerala © photo Gérard Blanc

Au Kerala, nombreux sont les visiteurs qui affectionnent cette région qu’on appelle les «backwaters» et qui se découvrent à bord de bateaux habitables traditionnels.

Les précipitations fréquentes pendant la période de mousson et l’effet des flux de la mer d’Arabie donnent à cette région de l’Inde qu’on appelle le Kerala un paysage de plans d’eau à perte de vue, sorte de vaste éponge ponctuée de lagunes, de cours d’eau et de canaux aménagés d’abord pour le transport et ensuite pour les besoins agricoles.
Les vastes rizières sont encadrées par des monticules sur lesquels poussent cocotiers et bananiers fournissant la base même de la nourriture locale. A cela s’ajoute l’exploitation des nombreuses essences tropicales avec, en premier lieu, celle de l’hévéa et la sylviculture de l’acajou, du teck et de bien d’autres encore.

House-boat au Kerala

La vie à bord
Les house-boats sont en fait des bateaux traditionnels qui, à l’origine, étaient (et lesont toujours, d’ailleurs) utilisés comme résidence par des familles entières. Ceux qui sont loués aux touristes bénéficient d’un confort nettement plus sophistiqué que pour le commun des mortels. Deux ou trois chambres spacieuses sont chacune dotées d’une salle de bain, d’un poste de télévision à écran plat, d’un téléphone, etc. Un houseboat peut se louer entre 500 et 1000 dollars par jour en pension complète pour quatre ou six personnes, parfois (mais pas toujours) en rapport avec le confort et le luxe des installations.
Sur le gaillard d’avant se trouve une sorte de vaste terrasse salon-salle à manger avec une grande table sur laquelle sont servis les repas et, à bâbord comme à tribord, des bancs ou canapés souvent molletonnés et des fauteuils permettant de se prélasser tout en contemplant le paysage.
Une coursive latérale donne accès, selon la taille des bateaux, à deux ou trois chambres doubles, et il arrive aussi qu’un escalier mène à une terrasse sur le toit où peut être installé un bar ou des tables à manger et, parfois même, une petite piscine.
Au fond de la coursive, en poupe, se trouve le logement de l’équipage, la cambuse et la cuisine.
Que faire pendant une croisière dans les backwaters autre que manger, dormir et prendre le soleil quand il y en a?
Mais simplement admirer ce paysage passionnant et le spectacle permanent que sontles scènes quotidiennes de la vie des hommes et de la nature.
Ce sont les pêcheurs qui relèvent des filets chinois géants maintenus par des grands piliers en bois courbés et entrecroisés, d’autres qui, en contre-jour sur un soleil couchant, lancent leurs filets à main en corolle, d’autres qui pêchent tout simplement à la ligne.
Ce sont aussi toutes tailles de pirogues qui transportent des noix de coco, des bananes, ou des bidons de «toddy» (vin issu du jus de la fleur de palme) jusqu’à un ponton où la marchandise sera embarqué à bord d’un camion richement décoré en partance pour la ville.
Ce sont des cormorans, des martins-pêcheurs et des hérons qui prendront le soleil ou, après un vol-plané savant, plongeront pour remonter quelques secondes plus tard avec un poisson dans le bec. Ce sont enfin les nombreuses scènes de la vie quotidienne sur les rivages tels les hommes s’enduisant de savon pour se plonger dans l’eau, les femmes faisant la vaisselle ou la lessive, les enfants en uniforme rentrant de l’école, et bien d’autres tableaux encore.

