Touristes, si vous saviez...
CONSEILS AUX VOYAGEURS

DFAE : À propos de conseils sécuritaires

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) publie régulièrement sur son site Web des informations dans la rubrique des «conseils aux voyageurs» qui, bien souvent, font office de parole biblique et peuvent parfois involontairement rayer de la carte touristique certaines destinations. A tort ou à raison, on pourrait avoir tendance à considérer que le seul fait de posséder un passeport rouge à croix blanche, donne lieu à une protection universelle et sans limite. Afin d’y voir plus clair, nous nous sommes parfois fait l’avocat du diable en interviewant l’ambassadeur Ralf Heckner.

Ralf Heckner

Je pars: Sur quels critères le DFAE se base-t-il pour indiquer sur son site les lieux à proscrire pour les voyageurs?
Ralf Heckner: Les conseils aux voyageurs donnent des informations sur la situation sécuritaire à l’étranger et ne mentionnent que les lieux/régions où il existe des risques particuliers. Les voyages y sont déconseillés si la situation y est jugée particulièrement dangereuse. En revanche, un pays tout entier ne sera déconseillé comme destination de voyage que si les structures de l’Etat ne fonctionnent pratiquement plus ou s’il existe un risque que l’ordre étatique s’effondre prochainement, ou encore si les voyageurs courent de graves dangers du fait de la conjonction de plusieurs risques ou si certains événements aux conséquences exceptionnelles font qu’un voyage ne semble pas indiqué.

JP: Comment expliquez-vous que, parfois, les informations des sites d’autres pays (Quai d’Orsay, etc.) puissent diverger de celles du DFAE?
RH: Le DFAE est au courant des conseils aux voyageurs prodigués par les pays voisins. Dans chaque pays, différents critères entrent en ligne de compte lorsqu’il s’agit de déconseiller une destination. En ce qui concerne la Suisse, ceux-ci sont détaillés dans Les conseils aux voyageurs en bref. Voir: www.dfae.admin.ch/voyages

JP: Les informations sont-elles 100% fiables ou peuvent-elles être sujettes à interprétations? (p. e. je rentre de la région des Carpates polonaises, votre site indique que les routes y sont chaotiques, or j’ai été agréablement surpris du contraire. On m’a m expliqué que ces routes étaient le résultat de l’entrée de la Pologne dans l’UE)?
RH: Le DFAE est conscient du fait que les besoins en termes de sécurité et les perceptions peuvent varier selon les lecteurs et leurs expériences. L’interprétation personnelle d’un texte par un lecteur ne peut jamais être exclue.

JP: Jusqu’à quel point les citoyens suisses sont-ils pris en charge dans un pays en cas de problème? Quelles sont les exceptions? Nous sommes d’accord que le DFAE ne paie pas de rançon, mais à quel niveau intervient-il?
RH: Pour le DFAE, l’assistance aux ressortissants/es suisses qui sont en difficulté à l’étranger constitue une priorité très importante. Les représentations suisses viennent en aide aux ressortissants/es suisses à partir du moment où ils ne parviennent pas régler leurs difficultés par leurs propres moyens. Dans les régions en crise, les protagonistes locaux du conflit refusent souvent au personnel des représentations suisses l’accès à ces zones et rejettent toute intervention. Pour la Suisse, il est de ce fait très difficile, voire impossible, de porter assistance à ses ressortissants.

JP: A quel niveau les citoyens suisses doivent-ils être jugés comme responsables financièrement? On se souvient de l’incident de l’avion qui avait dû atterrir de force à Bagdad lors de la guerre du Golfe.
Les passagers avaient été pris en otage par Saddam Hussein. Un avion avait spécialement été envoyé pour les rapatrier en Suisse. Dans un tel cas, les passagers ont-ils dû payer une contribution et si oui, pourquoi?
RH: En vertu de la loi, les prestations relevant de la protection consulaire sont en principe facturées. Dans certaines circonstances (crimes graves, enlèvements), les émoluments peuvent être remis ou réduits ou un sursis peut être accordé. Pour l’évaluation des émoluments, il est tenu compte du degré de responsabilité personnelle (par ex. en cas de négligence).
Le fait d’avoir observé ou non les conseils aux voyageurs du DFAE entre également en ligne de compte.

Gérard Blanc

Le site de recommandations du DFAE

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