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JE PARS À LA DÉCOUVERTE

Les ocres provençales du Luberon

Cette réplique fidèle de la Provence profonde possède des trésors d’histoire, mais aussi de lumières, d’images, de senteurs de lavande et de thym et de chant des cigales : « Vé! la Grande baleine bleue s’est fait une bôté aujourd’hui ! ». La Grande baleine bleue, c’est la montagne oblongue qui, entre le pays de Jean Giono et celui de Mistral profite du soleil clément de Provence et prend, la forêt aidant, une teinte bleutée tirant sur l’émeraude selon la lumière ambiante. Le Luberon s’enorgueillit du classement officiel mérité des « plus beaux villages de France ».

Impossible de décrire tous les villages du Luberon tant ils sont nombreux à posséder ce charme qui leur a valu la distinction de «plus beaux villages de France». Je me concentrerai donc sur ceux qui m’ont le plus marqué.

Géographie
Le Luberon se décline en Petit et Grand Luberon au sud (la petite montagne) avec une descente en pente douce vers la Durance, et le Nord Luberon, pays des villages perchés entre Avignon, Cavaillon et Manosque. Attention de bien prononcer le nom quand vous vous y rendrez, sinon, comme moi, vous vous ferez remettre gentiment en place: «Non Môssieur, on ne dit pas Lubéron mais Lubeûron».

Vue sur le Luberon depuis Les Beaumettes (84)

Le nord
Cette région  reflète fidèlement l’ambiance décrite avec humour dans le best-seller Une année en Provence par l’Anglais Peter Mayle. Elle se situe entre le Petit et le Grand Luberon et les Monts de Vaucluse. Le paysage se compose de collines, de petits cours d’eau, de champs d’oliviers, de melons ou de lavande, avec, parfois, des cônes géologiques qui rappelleraient ceux des parcs nationaux de l’Ouest des USA. L’une des particularités est,  à l’instar de l’arrière-pays niçois, ses villages perchés sur des pitons rocheux dont le meilleur exemple est celui de Gordes. Gordes2Les fans de photo choisiront le début de soirée pour mitrailler ce site médiéval présentant son meilleur profil au soleil couchant. Son alter ego est le village de Roussillon dont la grande particularité est son parcours pédestre de l’ocre, la roche qui a colorés bien des maisons provençales. Un must est aussi l’Isle-sur-la Sorgue, une petite Venise dont le charme est ses quais au bord de la rivière, jalonnés de petits restaurants servant des produits du terroir.

Le préféré d’Albert Camus
Si l’un des villages du Luberon devait avoir ma préférence, ce serait Lourmarin. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard qu’Albert Camus y ait, un temps, élu domicile. C’est une bourgade paisible, un havre de verdure qui sent bon la Provence avec ses ruelles ombragées en colimaçon menant à l’éperon rocheux du « Castellas »  et la « Boîte à sel », un beffroi bâti sur l’assise d’un ancien château médiéval. Lourmarin possède un caractère qu’on aimerait garder intact avec de multiples fontaines, la place de l’Ormeau et ses commerces, la rue Philippe de Girard (inventeur de la machine à tisser le lin), etc. La visite se conclura par le parcours du chemin des Remparts.

Des villages sur la colline
C’est chaque fois le même enchantement quand, au détour d’un virage du Petit ou du Grand Luberon, on voit apparaître l’un de ces nombreux villages avec les fameux vieux toits de tuiles rondes, une bastide et une église romane trônant au sommet. Mirabeau-en-Provence et ses quelques 1400 habitants est dominé par le château de Fontenelle (16e s.) avec quatre tours rondes aux angles et un toit en éteignoir. Au même titre que Lourmarin, La Tour d’Aigue et Ansouis sont des villages historiques classés. Ansouis déploie ses maisons en hémicycle sur le versant sud d’une butte qui le protège du mistral. Bonnieux est l’un des plus beaux villages perchés sur le versant nord du Petit Luberon. Il fut jadis le fief d’une commanderie de Templiers. Lacoste est dominé par les ruines d’un château qui fut la propriété du Marquis de Sade. Dans le village de Buoux, à la sortie de la combe de Lourmarin, on trouve quelques 200 tombes rupestres creusées à même le roc.

