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JE PARS À LA DÉCOUVERTE

À quelques encâblures de Malte, Gozo l’île d’Homère

Un havre de sérénité. Dans l’Odyssée d’Homère, l’île d’Ogygia où la nymphe Calypso tint Ulysse prisonnier dans une grotte pendant sept ans, n’est autre que Gozo. Pendant de nombreux siècles, cette île attachante n’a cessé de subir des invasions de toutes sortes, la seule à ce jour étant celle de visiteurs curieux et bien intentionnés.

Si on devait faire un comparatif entre les deux îles de Malte et de Gozo, on pourrait dire que cette dernière est à la fois moins peuplée, moins urbanisée, plus rurale et plus discrète que sa grande sœur. Sur une superficie de 246 km2, la population totale de Malte est d’environ 500’000 habitants alors que celle de Gozo est de 40’000 habitants pour 67 km2. La plupart des personnes qui se rendent à Malte ne consacrent souvent guère qu’une journée à Gozo, bien qu’elle offre un programme complet de loisirs, des références historiques aux magnifiques paysages.

Les salines de Xwejni
Gozo
S’il est un endroit de Gozo particulièrement pittoresque, c’est bien celui des salines datant de l’époque phénicienne, longtemps abandonnées et réhabilitées en 1740. De nos jours, les trois membres de la famille Cini, qui l’exploite depuis 1970,  ne parviendraient pas à vivre de l’extraction du sel et, comme dans le cas de beaucoup de petits métiers à Malte qui doivent survivre, assurent deux professions à la fois. Les acheteurs sont principalement les habitants de Gozo. La qualité de ce sel réside dans le fait de la pureté de l’eau de mer à cet endroit. Le sel des marais de Xjeni est exploité principalement en été, ce qui permet aux visiteurs de capter de bien belles images.

Les individualistes qui veulent éviter la cohue estivale de la grande île, iront donc découvrir Gozo, où, hormis Victoria (Rabat), les villes sont rares. La plupart des habitants vivent toujours au rythme des travaux des champs et de la mer. Le sable y est rare et les baigneurs plongent depuis les rochers dans une eau limpide d’un bleu profond. Chaque jour, les ferries parcourent les 5 km de mer qui séparent le port de Cirkewwa de celui de Mgarr. Même image d’Epinal au débarquement : jouxtant le port maritime, le port de pêche de Mgarr, à l’instar de celui de Marsaxlokk de Malte, amarre ses « luzzus », ces barques multicolores qui arborent l’œil traditionnel.

Gozo

Visiter Gozo au pas de charge serait un crime. Une bonne formule est d’emprunter un touk—touk, à défaut d’avoir le temps de parcourir l’île à pied. Cela a l’avantage de se faire véhiculer par un guide-chauffeur à la fois accueillant, truculent et aux traits burinés par le soleil, qui vous entraînera dans un parcours qu’on qualifierait de sportif et éducatif.

Pédibus
L’activité qui remporte les suffrages à Gozo est sans conteste la découverte de la flore endémique et des paysages lors d’une randonnée pédestre. C’est depuis le port de Mgarr, où arrivent les ferries, que la plupart des chemins ont été balisés. Les amoureux de côtes sauvages choisiront le parcours allant du port de Mgarr à la baie de Xlendi (12 km), en passant devant une tour de vigie datant de l’époque des Chevaliers de Saint-Jean et le village de Ta’ Sannat, perché au-dessus des falaises calcaires. D’une longueur équivalente, un autre circuit débouche sur la baie aux eaux turquoise de Hondoq. Après avoir visité en chemin la chapelle de Ta-Qala, l’une des plus anciennes de l’archipel, ou encore le musée maritime de Kelinu Grimma, il ne faut surtout pas résister à la tentation de s’accorder une petite baignade de temps à autre dans l’une des petites criques désertes que vous trouverez en chemin.

GozoLa Rotunda
Le premier arrêt sera pour l’église baroque Saint-Jean-Baptiste de Xewkija dominant l’île de son promontoire. On l’appelle la Rotunda pour sa coupole principale datant du Moyen-Age. Elle a été agrandie en 1951 pour faire face au nombre exponentiel de ses paroissiens. L’architecte a pris soin de numéroter chaque pierre de l’ancienne église pour la rebâtir dans la nouvelle construction et la placer à l’intérieur du nouvel édifice. Comme on s’y attend, la vie et le martyr de Saint-Jean-Baptiste y sont représentés par une série de fresques.

Sur les traces des Chevaliers
La mémoire des Chevaliers de l’Ordre de Malte est omniprésente. On retrouve leurs traces un peu partout, comme, par exemple dans le petit village de Fontana où le lavoir des Chevaliers, alimenté par deux sources naturelles, est considéré par les habitants comme un véritable monument. Cet édifice a été utilisé par des lavandières depuis le temps des Chevaliers jusqu’à nos jours. Mais c’est surtout Rabat (Victoria) qui témoigne de ce que fut leur activité sur l’île.
Gozo fut souvent utilisée comme position de repli lors des nombreuses attaques des «incroyants», ce qui se révéla être une grande erreur. Pendant la visite de la Gozocitadelle, de sa cathédrale et de ses remparts on apprend qu’après le grand siège mené par les Ottomans à La Valette, ceux-ci  se rabattirent sur Gozo. Ils assiégèrent  la citadelle de Rabat et les Chevaliers n’arrivèrent pas à les repousser. Parmi les 5’000 habitants qui s’y étaient réfugiés,  les Turcs tuèrent les personnes âgées et soumirent  les jeunes à l’esclavage. On apprend aussi les actes d’héroïsme des soldats, comme, par exemple, celui de Bernardo qui, apprenant que sa famille n’avait pas rejoint la citadelle, était parti chez lui pour tuer sa femme et ses enfants afin qu’ils échappent à l’esclavage qui les attendait. Ensuite, il reprit le combat pour y mourir.

 
Gozo
Leurs ancêtres les Siciliens
C’est à Gozo qu’ont été découverts  les temples des premiers habitants venus de la proche Sicile. Le mausolée de Ggantija qui signifie « tour des géants » en maltais fait partie de la liste des grands centres néolithiques mondiaux datant de plus de 4’000 ans avant J.C., au même titre que, par exemple, Carnac en Bretagne ou Stonehenge en Angleterre. On peut rester songeur en considérant ces blocs pesant plusieurs tonnes que les hommes de l’époque auraient pu déplacer avec des leviers de bois jusqu’à cet endroit.

Texte et photos Gérard Blanc

GozoInfos pratiques

Y aller

Vols directs Malte au départ de Genève avec Air Malta.

Dormir

Guesthouse Mlini à Fontana (terrasse vue mer); Villa Bronja; Ta’ Matmura farmhouse.

Manger

Neolitik Kitchen & Lounge à Victoria; Country terrace à Mgarr; Qbajjar Restaurant (dominant la baie de Qbajjar).

A voir encore

Le sanctuaire de Notre-Dame de Ta’ Pinu; la vallée de Wied il-GhaGhasri; la baie de Dwejra.

 

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