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JE PARS À LA DÉCOUVERTE

Maroc : Fès, la reine des médinas

Un dédale de métiers
La ville de Fès intramuros des médinas, séparée de celle qu’on appelle la ville nouvelle, compte environ 350’000 âmes qui vivent en grande partie de l’artisanat et commerce. Avec sa grande bibliothèque ancestrale et son festival de musique sacrée, cela en fait l’une des villes marocaines les plus attachantes et authentiques.

Cette ville est un véritable enchantement, déjà pour la vue de cette immense marée de toits de la vieille ville qui s’offre aux yeux lorsqu’on grimpe sur les belvédères d’une des deux forteresses ou «borj» (nord ou sud). On prend alors conscience qu’à Fès deux médinas se juxtaposent : Fès El Jédid et Fès El Bali. Fès El Bali, est à l’est le quartier andalous, où vécurent pas moins de 800 familles andalouses sur la rive droite du fleuve Udwat al-Andalous au 9e siècle. C’est là où se concentrent encore aujourd’hui des ateliers d’artisanat. Comme toujours, il y a les ateliers prévus à la visite des touristes, mais d’autres peuvent également être découverts individuellement, à condition de se montrer très respectueux du travail en train de s’accomplir.

Intramuros
En parcourant les quelques 9500 ruelles des quartiers d’El Bali (ancien quartier juif) et d’El Jedid (jadis réservé aux familles riches et nobles) on découvre la vraie vie de la médina. Mais Fès est aussi et surtout une ville commerçante depuis des siècles. Chaque jour, les habitants de la nouvelle région de Fès-Meknès, qui compte aujourd’hui plus de deux millions d’habitants, y convergent pour y faire leurs achats. La variété des commerces y est exceptionnellement grande avec des étals toujours bien achalandés et réputés comme étant bien moins chers que ceux de la ville nouvelle et de ses supermarchés.

Les labyrinthes des médinas
Fes © Gerard BlancBien pardonnable est celle ou celui qui s’y perd, malgré plusieurs points de repères, immédiatement confondus car étant semblables les uns aux autres, qu’il s’agisse d’un magasin de babouches colorées, d’une vielle porte cloutée, d’une bijouterie ou d’un marchand de poufs. Un petit truc que m’a donné un conducteur d’âne qui se ménageait un passage avec sa monture en criant balek! (attention!): les axes où se trouve la circulation la plus dense mènent toujours à une porte quelconque de la périphérie, laquelle porte souvent un nom évocateur et permet de se repérer sur un plan.
Fort heureusement, un balisage par thèmes a été instauré à Fès, sinon, le risque serait grand de se perdre et surtout de manquer, par exemple, la mosquée de la Quarouiyne juchée en haut d’un grand escalier (entrée interdite aux non-musulmans, mais très belle vue de l’extérieur); la place Debbaghine, dont l’odeur qui en émane laisse à penser qu’on est proche du quartier des tanneurs; ou encore le marché d’El Attarine, fief des épiciers et superbement coloré. Tous les recoins de cette médina (classée patrimoine mondial de l’UNESCO) méritent qu’on s’y attarde. Une chose est sûre, les Marocains qui vous croiseront seront toujours prêts à se mettre en quatre pour vous aider, surtout lorsqu’ils auront repéré en vous une personne respectueuse qui, par exemple, demandera l’autorisation du sujet avant de prendre une photo ou retirera spontanément ses chaussures avant d’entrer dans une mosquée ou qui évitera toute tenue provocante.

Fes © Gerard Blanc

Les medersas
Fès compte environ onze palais appelés medersas, lieux centraux de la vie religieuse et politique de la ville dont certains ont été transformés en écoles coraniques, même si certains guides déclarent d’une façon erronée que toutes les medersas seraient des lieux d’enseignement du coran. En fait, elles étaient jadis construites pour loger les jeunes du monde entier qui venaient étudier à l’Université de Fès. La plus ancienne medersa date de la fin du 13ème siècle, neuf autres du 14ème et la dernière, celle de Cherratine, date du 17ème. Fes © Gerard BlancElles sont remarquables par leurs décorations en arabesques, et certaines sont dotées de moucharabiehs finement sculptés dans du stuc fait de poussière de marbre de Carrare et de blanc d’œuf, et de remarquables mosaïques. La plus spectaculaire est la medersa Attarine, une ancienne école coranique construite au 14ème siècle par le sultan mérinide Abou Saîd Othman. Elle fut nommée d’après le souk de parfums et d’épices attenant: le souk el-Attarine. A proximité se trouve l’université Khizanat Al-Quaraouiyine, fondée par Fatima el Fihriya au 9ème siècle, sous le règne de la dynastie idrisside. C’est la plus ancienne université au monde encore en activité et reconnue comme telle par l’UNESCO et plusieurs historiens. Mathématiciens (comme le Juif Ibn al-Yasmīne, inventeur du Triangle de Pascal), de nombreux théologiens de la tendance soufiste, et moultes autres personnalités littéraires y enseignèrent. Elle possède l’une des plus anciennes collections de livres dont des œuvres exceptionnelles, comme, par exemple, l’Evangile écrite en arabe datant du 14ème siècle et dont une copie aurait été offerte au pape Jean-Paul II.