Pirogue Kerala

Tourisme Agricole
A Kumarakom, près de Kottayam, Crispin vit un peu de l’exploitation de son jardin et de sa plantation (plantes potagères et médicinales et hévéas), mais aussi de ses trois chambres d’hôte. Il fait partie de cette communauté de chrétiens venus de Canaan (Iraq et Syrie de l’époque) au 16e siècle et accueillie à bras ouverts par le roi de l’époque. Sa communauté ne se mélange guère aux autres. Cela donne une population où tout le monde est parent de près ou de loin. A bord d’une pirogue, Crispin entraîne ses hôtes à une visite des canaux environnants, mais surtout de l’église voisine, de l’école tenue par des nonnes et des tombes où furent ensevelis ses ancêtres.
Une autre attraction favorite de Crispin est la visite d’une plantation de cocotiers au milieu des backwaters, là où se récolte le «toddy», ce nectar consommé localement et qui fermente rapidement pour devenir du vin de palme en trois jours, et du vinaigre en cinq jours. Il en est du «toddy» comme du vin, mais là où Crispin vous entraîne, c’est le site où est produit le meilleur cru de la région!
L’aspect le plus pittoresque qu’on retiendra de cette expédition est essentiellement pictural, avec les ouvriers dans les cocotiers, les nids d’oiseaux dans les arbres, un troupeau de canards domestiques dirigé par un berger en pirogue, etc.
A Chermula, au coeur des montagnes, Pillai a choisi une ancienne demeure toute en acajou pour en faire un site de recueillement de yoga et de remise en forme par l’ayurveda. Mais son activité essentielle est sa plantation d’hévéas pour la récolte du latex qu’il vous fait visiter avec une fierté non dissimulée.

Le corps et l’esprit
Mais il faut d’abord savoir que l’«ayurveda» est un terme général pour la médecine traditionnelle indienne du corps, alors que le yoga s’occupe, lui, de l’esprit et de la relaxation. Aujourd’hui, les cures ayurvédiques connaissent un essor similaire à celui de la thalassothérapie pour son utilisation des huiles essentielles. C’est précisément du Kerala qu’est parti cet engouement occidental pour les cures indiennes, et on en trouve maintenant un peu partout dans d’autres pays asiatiques, tels que les Maldives ou le Sri Lanka. Dans le Kerala, ces cures n’ont pas uniquement lieu dans les hôtels de luxe, mais également chez l’habitant ou dans des cabinets privés (avec des méthodes peut-être un peu plus spartiates), tous sous la surveillance du corps médical indien. Une vraie cure ayurvédique ne se contente pas de massages, mais s’accompagne aussi de phytothérapie avec des plantes aux vertus multiples, comme on en trouve dans le Kerala.
A Kottayam comme à Kanjirapally, un gourou n’est jamais loin pour venir vous enseigner les principes du yoga et, si vous le souhaitez, agrémenter votre séjour par des séances régulières (de préférence 2 semaines pour avoir un effet bénéfique thérapeutique et relaxant). Il faudra faire un effort pour vous lever à potron-minet, car le yoga se pratique de préférence au lever du soleil.

La capitale
En 1340, des pluies torrentielles mirent en crue la rivière Periyar qui se fraya un passage vers la mer d’Arabie et créa ainsi le port protégé de Cochin, actuelle capitale du Kerala. Ce port allait être la base navale de tous les envahisseurs venus d’Europe: Portugais, Britanniques ou Néerlandais se faisant la guerre les uns aux autres.
C’est là où croyaient avoir débarqué Christophe Colomb, Amerigo Vespucci et Pedro Alvarez Cabral, alors qu’ils se trouvaient en Amérique. Elle fut véritablement découverte par le Portugais Vaso de Gama en 1502, lequel imposa la religion catholique romaine, en conflit avec les adeptes de l’apôtre Thomas Didymus, venus de Canaan (actuels Syrie et Iraq). Contrairement aux intolérants Portugais de l’époque, les rois de Cochin étaient particulièrement tolérants et acceptaient sur leur territoire toutes les fois, à condition qu’elles ne troublent pas l’ordre public. C’est ainsi, qu’outre les chrétiens de Canaan, plusieurs familles israélites y ont prospéré, la meilleure preuve en étant la «ville juive» au centre de laquelle trône l’actuelle synagogue et ses tables de la Loi.
Comme il faut s’y attendre, les édifices rappelant les diverses colonisations sont légion. C’est en premier lieu l’influence néerlandaise qui a prédominé, preuve en sont les nombreux noms hollandais qu’on retrouve ici et là, à commencer par le palais Mattanchery datant de 1663, ou encore le Stuber Hall, siège de la Dutch East India Company. Les Néerlandais cédèrent la place aux Britanniques en 1795, ce qui valut des édifices tels que le Cochin Club et la Maison du Port, un ancien hospice portugais que les Anglais transformèrent en auberge. D’autres restes des seigneurs britanniques sont les maisons de commerce où se négociaient les épices, le thé ou le caoutchouc. Elles appartinrent à des noms prestigieux comme Carrit Moran, Forbes ou Matheson Bosanquet et se situent presque toutes dans l’enceinte de Fort Cochin.


