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EDITO, BRÈVES

Hotelplan Suisse et coronavirus : la limite de l’irresponsabilité

Très étonnant ce communiqué reçu aujourd’hui de la part du voyagiste Hotelplan :

« Malgré la décision prise aujourd’hui par le Conseil fédéral de classer la situation entourant le coronavirus comme « situation extraordinaire », conformément à la loi sur les épidémies, il est toujours possible de voyager avec Hotelplan Suisse pendant la situation dite d’urgence. Le Conseil fédéral a seulement recommandé aujourd’hui à ses citoyens de s’abstenir de voyager. Une interdiction n’a pas été prononcée. La situation de nos clients est actuellement très confuse. Pour le bien de nos clients, nous voulons obtenir du Conseil fédéral une clarification en ce qui concerne les voyages à l’étranger et le retour en Suisse, a déclaré Daniel Bühlmann, COO Hotelplan Suisse.  Les voyages à forfait vers un pays qui a imposé une interdiction d’entrée aux Suisses peuvent être annulés ou reportés gratuitement chez Hotelplan Suisse, et ce pendant la durée de cette interdiction. »

Analyse : Un tel message signifie que le groupe Hotelplan vendra des voyages jusqu’à ce qu’on lui interdise formellement de le faire. Cela veut aussi dire que, dans l’espace confiné des avions et dans les clubs de vacances ou hôtels, les Suisses pourront allègrement contaminer des personnes qui, jusqu’alors, échappent à la pandémie.

Certes, c’est dur pour le monde du tourisme dans sa globalité qui vit aujourd’hui un moment historique de perte de revenus, mais l’urgence n’est-elle pas de se battre pour endiguer au plus vite la propagation du virus ? Beaucoup d’entreprises ont pris des mesures drastiques, telles les compagnies aériennes qui, dans certains cas, ont réduit leur trafic de 70% à 90%, certaines d’entre elles au risque d’aller jusqu’à la faillite.

Solidarité : Donald Trump avait décidé de  fermer ses frontières aux Européens, à l’exception des Anglais et des Irlandais comme si ceux-ci ne pouvaient pas, eux aussi, propager le virus, mais non, ils sont sains, ce sont des anglophones, nos amis,  …   Cherchez l’erreur.  Il s’est heureusement repris le 15 mars en interdisant l’accès du territoire des USA également aux Anglais.  Avec la décision d’Hotelplan c’est un peu le même phénomène qui se produit,  alors que les cas se multiplient en Suisse. Peut-être considère-t-on dans les hautes sphères du groupe Hotelplan que « y’en a point comme nous ! » et que l’important est de ne pas nous faire contaminer à défaut de contaminer les autres.  Et pourtant, cette pandémie nous apprend que nous sommes avant tout des citoyens du monde et que ce phénomène touche toutes les femmes et tous les hommes et nous oblige à une solidarité.

Les professionnels : Mais il  a une autre solidarité à laquelle le groupe Hotelplan ne semble pas être sensible : celle des confrères (même des gros comme TUI qui suspendent leurs voyages) et surtout des petits et moyens voyagistes,  ceux qui tirent la langue et qui n’ont pas les réserves financières d’un grand groupe comme Hotelpan. Comme on l’imagine, ceux-là sont, à juste titre, très inquiets car il y va de leur survie.  Il est à craindre que ces voyagistes-là ne prennent la décision d’Hotelplan  comme un feu vert à vendre à nouveau des voyages, ce qui ne manquerait pas de créer une catastrophe.  Mais « point d’argent point de Suisse » comme le citait Jean Racine dans « Les plaideurs ». Dans un cynisme entendu maintes fois dans les bouches de plusieurs grands voyagistes par le passé : « C’est bien si les petits coulent, cela fera du ménage dans la profession … ».

Gérard Blanc

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2 Réponses à  to “Hotelplan Suisse et coronavirus : la limite de l’irresponsabilité”

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