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JE PARS À LA DÉCOUVERTE

Entre les lacs du Connemara

À l’ouest de l’Irlande, cette région a su garder son côté sauvage et tourmenté.

De la taille du canton du Jura, le Connemara est une région géographique de la côte ouest de la République d’Irlande, comprenant l’ouest du comté de Galway et le sud du comté de Mayo. Parmi les sites irlandais, c’est l’un de ceux qui attirent les visiteurs pour son côté sauvage et pour la gentillesse de ses habitants. Nous sommes dans le Gaeltacht, nom donné aux régions où est maintenue la culture gaélique.

On appelle Gaeltacht, là où la population peut changer d’idiome sans hésitation du gaélique à l’anglais et vice versa. A cela s’associe la promotion culturelle de la musique locale, de la poésie, et de l’artisanat. Le Gaeltacht du Connemara est le plus important de l’Irlande. Sous l’impulsion du 3ème président républicain Éamon de Valera. Dès 1959, il fut institué, des stages obligatoires des écoliers dans les Gaeltacht pour les familiariser avec leur culture d’origine.

Résidence gaullienne
CashelHouse1
Dans le petit village côtier de Cashel, le manoir éponyme a connu ses heures de gloire. C’est là que, après avoir remis sa présidence, le général de Gaulle s’est retiré au calme avec son épouse Yvonne en 1969. Cet établissement est un hôtel de charme depuis 1840, ayant vue sur l’océan. Il associe le confort de ses chambres de style victorien, dont certaines donnent sur un jardin botanique, et  une cuisine raffinée digne d’un étoilé Michelin. Le chef Thomas Molly ne sert que des produits naturels, dont les légumes bios du jardin et les fruits de mer du port voisin (homards, coquilles St Jacques, turbots et, bien sûr, saumons). La ferme voisine lui livre de l’agneau de pré-salé.
Photo © Cashel House

Le Connemara contredit  l’image d’une Eire toujours verte. On y trouve bien de petits pâturages entourés de murs en pierres, comme un peu partout dans l’ouest.  De 1649 à 1653, les troupes d’Oliver Cromwell déportaient les Irlandais catholiques vers les terres arides et les forçaient  à construire ces enclos. La seule culture possible était celle de la pomme de terre que le mildiou détruisit à 40% des récoltes en 1845, ce qui entraîna une grande famine et une émigration massive. Mais, au centre du Connemara, la sky road traverse une vaste tourbière marécageuse qu’on appelle le bog, Tourism Irelandavec l’extraction des briquettes de tourbe qui servent encore de combustible, donnant une odeur caractéristique dans les chaumières. Dans le bog, l’herbe se fait rare et prend une teinte parfois brune (la terre brûlée de la chanson de Sardou). Le brouillard y est rarement tenace en raison du vent dominant venant du large, et les éclaircies peuvent être d’une lumière parfois violente. Des bourrasques chassent les chapelets de nuages qui défilent à grande vitesse, traînant des taches d’ombre ou de clarté sur les Douze Bens et les Maamturks, ces sommets qui dominent majestueusement les lacs et les rivières. Ces lieux ont inspiré les cinéastes John Ford (L’homme tranquille), Yves Boisset (Un taxi mauve) ou encore David Lean (La fille de Ryan).

Côte sauvage
Maam Cross est le croisement des chemins où il faut se décider à aller vers Leenane, Oughterard ou la baie de Galway. Le choix se fera pour  la route côtière en lacets qui offre une grande variété de paysages enchanteurs inspirant bien des peintres. Au détour de chaque virage, ce sont des criques rocailleuses, des plages solitaires, des petits ports de pêche où, avec un  peu de chance, on trouve encore des carraghs, ces barques traditionnelles aux coques goudronnées. Les villages rivalisent de charme, comme Roundstone qui, avec son port de pêche, son atelier d’instruments traditionnels, la plage de sable blond de Gurteen, et l’ile voisine d’Inishnee, reliée par un pont de pierre, a été classé parmi les plus beaux villages du Connemara. Ballyconneely  est un autre bon exemple avec ses quelques cottages épars, et, surplombant le petit port, la fumerie de saumon de la famille Roberts

La fête au pub
Cashel, County Tipperary, Ireland. Mickey Ryan's Bar. Music Session.

Certains endroits donnent l’impression de se trouver au bout du monde, comme à Carraroe où j’ai eu vent d’un événement musical au pub An Cistin dès 21h00. Sur place, à l’heure dite, rien que d’habituels piliers de bar. Serais-je bredouille ? 21h20: un homme entre, un étui sous le bras et s’installe au fond de la salle. Il accorde un banjo. Arrive un violoniste. Ils entament une Gigue quand d’autres musiciens, un à un, les rejoignent (accordéon, flûte, bodhrán etc.). 21h50: le pub est plein à craquer. On écarte tables et chaises et c’est la fête, filles et garçons de tous âges se lancent dans de savantes danses traditionnelles. J’ai gagné ma soirée et mon séjour. Ce genre d’événement ne figure dans aucun programme. Il dépend de la pêche ou de la moisson.

Au royaume de la pêche
Nombreux sont ceux qui vont tenter la pêche miraculeuse dans les lacs et rivières du Connemara et, en particulier les adeptes de la mouche.  Beaucoup de rivières, dont la bucolique Erriff, y sont convoitées pour leurs saumons. Les paysans s’intéressent souvent aux prises des visiteurs et, en cas de dépit, y vont de leurs commentaires « vous êtes au bon endroit, mais cette année, on n’avait jamais connu ça, trop de vent, trop de pluie, etc. ». Si votre intention est de partir pêcher le saumon, restez modeste et appréciez plutôt, le paysage et la belle nature environnante. Prendre ne serait-ce qu’un saumon sera l’ultime récompense. Un jour, le barman du Keogh’s Pub à Ballyconneely ayant découvert que j’étais francophone me racontait qu’un Français venait régulièrement pêcher dans le coin en précisant : « On m’a dit que c’était un chanteur français. Je crois qu’il s’appelle Pierre Perret. Il fait fumer ses prises chez les Roberts.»

Les îles d’Aran
IrelandCet archipel est une fascination pour qui a vu le documentaire L’homme d’Aran décrivant la dure vie des pêcheurs et de leurs familles. Sa réputation s’est aussi faite par les Aran sweaters, ces pulls et  cardigans de laine vierge que les femmes d’Aran tricotent en points de mûre et qu’ont arborés bien des chanteurs irlandais. Sur l’île d’Inish Mór, il faut aller voir le fort de Dun Aengus, construit par le peuple Fir Boig, antécédent aux Celtes, environ 200 ans avant J.C. Il se présente sous forme de plusieurs enceintes de murailles en demi-cercles. Les personnes en proie au vertige devront s’abstenir d’approcher la falaise qui le borde: il n’y a pas de garde-fou.

Texte Gérard Blanc
Photos Une et photo Pub © Tourism Ireland, autres photos © Chris Hill

Cet article a également été publié dans le quotidien La Liberté.

Infos pratiques

Y aller

Vol au départ de Genève ou Zurich pour  Dublin, puis location de voiture pour traverser l’Irlande.

Dormir

Abbeyglen Castle à Clifden, Errisbeg House à Roundstone, Carraroe Hotel.

Pubs

Teach Nan Phaidaig à Inish Mór (île d’Aran), O’Dowsd’s à Roundstone, Keogh’s à Ballyconneely.
Derryclare Lough- Gardiner Mitchell (1)
Photo © Gardiner Mitchell

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