Textes et photos Gérard Blanc


INFOS PRATIQUES

Vols

Genève-Munich (ou Francfort)-Mumbai avec Lufthansa, et correspondance Mumbai-Cochin avec Air India ou SpiceJet..

Renseignements

India Tourism www.incredibleindia. org; Kerala Tourism www.keralatourism.org.

Météo

Saison des pluies, juin à septembre; température: elle peut évoluer de 15° à 30° en décembre et de 23° à 35° en mai-juin.

Santé

Bien que les moustiques ne soient pas aussi nombreux qu’on l’imagine, la prophylaxie et le traitement contre la malaria sont recommandés. Il est aussi recommandé de se faire vacciner contre la fièvre jaune et la diphtérie, la poliomyélite et le tétanos. La vaccination contre la rage est recommandée aux routards. Autres règles de base: ne boire que depuis des bouteilles capsulées, éviter les crudités, peler ou bouillir les légumes et les fruits. Dans la pharmacie de voyage, prendre des médicaments contre la diarrhée et des révulsifs contre les moustiques.

Nourriture

Elle convient très bien aux personnes aimant la cuisine assez relevée et épicée, mais si vous le précisez, les hôtels (et surtout chez l’habitant) vous prépareront des plats à votre goût. Par contre, ne vous attendez pas trop à trouver de la nourriture européenne chez l’habitant.

Attractions

Il existe plusieurs festivals au Kerala, mais certains d’entre eux sont parfois tellement ancrés dans la tradition locale au point qu’une personne accompagnante est indispensable pour que vous compreniez toutes les finesses de l’événement. Par contre, le plus spectaculaire est la course des «bateaux-serpents» (snake boats) qui se déroule à Onam fin août. Puisant ses origines dans un mélange de croyance, dont le culte de Krishna, cette manifestation fut définitivement instaurée par l’ancien premier ministre Nehru, qui fut subjugué par le décorum et l’aspect spectaculaire. Imaginez des barques longues de quinze mètres, où ont pris place 95 rameurs, un capitaine et des musiciens et des chanteurs. Au son du gong, les embarcations s’élancent dans une course folle. Sur la plage arrière, des chanteurs et des percussions rythment le bruit des pagayes.

Loueurs de house-boats

Rainbow Cruises www.rainbowcruises. in, pulickatilbackwaters.com.

Chambres d’hôtes

Kodianthara Heritage Homeà Kottayam, www.kodianthara.com; Kanakakunnu Hill Resort à Kanjirapally, www.kanakahillresorts.com. Petit hôtel balnéaire loin de tout: Oyster Opera à Padanna, www.oysteroperaatpadanna.com.
Pour un sourire éclatant: Comme en Hongrie, les dentistes offrent des services dentaires très bon marché dans le Kerala. Des économies sur les grands travaux dentaires peuvent aussi être une manière de financer partiellement votre voyage (www.somanscosmeticdental.com; www.vettickttildental.com; www.scientificdentalclinic.com; www.healthyholidayskerala.com).

 

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