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JE PARS À LA DÉCOUVERTE

Le Rif occidental marocain

Terrasse avec tapis

Avec la Méditerranée à l’est et l’Atlantique à l’ouest, la pointe occidentale du Rif est une région méconnue. Deux coups de cœur: Assilah et Chefchaouen.

Au Maroc, la région du Rif fait peu parler d’elle, et c’est bien dommage, car elle renferme des trésors d’art, d’histoire, d’architecture et de paysages.

Le Rif est une chaîne de montagnes aux aspects verdoyants avec des rivières qui n’ont rien des oueds du sud, et dont le plus haut sommet ne dépasse guère les 1500m. d’altitude. L’attraction première est le brassage des populations qui composent aujourd’hui celles de Tanger et de Tétouan. Plusieurs facteurs historiques l’expliquent, comme la déportation des Juifs séfarades (1391 à 1492) sur l’ordre des rois catholiques espagnols; l’expulsion des «morisques» (musulmans convertis au christianisme) par Philippe III d’Espagne (1609); le protectorat espagnol (1912 à 1958) et la déclaration de Tanger comme ville internationale administrée par la France, l’Espagne, le Royaume-Uni, le Portugal, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas, la Suède et même les États-Unis jusqu’en 1956. Dans les rues de Tanger et de Tétouan, on voit toujours les noms des ancêtres espagnols sur les enseignes des cafés et des boutiques dans les médinas. La population est rompue à la langue de Cervantès, l’espagnol ayant été la langue enseignée jusqu’en 1977 !

Fortification

Une métropole cosmopolite
Depuis le littoral, il est fréquent de voir les côtes de l’Espagne, lesquelles ne sont séparées du Maroc que de 18 km. C’est cette proximité qui a fait de Tanger et des villes avoisinantes des positions stratégiques contre les multiples tentatives d’invasions espagnoles. Tanger et les ports voisins restent indélébilement gravés dans la mémoire des voyageurs comme la transition entre l’Europe et l’Afrique.Après la Première Guerre mondiale, elle fut dotée d’une assemblée législative internationale qui engendra l’éclosion d’une richesse culturelle avec la venue de célèbres artistes, comme Delacroix, Camoin ou Matisse, tous attirés par son charme pictural. Les souvenirs de l’époque internationale sont encore présents, non seulement dans la nouvelle ville où les noms des rues et des places rappellent les capitales européennes, mais aussi des quartiers résidentiels restés intacts, comme, par exemple, le quartier résidentiel américain.

Homme qui marche dans une ruelleBabouches, épices et brocante
Dans les villes anciennes (médinas), les communautés juive et musulmane se côtoient en bonne intelligence, preuve en sont la rue de la Synagogue de Tanger ou encore la synagogue Bengualid de Tétouan qui se visite. Tétouan compte encore beaucoup de descendants des réfugiés d’antan. D’une médina à l’autre, les boutiques des souks du Rif se suivent et se ressemblent. Ici, la brocante s’étend sur plusieurs étages. On y trouve aussi bien des miroirs en arabesque que des vieux mousquetons ou des tableaux de fantasia; là des étalages bigarrés de babouches, de coutelas aux pommeaux ciselés, de tapis, de tissus ou de maroquinerie; là encore un marchand d’épices peu commun qui vous vendra (produits naturels garantis) aussi bien des dérivés de l’arganier que du ras el hanout (mélange d’épices, essentiel pour le couscous). Dans ces médinas on prend conscience de la valeur ancestrale de l’artisanat en voyant à l’œuvre un couturier à Tanger, un poissonnier de rue à Tétouan ou, encore, un boulanger enfournant ses pains dans un four banal à Chefchaouen. Les ruelles étroites rappellent les traboules lyonnaises.

Une femme et un homme dans un atelier de couture marocain

Assilah l’artiste
Même s’il ne reflète pas l’entière vérité, le film Le lion et le vent avec Sean Connery dresse un portrait vivant de ce personnage sulfureux que fut El Raissouni, chef de bande et pirate. C’est à Assilah, à environ soixante kilomètres au sud-ouest de Tanger, qu’a été érigé le palais du héros légendaire. Mais sortons un peu d’un rêve pour nous plonger dans un autre, celui de ces façades immaculées de la partie piétonnière. Assilah est une superbe ville intra-muros qui attire les amateurs de belles images avec sa ligne de remparts en bordure de mer, ponctués par des tours et des portes, telle la Borj Al Qamra, tour datant de la colonie portugaise et du haut de laquelle on bénéficie d’une superbe vue sur la grande mosquée blanche aux portes vertes. Cette ville se consacre à l’art pictural avec tout un programme de manifestations, tel le festival de peintures murales, de toute beauté, art libre sur les murs blancs. Assilah est le rendez-vous des peintres, des sculpteurs, des plasticiens, des écrivains et des musiciens à l’occasion d’un moussem international (festival culturel). Ce goût pour les arts se développe dès l’enfance à Assilah. Au centre de rencontres culturelles Hassan II, les bambins s’initient à toutes les formes d’art. «C’est notre meilleur rempart contre l’obscurantisme», confesse Tajeddine Baddou, ancien ambassadeur du Maroc au Canada et directeur du festival de musique sacrée de Fès.

Ruelle bleue et blanche marocainePlongée dans la Grande Bleue
Au détour d’un virage, c’est une peinture impressionniste qui claque au visage avec cette médina toute en bleu accrochée à la montagne. Nous sommes à Chefchaouen, à environ soixante kilomètres au sud de Tétouan. L’origine de ce badigeonnage vient de la communauté juive de jadis qui voulait chasser les mauvais esprits. La tradition, d‘abord réservée à un petit quartier de la ville, s’est étendue à toute l’agglomération. Le bleu est partout, même sur les revêtements des  rues  piétonnières  (véhicules  à  moteur  interdits) et donne à cette ville tout son caractère. Le badigeonnage de ce mélange d’indigo et de chaux a lieu quatre fois par an lors des principales fêtes religieuses. Chefchaouen est aussi un lieu de pensée soufiste, une forme de sagesse et de philosophie pacifiste de l’islam. A l’instar d’Assilah, Chefchaouen est également la ville des peintres et accueille des caricaturistes et les photographes du monde entier à l’occasion d’un festival.

Texte & Photos Gérard Blanc

Infos pratiques

Renseignements

Office national marocain du tourisme, www.visitmorocco.com.

Vol

Genève-Casablanca-Tanger avec Royal Air Maroc.

Hôtel coup de cœur

Le riad Meziana à Chefchaouen, www.riadmeziana.com.

Restaurants

Le Hammadi à Tanger; l’Aladdin à Chefchaouen; l’Andaloussi à Assilah.

A voir encore

A Tanger, la grotte d’Héraclès, dont l’orifice rappelle une carte de l’Afrique; le musée de la Légation américaine à Tanger. La région de Chefchaouen se prête idéalement aux randonnées en montagne avec logement chez l’habitant.

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