Insolite
L’une des attractions les plus étonnantes d’Ansouis est le « Musée extraordinaire », sorte de maison de Tartarin de Tarascon. Il est la création de Georges Mazoyer, artiste peintre passionné des fonds sous-marins et collectionneur  d’une quantité incroyable de coquillages et d’objets marins récoltés au cours de ses voyages dans les mers du Sud. Le plus extraordinaire est la « caverne bleue », la réplique d’un récif corallien et les sculptures en béton d’animaux marins qui ornent l’entrée du musée.

Histoire de persécutions
Le riche marchand lyonnais Valdès fut au XIIème siècle un hardi précurseur de la Réforme en prenant l’initiative de prêcher la bible telle qu’elle était écrite. Ceci lui valut l’excommunication. Ses adeptes qui prirent le nom de Vaudois vécurent dans le Luberon où leur histoire est omniprésente. Solides paysans, les Vaudois acceptèrent de travailler la terre aride pour l’intérêt des seigneurs de la région, qui se souciaient peu de leur croyance. Les Vaudois y menèrent une vie paisible, sachant se cacher pour vivre leur foi jusqu’en 1530 où l’inquisiteur Jean de Roma intensifia leur persécution. Des villages furent incendiés et des habitants massacrés. Beaucoup d’entre eux émigrèrent dans le Val d’Aoste, ce qui explique le français qu’on y parle.
En 1215, le concile de Latran mit en place un ensemble de règles à l’encontre des juifs jugés comme assassins du Christ. C’est en visitant la synagogue de Cavaillon qu’on apprend les contraintes appliquées à l’encontre des juifs qui furent reprises par le régime nazi, notamment le fait qu’ils devaient être distingués des autres personnes par le port d’une rouelle en tissu de couleur jaune.

Les châteaux du Sud-Luberon
OLYMPUS DIGITAL CAMERAC’est dans le Sud-Luberon que l’on trouve les plus beaux vestiges de l’histoire provençale. François 1er séjourna au château de Lourmarin en 1537, suivi, à une autre époque, de la comtesse d’Agoult, qui épousa Franz Liszt et dont la fille Cosima prit pour mari le compositeur Wagner. L’origine du château d’Ansouis remonte à 961. De forteresse classique, il se transforma en une élégante demeure ornée d’un jardin en terrasses.  Le château de la Tour d’Aigues possède d’imposants vestiges de l’époque Renaissance et abrite, outre un musée de faïences, le musée du Pays d’Aigues. Seuls les trois châteaux précités sont ouverts à la visite, mais de nombreux extérieurs valent le coup d’œil comme la bastide de Jourdans, le donjon du XIIème siècle de Cucuron, l’ancienne tour médiévale de Grambois, ou encore le donjon du XIIème siècle de Pertuis, seul souvenir des comtes de Forcalquier.

Texte Gérard Blanc
Photos (1, 3, 5)  © Gérard Blanc, (2) © LMV- Photo Ph. Giraud, (4) © OT Luberon

Chemin des ocres 2

Chemin des Ocres

Infos pratiques

Manger

Le café des Jeannes à Oppède-le-Vieux, Domitia aux Beaumettes, La Récréation à Lourmarin, la Balade des Saveurs, l’Isle-sur-la-Sorgue

Dormir

Mas de la Sénancole à Gordes, Les Sables d’Ocre à Roussillon, Mas d’Hubert à Cavaillon

À visiter encore

Le musée de la Lavande à Coustellet

Randos

Le sentier des Ocres à Roussillon, le tour du Luberon à vélo, les crêtes du Grand Luberon, la forêt des cèdres depuis Mérandol.

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