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Morat, la médiévale

Certes, Morat (Murten) se targue d’être une ville vivant dans le présent, mais tout en revendiquant ses origines historiques glorieuses  avec un brin de solennité, d’où la célébration portant ce nom en commémorant la victoire des Suisses contre l’armée de Charles le Téméraire en 1476.

Ville fortifiée, Morat a ce côté particulier d’être une ville de confession protestante et de langue alémanique (le bernois) dans un canton (Fribourg) à majorité catholique et francophone. _MG_7326Grâce à des dispositions très strictes de protection du patrimoine, il lui fut possible de préserver le caractère authentique de son centre historique.
Elle est devenue la coqueluche de beaucoup de Bernois qui l’ont choisie comme lieu de résidence principale ou secondaire sur le pourtour de son lac depuis la construction de l’autoroute A1 qui la relie aux villes environnantes.
Dès les beaux jours, les cafés sous les arcades à la Zähringen, de part et d’autre de la rue principale, ne désemplissent pas et il en va de même en contrebas, à l’embarcadère, où les files d’attente s’apprêtent à embarquer à bord d’un bateau qui les entraînera pour un tour du lac de Morat ou des trois lacs (Morat, Bienne et Neuchâtel). Au port de plaisance, les amarrages s’achètent à prix d’or pour les nombreux amateurs de voile.  Sur la grève, c’est, les jours fériés, le va-et-vient des promeneurs qui, aux cris des mouettes, des canards et de poules d’eau prennent le frais et le soleil. _MG_7296Mais l’attraction première est celle des remparts qui, tournés vers l’est, font face à la colline du Bodemünzi, sur laquelle se massaient les troupes de Charles le Téméraire avant l’attaque de la ville. A leurs pieds, de véritables œuvres d’art sont des jardins privés. Si vous montrez patte blanche, les propriétaires vous laisseront les admirer avec une fierté non dissimulée. Ces remparts sont pris d’assaut par les familles et l’imagination des enfants va bon train, consciente ou non de ce qu’ils ont représenté au fil du temps.

Retour sur histoire
Il faut remonter à 1170, année de la construction de la ville de Morat par les ducs de Zähringen. Ils furent fondateurs de 12 autres villes tant en Suisse qu’en Allemagne,  dont Fribourg, Fribourg en Brisgau, Berne, Burgdorf, Rheinfelden, Thoune, etc. Les ducs de Zähringen revendiquaient alors le fief impérial et voulaient placer Morat à l’avant-poste de leur frontière la plus occidentale. Après l’extinction de la maison des Zähringen, en 1218, Morat se dota d’un mur d’enceinte, toujours debout, côté campagne.  En 1255, la ville s’assura la protection de la maison de Savoie, protectorat qui ne fut interrompu que par une brève période de domination habsbourgeoise. Avec d’habiles alliances, Morat renforça sa position politique et militaire et en domina les villages voisins. Comme beaucoup de villes médiévales construites en bois, elle n’échappa pas aux incendies dont le plus ravageur fut celui de 1416 qui incita la ville à la reconstruction des maisons en pierre. Grand bien lui en pris, car c’est une soixantaine d’années plus tard qu’elle dut subir le siège des troupes de Charles le Téméraire. Grâce à l’aide des troupes confédérées, les Bourguignons furent trucidés et repoussés dans le lac. On raconte que, les jours d’été, le sang des Bourguignons remonte à la surface. Ce n’est  qu’une algue de couleur rouge mais l’événement n’en est pas moins glorieux pour être marqué dans les livres d’histoire associée aux deux autres défaites du duc de Bourgogne à Grandson et à Nancy. A l’issue de la bataille de Morat, l’un des victorieux Confédérés courut annoncer la bonne nouvelle à Fribourg en brandissant un rameau de tilleul arraché sur le champ de bataille. Ce rameau donna naissance à un tilleul toujours présent au centre de la ville, à l’endroit où le messager mourut d’épuisement après avoir parcouru 6 km et 400 mètres. Pour commémorer cet exploit, la course à pied Morat-Fribourg, qu’on pourrait qualifier de semi-marathon, a lieu chaque année depuis 1907. La célébration de la bataille de Morat donne aussi lieu, chaque année, à une célébration portant le nom de « Solennité »,  marquée par un cortège de jeunes filles vêtues de blanc et de jeunes « cadets » en uniforme kaki. A cette occasion, et pour affirmer les traditions historiques, un concours de tir à l’arbalète est organisé. Lors des jubilés, la parade est agrémentée d’un défilé de chevaliers en armures et de paysans en costumes du Moyen Age.

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Morat et le protestantisme
La Réforme venue de Berne fut adoptée à Morat en 1530, ce qui déclencha de fréquentes querelles entre Fribourg et Berne. Au cours des deux guerres de Villmergen, il fut décidé que les écoles et l’église étaient administrées par Berne, alors que les affaires militaires étaient sous la direction de Fribourg. Avec l’influence culturelle de Berne, l’allemand prit le dessus sur le français. De nombreux réfugiés huguenots débarquèrent à Morat et participèrent au développement du commerce, de l’artisanat et de l’agriculture – notamment la viticulture ainsi que les cultures céréalières et tabacoles.

Morat et la Révolution
La Révolution française inaugura une ère nouvelle pour la région de Morat. Après la prise de Fribourg en 1798, Berne voulut faire front à l’armée révolutionnaire française. Mais les Moratois virent avec déception les troupes bernoises se retirer sans combattre, laissant leur ville aux mains de l’assaillant. Par la suite, différentes armées se succédèrent. Les luttes interminables contre le régime patricien et clérical fribourgeois qui s’ensuivirent éveillèrent chez les Moratois une opinion partisane radicale.

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Vers la modernité
Désavantagée par le tracé de la ligne de chemin de fer Lausanne-Berne via Fribourg, Morat ne connut pas l’ère de grands développements économiques du début du 19ème siècle. Si le raccordement à des lignes ferroviaires régionales et l’établissement d’une fabrique de montres de moyenne importance conduisirent à l’extension de la ville, les activités économiques de Morat restèrent confinées à sa région périphérique jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Finalement, cette évolution lui fut favorable dans la mesure où, dans l’après-guerre, Morat connut un nouvel essor économique. Des quartiers résidentiels se construisirent et l’industrie et l’artisanat se développèrent. Avec son raccordement à l’autoroute A1, dont le tracé préserva le paysage, Morat est sortie de son isolement relatif par rapport aux centres urbains voisins. L’Expo nationale suisse qui s’est tenue en 2002 dans les villes de Bienne, Morat, Neuchâtel et Yverdon-les-Bains dota Morat de deux attractions dont un monolithe érigé dans les eaux du lac de Jean Nouvel, lequel a été retiré en 2003, et le mésoscaphe du professeur Piccard ouvert à la visite de son intérieur par le public. Depuis, le tourisme s’est largement développé et a, lui aussi, largement contribué à l’essor économique de la ville. Enfin, avec la modernité, les vieilles querelles culturelles (linguistiques et religieuses) se sont tues et l’enseignement a été déclaré officiellement bilingue.

Gérard Blanc, textes et photos

Infos pratiques

Renseignements

www.regionmurtensee.ch

À voir encore

Le Musée historique et, à proximité, le Mont Vully, sur la rive occidentale du lac avec les vignobles de Praz et de Môtier, le papillorama de Chiètres et la ville romaine d’Avenches.

À faire

Visite de Morat théâtralisée bilingue, organisée par le musée historique de Morat en collaboration avec l’office du tourisme.

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