La Nejjarine
Parmi les nombreuses places des médinas de Fès, la plus spectaculaire est la place Nejjarine  qui se trouve dans le quartier des menuisiers. Elle se distingue tout d’abord par sa superbe fontaine de mosaïques, mais aussi par son fondouk, ancien hôtel du 18ème siècle, remarquable par la finesse de ses moucharabiehs et restauré et transformé en musée de boiseries.

La ronde des métiers
Les rues grouillent d’animation avec les milliers d’étals et de boutiques de babouches, d’articles en cuir, de quincaillerie et de plateaux en cuivre ou en étain, de produits maraîchers, de poissons, de fruits et légumes, de pyramides de dattes, de gigantesques mottes de beurre rance, de pains de sucre et d’étoffes multicolores, et, le nec plus ultra, une armée d’artisans. Difficile parfois de se diriger vers les bons endroits, comme les quartiers des potiers, chaudronniers, des teinturiers ou des tanneurs. Là encore, la politesse paie et les artisans seront prêts à vous faire faire le tour du propriétaire si vous leur demandez aimablement. Les corporations sont regroupées dans des quartiers qui leurs sont attribués. L’eau a été souvent un facteur déterminant pour ce choix, car sans elle, leurs métiers, et particulièrement ceux des tanneurs et des teinturiers, ne seraient pas réalisable. Ils sont donc installés le long de l’oued Fès descendu de l’Atlas, qui, lui aussi, a son histoire que l’UNESCO réhabilite par tout un programme de restaurations originales notamment à la place Bab El R’cif. Son eau est accessible gratuitement à tous les artisans.
Ce qui a fait la renommée du quartier des teinturiers est cette laine soyeuse incomparable venant des troupeaux ovins de l’Atlas, et dont les couleurs bigarrent les bambous sur lesquels ils ont été accrochés pour sécher avec tout un éventail de pigments (garance, indigo, henné, antimoine, etc.). C’est cette laine légèrement grasse qui, tricotée en vêtement, rend ce dernier particulièrement chaud voire presque imperméable. La suite logique des ateliers de teinturerie est celle des tanneurs, car après la tonte des moutons, ce sont les peaux qui sont traitées pour ensuite suivre le chemin des maroquineries et arriver sur les étals sous forme de babouches, de sacs à main, de portemonnaies, de porte-documents, etc. Mais les ovins ne sont pas les seuls à prendre le chemin des tanneries, car les peaux de chèvres et de vachettes et même de dromadaires y sont également traitées. Dans le quartier des chaudronniers et autres fabricants d’objets en cuivre ou en laiton, c’est un tintamarre de marteaux cognant le métal, parfois même au rythme d’une chanson à la mode. Le résultat est tout une variété de théières, de bouilloires, de couscoussiers, etc. Les potiers, quant à eux, se trouvent extramuros, déplacés en raison des risques de pollution etRiad - Fès d’incendie qui pourraient être propagés par les fours.

Les riads
Fès est peut-être la cité marocaine où on compte le plus de riads, ces petits palais ayant appartenu à de riches commerçants, lesquels bénéficiaient d’entrées dérobées donnant sur des ruelles étroites, non par peur, mais par discrétion et par respect des classes sociales pauvres, afin de ne pas créer de jalousie. Au début des années 60, plusieurs de ces palais furent transformés en restaurants, et les entrées dérobées ont été réaménagées avec des portes somptueuses, et, parfois, un accès sur les grandes artères après de savants aménagements.

Texte et photos Gérard Blanc

Infos pratiques

Y aller

Genève-Casablanca-Fès avec Royal Air Maroc.

Loger

Riad Braya, Riad Rcif, Riad Jamai.

Manger

Riad Dar Zyriab (également cours de cuisine), Riad Fès Maya (avec terrasse sur les toits), le Tarbouche.

Contact

https://www.visitmorocco.com/fr

 

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